Un partenariat privé appelé à prendre plus de place à l’Hôpital d’Ottawa
En un mois, l'AOAO dit avoir effectué une quarantaine de chirurgies.
Photo : Radio-Canada / Kate Porter/CBC
Le président-directeur général de l'Hôpital d'Ottawa affirme que le projet pilote impliquant un groupe privé de chirurgiens orthopédiques s'est avéré si fructueux qu'ils pourraient bientôt déménager de manière permanente dans l’établissement. Cameron Love croit même que le modèle pourrait être appliqué à d'autres domaines de la médecine comme la gynécologie, l'urologie et la chirurgie plastique.
Mercredi, l'Hôpital d'Ottawa a publié un communiqué faisant l'éloge de son récent partenariat avec l'Academic Orthopedic Surgical Associates of Ottawa (AOAO). Depuis la fin du mois de février, le groupe de 26 médecins effectue des chirurgies de remplacement de la hanche et du genou, le samedi, au campus Riverside, puisque les salles d’opération sont normalement vides les week-ends.
Au cours des quatre derniers samedis, l’AOAO
rapporte avoir effectué 40 chirurgies, ce qui aurait augmenté de 20 % la productivité chirurgicale de l'Hôpital d’Ottawa, selon ce qu’affirme l’établissement.Bien que cet arrangement ait été critiqué par certains médecins, syndicats et défenseurs de la santé publique, l'hôpital a clairement indiqué qu'il n'était pas prêt à faire marche arrière.
Ce partenariat n'est qu'un début, car nous cherchons à créer d'autres modèles qui garantissent que tous les patients reçoivent les soins dont ils ont besoin
, a fait savoir l’établissement.
Prêt pour la prochaine étape
Dans une entrevue accordée à CBCLove a déclaré que l'hôpital était prêt à faire passer son partenariat avec l'AOAO à la prochaine étape, ce qui pourrait impliquer un déménagement dans une clinique de soins ambulatoires à Ottawa.
mercredi, M.Après quatre semaines, nous avons pu confirmer que l'efficacité de ce centre est très bonne, tant sur le plan opérationnel, de la productivité, que sur le plan financier
, indique M. Love. Nous pouvons maintenant commencer à planifier une deuxième phase.
Le déménagement des activités de l'AOAO
dans des locaux distincts de l'Hôpital d’Ottawa devra faire l’objet d’une approbation ministérielle, selon ce qui est prévu dans la Loi sur les hôpitaux publics.M. Love s’entretiendra avec le ministère de la Santé d'ici la fin du printemps ou au début de l'été. Il s’attend à ce qu'un plus grand nombre de procédures à faible risque soient offertes à l'extérieur de l'hôpital, en commençant par celles qui touchent la santé des femmes.
Nous travaillerons avec le chef du service de gynécologie-obstétrique pour voir comment nous pourrions améliorer la capacité du service, qui est offert principalement en consultation externe
, explique-t-il.
L'urologie et la chirurgie plastique pourraient bientôt suivre, ce qui augmenterait la capacité de l'hôpital pour des procédures plus complexes qui impliquent une hospitalisation, notamment en neurochirurgie, en oncologie et en cardiologie.
Améliorer l’accès aux soins
Le PDGFocus Eye Centre, qui permet d’effectuer chaque année entre 2000 et 3000 chirurgies pour les cataractes, dans une clinique située sur l’avenue Carling à Ottawa. Selon M. Love, l'initiative permet de libérer de l'espace pour des procédures ophtalmologiques plus complexes.
de l'Hôpital d’Ottawa compare son partenariat avec l'AOAO avec celui qu’il a conclu avec leIl s'agit vraiment d'innover et de trouver de nouveaux modèles pour transformer le système de santé, car si nous ne commençons pas à le faire, nous aurons des problèmes importants d'accès aux soins
, pense-t-il.
Certains craignent que le partenariat avec l’AOAO
ne contribue à un exode du personnel soignant. Les infirmières et les employés de bureau qui acceptent de travailler le samedi sont payés environ le double de ce qu'ils gagneraient lors d’un quart de travail de huit heures à l'hôpital.De son côté, l’Hôpital d’Ottawa soutient que moins de la moitié des ressource en poste les week-ends sont des employés de l'établissement. Par ailleurs, l'hôpital s'est engagé à surveiller le niveau de personnel et à l’ajuster en conséquence, au besoin
.
L’hôpital indique par ailleurs que les chirurgies effectuées par l’AOAO
ne coûtent pas plus cher. Pour une chirurgie de la hanche ou du genou, le groupe de médecins facture 6400 $, alors que ces interventions coûtent 8000 $ à l’Hôpital d’Ottawa. Cela permet à l’établissement d’investir davantage dans le reste des soins aux patients.À lire aussi :
Un modèle qui ne suscite pas l’unanimité
L'AOAO
prend en charge des patients de l’Hôpital d’Ottawa qui sont inscrits sur une liste d'attente. Toutes les procédures sont remboursées par l'Assurance maladie de l'Ontario, selon ce qu’affirme l’hôpital.En aucun cas le patient ne paie quoi que ce soit. Tout est financé par l'État. Il n'y a pas de système privé ici. Il s'agit d'un système public. Le ministère nous finance pour mettre en place un modèle dans le but d’améliorer notre capacité [hospitalière]
, insiste M. Love.
Cependant, plusieurs se demandent pourquoi ces interventions chirurgicales ne sont pas effectuées selon le modèle traditionnel, puisque le partenariat s’appuie actuellement sur des ressources publiques.
Cela devrait envoyer le signal à la province que le système hospitalier public a la capacité d'accroître ses capacités, et qu'il n'est pas nécessaire de créer une nouvelle branche de demi-hôpitaux
, pense le Dr David Urbach, qui est chef du département de chirurgie du Women's College Hospital de Toronto et professeur à l'Université de Toronto
Ce dernier émet des doutes sur les mécanismes en place pour surveiller la qualité des soins dans ces cliniques.
Ce serait bien d’obtenir des informations détaillées sur ce qui se passe
, ajoute Dr Urbach.
Malgré ces préoccupations, M. Love soutient que tant que ces partenariats seront fructueux, l’Hôpital d’Ottawa continuera d’y avoir recours pour augmenter ses capacités hospitalières.
Nous fonctionnerons probablement sur cinq, six ou sept sites au cours des cinq prochaines années, car sans cette capacité, nous ne pourrons pas résoudre les problèmes de temps d'attente, qui est la raison la plus importante pour laquelle nous avons entrepris ce projet
, prédit-il.
Avec les informations d'Alistair Steele, de CBC News