De vieilles cartes révèlent à quel point l’érosion a grugé le parc Point Pleasant

Les vagues déferlent contre les rochers au parc Point Pleasant à Halifax.
Photo : Radio-Canada / Robert Short
Jonathan Fowler parcourt les sentiers du parc Point Pleasant à Halifax depuis qu'il est tout petit et au fil du temps, il a remarqué des changements.
Le rivage semble se déplacer vers l'intérieur des terres, et particulièrement après de grosses tempêtes
, dit-il.
« Il semble qu’on perd de plus en plus du parc au profit de l'océan. »
Jonathan Fowler, aujourd’hui archéologue et professeur d'anthropologie à l'Université Saint Mary's, a décidé de mettre ses observations à l'épreuve.
À l'aide d'une combinaison de vieilles cartes, de photos aériennes et d'une technologie d'imagerie laser, il essaie de mesurer à quel point l'océan a empiété sur les terres du parc.
Il s’est tourné vers des cartes datant de plusieurs siècles, mais il a découvert que la plupart des premières cartes ne convenaient pas à son projet.
Nous avons des cartes de cartographes français qui étaient ici au tout début des années 1700, le problème c’estqu'ils n'arpentaient pas cette zone avec beaucoup d'attention
, dit-il.
Ça doit être de très haute qualité. Et malheureusement, la plupart des cartes ne le sont tout simplement pas.
La première carte suffisamment détaillée est un plan d'arpentage militaire britannique du parc de 1858 qui montre même les marques de marée basse et haute.
Des traces de ce travail d'arpentage subsistent encore aujourd'hui dans le parc - de petites gravures, pas plus grandes que la paume d'une main, faite dans des roches qui indiquent les points d'arpentage.
Jonathan Fowler utilise des points fixes du parc qui n'ont pas changé depuis quelques siècles, tels que la tour du Prince de Galles, l'intersection de certains chemins, monuments, forts et même des affleurements rocheux, pour analyser comment les choses ont changé le long du rivage.
Lors d'une récente journée enneigée, il a parcouru le parc avec un groupe d'étudiants, en utilisant un GPS pour collecter des données de localisation. Ces points de données lui permettent d'assembler numériquement des emplacements actuels avec d'anciennes cartes et des photos aériennes pour faire des comparaisons.
Ses données préliminaires suggèrent que le littoral a changé d'environ 10 mètres à certains endroits entre 1860 à aujourd'hui. Jonathan Fowler remarque que certains endroits du parc, comme la zone sud-est près de la batterie de Point Pleasant, semblent être plus touchés que d'autres.
Alors qu'il poursuit son travail, la municipalité veut apporter des changements pour améliorer la résilience des rives du parc.
Le 17 mars, la municipalité régionale d'Halifax a lancé un appel d'offres pour des travaux de conception qui pourraient inclure l'élévation du sentier pédestre populaire qui s'étend du stationnement inférieur à la batterie du bras nord-ouest.
La ville songe aussi à préserver le monument de l'ancre du NCSM
Bonaventure, à surélever les pelouses et à apporter des modifications à la batterie de Point Pleasant. Les travaux de conception devraient être achevés en 2024.En attendant, Jonathan Fowler va continuer ses recherches pour peaufiner davantage ses estimations de l'érosion.
La Nouvelle-Écosse est un environnement très côtier. Notre infrastructure se trouve dans ces environnements, les maisons des gens sont dans ces environnements. Il ne s'agit pas seulement de vieux forts abandonnés et d'autres choses. Cela peut avoir un impact très direct sur la vie des gens
, dit-il.
Donc, plus nous pouvons développer une meilleure compréhension de ce qui est arrivé à l'environnement, plus on saura s’adapter aux circonstances changeantes.
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Avec les informations de Frances Willick de CBC