Affaire Carpentier : une suspension « prudente » de l’enquête publique

Le coroner en chef adjoint Luc Malouin a pris la décision de suspendre l'enquête publique suite à une réclamation de l’Association des l'avocat des officiers de la Sûreté du Québec.
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
L’ex-coroner Denis Boudrias estime que le coroner Luc Malouin a fait preuve de « prudence » en annonçant la suspension pour au moins deux mois de son enquête publique sur la mort de Norah, Romy et Martin Carpentier. Celle-ci pourrait permettre d'éviter d'autres délais plus tard pour la famille, éprouvée, qui espère un dénouement rapide de l'enquête.
Mardi, l’avocat des officiers de la Sûreté du Québec (SQ) a contraint l’enquête publique du coroner sur l’affaire Carpentier à être reportée au moins jusqu’en mai. Me Daniel Rochefort a remis en question l’impartialité de l’expert des recherches terrestres Alain Croteau, quelques minutes avant son témoignage.
Le coroner Luc Malouin a donc pris la décision de suspendre l’enquête le temps d’examiner les allégations. Ça aurait pu être annoncé à l’avance, c’est pour ça que je pense que le coroner a suspendu pendant un certain temps, pour donner la chance à tout le monde de plaider là-dessus et à lui de se faire une tête et de regarder la jurisprudence
, explique l’ex-coroner Denis Boudrias, en entrevue à l’émission Première heure.
Les allégations de l’avocat représentant l’Association des officiers de la Sûreté du Québec émanent du fait qu’Alain Croteau avait souligné des erreurs durant les recherches des petites Carpentier dans un article et un reportage de l’émission Enquête.
Ils ont contesté l’expertise de M. Croteau puisqu’il a fait des commentaires après avoir pris sa retraite de la Sûreté du Québec, des commentaires sur les recherches et sur les façons de les faire qu’ils n’auraient pas fait alors qu’il était en service
, avance le lieutenant à la retraite de la SQ , François Doré.
La situation en a tout de même surpris plus d’un comme il était convenu depuis plusieurs semaines que ce témoin serait entendu et que c’est tout à fait à la discrétion du coroner de choisir comment procéder.
Un report pour en éviter un plus long
Même si la suspension décale l’enquête de plusieurs mois, Denis Boudrias trouve que le coroner a agi en prudence. Deux mois, c’est très court! Si l’Association des officiers n’aime pas la décision du coroner, ils vont porter le dossier devant la Cour suprême, là on dépasserait un an et demi. C’est donc prudent de la part du coroner qui a été pris par surprise
, remarque-t-il.
« C’est un coroner qui a plus de 25 ans d’expérience, s’il a donné un délai c’est pour vraiment se donner le temps de faire le tour de question pour rendre la bonne décision. »
Quoiqu’il en soit, c’est décevant pour la partie représentant Amélie Lemieux, la mère de Romy et Norah Carpentier. On croyait que tout serait terminé ce jeudi, alors ça amène une incertitude par rapport à la suite du dossier. C’est toujours difficile de vivre une incertitude comme celle-là, à savoir quels témoins seront entendus dans la suite des audiences
, souligne son avocat, Me Jean-François Leroux.
Il comprend tout de même l’importance des questions de droits soulevées, promettant de faire honneur au processus en fournissant ses arguments au coroner pour qu'il soit en mesure de prendre sa décision.
Malgré le délai, l’ex-coroner Denis Boudrias croit qu’il est tout de même possible que Luc Malouin puisse rendre sa décision avant le début de l’été. Son but, comme il l’a dit, c'est que son rapport soit remis avant la Saint-Jean-Baptiste. Il ne reste que quelques témoins à entendre alors je pense qu’il va peut-être être capable de remplir son objectif
, soutient-il.
Avec des informations de Julien Fontaine-Doray et Alex Boissonneault