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Plusieurs reculs dans l’inclusion des personnes vivant avec une déficience intellectuelle

Une personne vivant avec une déficience intellectuelle, vue de dos. (Photo d'archives)

Une personne vivant avec une déficience intellectuelle. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Malgré les discours et toutes les campagnes publicitaires faisant valoir l’importance de l’inclusion, celle des personnes qui vivent avec une déficience intellectuelle semble loin d’être réalisée. Des proches et des organismes qui les représentent affirment au contraire observer des reculs.

Jean-François Martin est père de quatre enfants, dont Karl, 34 ans, atteint de trisomie 21. Il a dû se battre pour que son fils puisse faire tout son primaire à l'école régulière.

À chaque début d'année scolaire, on ne savait pas si Karl allait avoir une éducatrice spécialisée, ou encore combien d'heures par semaine. On ne savait pas si son intégration allait se poursuivre. Pour un parent, c'est lourd. Des fois, on le savait quelques jours avant le début de l'année scolaire, raconte-t-il.

Jean-François Martin et son fils sont bras dessus, bras dessous devant un champs.

Jean-François Martin et son fils Karl.

Photo : Gracieuseté : Jean-François Martin

Éducation

Ces démarches et celles de centaines d'autres parents ont fait en sorte que de plus en plus d’écoles régulières ont opté pour l’intégration. Mais depuis quelques années, les portes commencent à se refermer.

L'inclusion scolaire n'a plus la force qu'elle avait. Ça devient compliqué, les services et l'argent ne suivent pas. On était parti sur une belle lancée, puis du jour au lendemain ça a commencé à tomber, mentionne Jean-François Martin.

Il y a plusieurs reculs. De plus en plus, on sent que les ressources sont insuffisantes et moins en qualité. L'inclusion, c'est un mot galvaudé. C'est très à la mode de parler d'inclusion sans vraiment l'appliquer. Notre milieu, on ne ressent pas l'inclusion du tout, affirme pour sa part la directrice générale de la Société québécoise de la déficience intellectuelle (SQDI), Amélie Duranleau.

La SQDI représente 92 organismes québécois qui œuvrent auprès des personnes vivant avec une déficience intellectuelle. Sa directrice souligne que des reculs s’observent dans pratiquement toutes les sphères de vie, que ce soit l’intégration au travail, l’accès à un logement ou encore l’accessibilité au transport adapté de qualité.

« La dignité n'est pas un concept acquis pour les 174 000 personnes qui ont une déficience intellectuelle au Québec. Tous les citoyens devraient pouvoir vivre dans une société sans voir leurs droits bafoués. »

— Une citation de  Amélie Duranleau

La pandémie montrée du doigt

Karl a fait des stages non rémunérés dans un CHSLD et dans une école primaire. Il préparait des salles ou aidait le concierge. Ces emplois étaient stimulants pour lui. La pandémie et les nouvelles règles sanitaires ont fait en sorte qu’il ne peut plus travailler.

La foutue pandémie a tout jeté par terre. Ça a été comme un grand effritement dans le réseau social des personnes qui ont une déficience intellectuelle. On dirait qu'ils n'existent pas. Ça fait de super bons employés qui manquent rarement, qui ont du plaisir à aller travailler, mais on dirait qu'on les laisse de côté. Il [Karl] adorait ça. Il se sentait utile, déplore Jean-François Martin.

Ressources réclamées

Le père de famille soutient que l’intégration commence par l’éducation. Jean-François Martin estime que l'intégration dans une école régulière est bénéfique à la fois pour la personne qui a une déficience, que pour les autres. 

Il réclame davantage de ressources pour que cette intégration devienne systématique pour les personnes qui ont les capacités d’intégrer le réseau scolaire avec des mesures d’accompagnement.

Intégrer et sensibiliser à la différence peut se transformer plus tard, selon lui, en une plus grande acceptabilité sociale.

L’école, ça a été une base incroyable pour Karl. Il s'est fait un réseau d'amis. Il a appris à fonctionner dans un monde qui pour lui est parfois un peu difficile à saisir. S'il y a 28 élèves dans la classe, peut-être que dans 20 ans, ils vont devenir gérants d'une entreprise et se dire : "Pourquoi j'embaucherais pas une personne qui a une déficience intellectuelle?", illustre Jean-François Martin.

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