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Camping Havana Resort : la CNESST donne raison à un travailleur mexicain

Brandon Manzano regarde la caméra.

Brandon Manzano persiste et signe sur l’ensemble de ses déclarations faites par le passé.

Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies

Thomas Deshaies

La Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) réclame près de 12 000 $ en salaire impayé au Camping Havana Resort pour un travailleur mexicain qui a été animateur pendant quatre mois en 2022.

Dans la réclamation transmise au Camping Havana Resort le 19 janvier dernier dont Radio-Canada a obtenu copie, la CNESST conclut au terme de son enquête que le travailleur n’a été payé que 300 $ par semaine, malgré de nombreuses heures supplémentaires qui variaient de 6 à près de 40 heures par semaine. Le salaire minimum hebdomadaire au Québec est de 570 $.

Si la CNESST se dit dans l’impossibilité de commenter publiquement des cas précis, son porte-parole, Nicolas Bégin, explique toutefois que l’envoi d’une réclamation est le fruit d’une enquête et qu’un employeur est avisé dès le moment où une plainte est jugée fondée

Si on envoie cette lettre-là, c’est que l’enquête démontre qu’il y a réellement infraction en matière de salaire , explique-t-il. 

L’employeur a ensuite 10 jours pour contester. Si contestation il y a, le dossier est ensuite confié à la Direction générale des affaires juridiques de la CNESST

« On est vraiment à l’étape de dire, il y a une infraction qui a été commise, puis à la lumière de notre enquête, on est certain de cela. »

— Une citation de  Nicolas Bégin, porte-parole de la CNESST. 

Nicolas Bégin précise que l’enquêteur doit monter un dossier le plus complet possible dans le cas où il y aurait une poursuite devant les tribunaux . C’est vraiment un travail d’enquêteur pur et dur , ajoute-t-il. 

Le témoin dévoile son identité

Si nous pouvons rendre publique cette information, c’est parce que le travailleur mexicain qui a témoigné dans notre reportage du 21 décembre dernier, que nous avions nommé Jack, a choisi de dévoiler son identité. L’avis de réclamation obtenu par Radio-Canada concerne son dossier. 

Brandon Manzano a fait ce choix pour répondre à certaines personnes qui mettaient en doute sa parole. Je n’ai pas aimé ce qu’ils ont dit. Ils ont tenté de mentir aux gens. Ils [représentants du camping] s’en sont lavé les mains et ils se sont dit "voilà, nous avons dit la vérité et venez [au camping] l’été prochain. Nous serons ici"*, a-t-il expliqué.

« Ils ont exploité les gens. On travaillait très fort et ils ne payaient presque rien. »

— Une citation de  Brandon Manzano

Il persiste et signe sur l’ensemble de ses déclarations faites par le passé, dont l’enjeu des fausses promesses qui auraient été faites entourant le permis de travail. Je ne suis pas venu pour un échange culturel. Je vivais à Cancún, il y a de la diversité culturelle de toutes les parties du monde. Pourquoi j’aurais voulu venir dans un camping pour un échange interculturel?*, a-t-il mentionné.

Il affirme avoir obtenu un statut lui permettant de rester au pays en toute légalité. 

Le camping va contester

Invités à réagir, les représentants du Camping Havana Resort ont refusé notre demande d’entrevue, mais nous ont fait parvenir une déclaration écrite attribuable à Arianne Perrier, première actionnaire. 

Mme Perrier affirme n’avoir à ce jour reçu qu’un projet de réclamation, mais que le camping contestera lorsqu’il recevra la réclamation officielle de la CNESSTqui repose sur des prémisses qui sont discutables

La CNESST n’envoie pas de projet de réclamation

L’avocate spécialisée en droit du travail, Me Sophie Mongeon, a consulté les documents obtenus par Radio-Canada. Me Mongeon affirme qu’il s’agit d’une réclamation en bonne et due forme. 

Sans commenter le cas précis, le porte-parole de la CNESST, Nicolas Bégin, affirme que son organisme n’envoie pas de projet de réclamation, mais des réclamations. 

Invité à réagir, le chargé de communications du camping, Patrick Mbeko, a réaffirmé par courriel qu’il s’agit d’un projet de réclamation , selon le camping. Cela a été confirmé ce jour même par le responsable du dossier à la CNESST lors d’un échange téléphonique avec l’avocat du Havana Resort, écrit-il. 

Le camping réitère sa position exprimée dans notre reportage du 21 décembre dernier, soit que les animateurs participaient à une expérience socioculturelle et recevaient un per diem de 350 $ par semaine et non un salaire. La CNESST a-t-elle confondu salaire et per diem?, se demande Mme Perrier dans sa lettre. Le camping affirme avoir transmis de la documentation, dont un contrat signé à la CNESST pour appuyer sa position. 

Quant aux nombreuses heures supplémentaires constatées par la CNESST, Mme Perrier conteste vigoureusement. Cette affirmation est totalement fausse. Elle repose non pas sur des faits attestés, mais plutôt sur les déclarations de l’animateur mexicain, écrit-elle. 

« Le Camping Havana Resort a déposé une plainte en bonne est [sic] due forme contre cet animateur auprès des autorités compétentes depuis plusieurs semaines déjà. »

— Une citation de  Extrait de la déclaration écrite d'Arianne Perrier du Camping Havana Resort. 

Mme Perrier accuse par ailleurs Brandon d’avoir violé les règlements d’immigration en demeurant au pays après son expérience socioculturelle.

Une enquête toujours en cours

M. Manzano affirme avoir collaboré dans le cadre d’autres enquêtes. Ils m’ont dit que je ne pouvais pas en parler publiquement, mais j’ai collaboré, assure-t-il. Une information que Radio-Canada a pu confirmer avec plusieurs autres sources.

*Traduit de l’espagnol

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