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Budget : l’Ontario veut explorer, mais pas nécessairement pour les minéraux critiques

Du cuivre minéralisé.

L'Ontario considère le cuivre comme étant un minerai critique. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé

Dans son budget 2023, le gouvernement Ford mise sur le Nord de l’Ontario en ajoutant 3 M$ au programme de soutien aux petites entreprises d’exploration minière (POAPSEM).

Le programme, qui bénéficiait déjà d’une enveloppe de 10 M$ annuellement, a permis à une cinquantaine d’entreprises d'accéder à un financement de 200 000 $ pour des projets d'exploration ou d’exploitation de minéraux critiques et précieux depuis 2021.

Même si le programme compte un volet de 4 M$ spécifiquement alloué aux minéraux critiques, la grande majorité des bénéficiaires de 2022 sont des entreprises spécialisées dans la recherche d’or.

Avec cette bonification, le budget du POAPSEM s’élève maintenant à 13 M$. La somme affectée au volet des minéraux critiques, elle, demeure inchangée à 4 M$.

Selon le porte-parole de Mines Alerte Canada, Jamie Kneen, la profitabilité de l’or explique l’investissement accru dans l’exploration minière en Ontario.

« L’objectif ultime du gouvernement Ford est de promouvoir le développement minier, en évoquant les minéraux critiques et la transition énergétique pour faciliter les relations publiques. »

— Une citation de  Jamie Kneen, porte-parole de Mines Alerte Canada

L’entreprise First Class Metals, qui explore plusieurs gisements proches du lac Supérieur, a bénéficié du POAPSEM en 2022.

On a vraiment mis l’or en avant-plan dans notre application pour cette subvention gouvernementale, précise le président-directeur général de l’entreprise, James Knowles.

Deux hommes en train de faire un trou dans la glace.

First Class Metals est une entreprise anglaise explorant plusieurs gisements proches du Lac Supérieur.

Photo : First Class Metals

Il ajoute que les résultats de l’exploration étaient satisfaisants, et que First Class Metals espère continuer de recevoir un financement du POAPSEM cette année.

Basé au Royaume-Uni, M. Knowles affirme connaître peu de juridictions aussi généreuses que l’Ontario en matière d’exploration minière.

Chaque dollar compte

L’annonce budgétaire réjouit le président de l’Association des prospecteurs de l’Ontario, Garry Clark.

Nous sommes dans un bon cycle pour le prix des métaux actuellement, et il y a plusieurs projets d’exploration dans la province qui ont besoin de soutien, opine-t-il. Chaque dollar compte pour faire avancer ces projets.

De l'équipement de forage sur une colline dans une forêt.

Le forage permet de détecter la quantité et la qualité des minéraux qui se trouvent sous terre. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Shane Fowler

Si le programme semble favoriser les projets d’exploration liés à l’or, c’est que l’exploitation de ce minerai comporte moins de risques, selon lui.

« Tout le monde sait ce qu’est et ce que vaut l’or. Par contre, si on est à la recherche de lithium, il faut faire beaucoup de travail pour convaincre le public. »

— Une citation de  Garry Clark, président de l’Association des prospecteurs de l’Ontario

M. Clark rappelle que l’exploration se fait en plusieurs étapes. Il faut faire une découverte initiale, de nombreux travaux de forage, des études géophysiques et des tests chimiques avant de tenter d’exploiter un gisement, explique-t-il.

L’argent du POAPSEM aide les petites sociétés d’exploration, qui ont des ressources limitées, à franchir ces obstacles, croit M. Clark.

Exploration minière et revendications territoriales

La Première Nation de Grassy Narrows, elle, est préoccupée de voir que l'Ontario met l'exploration minière en avant-plan dans son budget.

« Avec cet investissement, le gouvernement continue d'encourager les petites sociétés d'exploration minière à empiéter sur notre territoire sans autorisation. »

— Une citation de  Joseph Fobister, chef du département de protection du territoire de Grassy Narrows

M. Fobister ajoute que cette approche ne fait que compliquer le processus de guérison des membres de la communauté, qui souffrent des conséquences de la pollution industrielle depuis des décennies.

Pour sa part, le chef de la Première Nation Kitchenuhmaykoosib Inninuwug, Donny Morris, estime que le gouvernement devrait d’abord régler les questions de revendications territoriales avant d’investir dans l’exploration minière.

Un homme assis à un bureau.

Donny Morris est le chef de la première nation Kitchenuhmaykoosib Inninuwug (Photo d'archives)

Photo :  CBC

Les jours où de grosses sommes pouvaient être investies dans nos régions sans qu’on soit consultés sont révolus, affirme le chef Morris.

Il affirme que sa communauté serait prête à collaborer avec une entreprise d’exploration minière dans le futur, si les profits étaient répartis équitablement.

Il faudrait toutefois que Kitchenuhmaykoosib Inninuwug termine sa planification gouvernementale en matière de gestion du territoire, et que le gouvernement ontarien s’efforce de résoudre les griefs historiques de la communauté avant qu’une entente d’exploration puisse être conclue, indique M. Morris.

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