De l’aide d’urgence pour les étudiants du Cégep de Matane
Selon l'enquête réalisée par le collège, près d'un étudiant sur trois n'arrive pas à manger à sa faim. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Brigitte Dubé
Le Cégep de Matane tente de soutenir les étudiants en situation précaire. Selon une enquête maison, près d’un étudiant sur trois ne mangerait pas à sa faim.
Selon une enquête maison réalisée par le service aux étudiants du Cégep de Matane, près d’un étudiant sur trois est en situation d’insécurité alimentaire.
Leur situation financière les empêchait de se nourrir convenablement, soit en sautant des repas, soit carrément en diminuant les portions ou en ne mangeant pas pendant une journée et même ne mangeant pas pendant plusieurs journées pendant le même mois
, détaille le directeur du service aux étudiants du Cégep de Matane, Jérôme Forget.
Il admet avoir été surpris de ces résultats.
Un fonds d'urgence
L’enquête du cégep remet en lumière la précarité financière de bon nombre d’étudiants C’était assez préoccupant pour qu’on imagine déjà de mettre en place un certain nombre d’actions pour aider les étudiants
, commente le responsable du service aux étudiants.
L’établissement a donc décidé de formaliser son aide d’urgence avec le soutien de la Fondation du Cégep de Matane.
La Fondation mettra un total de 10 000 $ à la disposition des étudiants de la formation régulière ou continue aux prises avec la précarité financière. Ce sont, précise M. Forget, vraiment des situations imprévues, des situations ponctuelles, des situations qui menacent la capacité pour l’étudiant de demeurer aux études ou de demeurer concentré sur ses études. Une perte d’emploi, une situation médicale ou familiale imprévue qui lui causent beaucoup de stress et qui font en sorte qu’il ne sait pas s’il arrivera à se nourrir et à payer son loyer.
Le montant maximal versé sera de 1500 $ par étudiant et sera non remboursable. Un étudiant ne pourra être aidé qu’une seule fois.
Précarité et décrochage
Au départ, l’idée de cette enquête est venue d’observations du service aux étudiants qui laissaient penser que tous les étudiants ne mangeaient pas à leur faim.
Un service d’aide achetait déjà des cartes prépayées pour que des étudiants puissent faire une épicerie, mais aucune donnée n’était colligée sur les étudiants qui en bénéficiaient.
C’était aussi un de nos objectifs d’avoir un système un peu centralisé pour l’aide, pour être capables aussi de compiler davantage d’informations sur qui en a besoin pour donner un portrait un peu plus clair, puis voir peut-être, en prévention, comment on peut aider ces gens-là
, indique le directeur du service aux étudiants.
Jérôme Forget explique que l’établissement d’enseignement a toujours historiquement soutenu les étudiants aux prises avec des imprévus ou des difficultés temporaires ou exceptionnelles. C’était souvent fait de manière informelle, explique M. Forget.
Lors de la pandémie, le Cégep a rapidement agi pour aider les étudiants qui perdaient leur emploi. On a mis en place un système d’aide ponctuelle qui s’est arrêté après la session 2020
, raconte le directeur du service aux étudiants. Près de 64 000 $ avaient été distribués parmi une trentaine d’étudiants.
Avec l’inflation, le service aux étudiants n’a pas senti que les besoins avaient diminué, observe Jérôme Forget.
Le service aux étudiants envisage de mener une nouvelle enquête à l’automne.
Le cégep y voit aussi un moyen de contrer le décrochage scolaire en épaulant ceux et celles qui font face à des difficultés.
L’objectif est d’en faire un programme pérenne, connu afin que les étudiants sachent à quelle porte frapper en cas de besoin.