Les dirigeants d’Airbnb prévenus que Québec les rendra bientôt « imputables »

Nathan Rotman et Camille Boulais-Pretty sont demeurés avares de commentaires après leur rencontre avec la ministre Proulx.
Photo : Radio-Canada
La ministre québécoise du Tourisme, Caroline Proulx, demeure résolue dans sa volonté de mieux encadrer les plateformes de location de logements à court terme, à l'issue d'une courte rencontre organisée avec les dirigeants canadiens d'Airbnb, qui en sont ressortis muets, jeudi midi.
La réunion s'est déroulée de 11 h 45 à 12 h 15 à huis clos. Impossible, donc, de savoir précisément ce qui s'y est dit. Une fois la rencontre terminée, le dirigeant régional d'Airbnb, Nathan Rotman, et la conseillère Camille Boulais-Pretty ont également refusé de répondre aux questions des journalistes.
La ministre, pour sa part, a fait savoir en début d'après-midi qu'elle avait profité de la réunion pour aviser Airbnb de ses intentions de réviser la Loi sur l’hébergement touristique afin de rendre les plateformes d’hébergement collaboratif imputables
.
Mme Proulx a insisté pour que l'entreprise prenne ses responsabilités et fasse preuve de plus de proactivité que ce qui a été fait jusqu’à présent dans ce dossier
, a indiqué son cabinet dans une courte déclaration transmise à la presse par courriel.
L’intention demeure toujours d’aller de l’avant, et l'on compte sur [Airbnb] ainsi que l’ensemble des partenaires impliqués dans le dossier pour leur entière collaboration
, a-t-il ajouté.
La rencontre s'annonçait tendue, le gouvernement Legault s'étant engagé à modifier la loi d'ici le 9 juin pour obliger les propriétaires de logements à afficher leur numéro de certification touristique sur les plateformes de locations à court terme.
En arrivant à l'Assemblée nationale jeudi matin, la ministre Proulx avait en outre promis d'être sans équivoque
face aux représentants d'Airbnb, assurant qu'elle était plus que décidée
à légiférer sur la question.
M. Rotman et Mme Boulais-Pretty sont tous deux inscrits comme lobbyistes à Québec. Leur mandat prévoit des communications concernant l'implication des acteurs du secteur du partage de résidence comme Airbnb pour l’adoption de toute nouvelle réglementation visant à encadrer le partage de résidence
.
Le débat sur l'illégalité des locations à court terme a été relancé à la suite de l'incendie de l'édifice William-Watson-Ogilvie, qui a fait quatre morts et trois disparus la semaine dernière dans le Vieux-Montréal. Selon les témoignages recueillis, la plupart des logements étaient loués par l'entremise d'Airbnb.
Hasard ou coïncidence, des centaines et des centaines d'annonces illégales
ont disparu de la plateforme depuis la tragédie, particulièrement du côté du Vieux-Montréal
, a souligné Mme Proulx, jeudi matin.
La ministre doit mettre ses culottes
, selon QS
Les partis d'opposition se sont déjà engagés à appuyer les modifications législatives promises par la Coalition avenir Québec (CAQ).
En prévision de la rencontre de jeudi midi, le député Étienne Grandmont, de Québec solidaire (QS), avait d'ailleurs exigé en point de presse que la ministre mette ses culottes
et écarte toute forme de marchandage avec la multinationale américaine.
La loi québécoise requiert actuellement des propriétaires souhaitant offrir leurs logements en location à court terme qu'ils s'enregistrent comme tels auprès de Revenu Québec. Or, la vaste majorité d'entre eux font fi de cette obligation.
Selon le site web Inside Airbnb, 92,5 % des annonces recensées à Montréal sont celles d'appartements, de chambres ou de maisons qui ne sont pas inscrits auprès de Revenu Québec.
De plus, de nombreux propriétaires louent leurs logements à court terme dans des secteurs interdits par la réglementation municipale. C'est notamment le cas dans le Vieux-Montréal.