Des groupes citoyens veulent maintenir la pression sur Glencore et Québec

Les porte-parole du collectif de citoyens portaient des lunettes roses, car ils estiment qu’il faut analyser l'attestation ministérielle de la Fonderie Horne «au-delà des lunettes roses».
Photo : Radio-Canada / Jean-Marc Belzile
Cinq groupes citoyens insatisfaits de la récente autorisation ministérielle accordée à la Fonderie Horne s'unissent pour parler d’une seule voix afin d’augmenter la pression sur l’entreprise et le gouvernement du Québec. Des poursuites en justice sont maintenant envisagées.
RN Rebelle, Mères au front de Rouyn-Noranda et leurs alliées, le collectif Faut qu’on s’parle, le comité ARET des rejets et émissions toxiques de Rouyn-Noranda et l’Association pour la défense des droits des citoyens et ex-citoyens de Rouyn-Noranda contre l’intoxication aux métaux lourds ont organisé une conférence de presse, mercredi, afin de dénoncer la récente autorisation ministérielle allouée à la Fonderie Horne, propriété de la multinationale Glencore.
Je suis tanné qu’on me dise que les profits de Glencore passent avant notre santé
, a lancé Dany Bonapace, du groupe RN Rebelle.
On sent que le débat a été détourné et que le gouvernement s’est servi de ça pour ne pas imposer les normes québécoises destinées à nous protéger
, estime pour sa part Jennifer Ricard-Turcotte, porte-parole de Mères au front de Rouyn-Noranda en faisant référence au quartier qui sera détruit pour faire place à une zone tampon.
On sent que les enfants, depuis des décennies, n’ont pas été protégés et on sent qu’avec le laxisme du gouvernement, il va se passer la même chose. Le gouvernement décide de ne pas faire respecter les normes québécoises. Ça veut donc dire qu’il décide de ne pas protéger nos enfants
, ajoute-t-elle.
Des éléments positifs
Le comité ARET des rejet et émissions toxiques de Rouyn-Noranda salue tout de même certains détails de l’autorisation ministérielle, notamment l’ajout de stations de surveillance autour de la Fonderie Horne, le fait que les mesures seront prises à tous les deux jours au lieu de trois, l’ajout de mesures sur les particules fines et la reconnaissance de l’impact des intrants de l’entreprise sur les émissions.
Le comité ARET estime toutefois que l’entreprise aurait pu aller plus rapidement pour réduire ses émissions de métaux lourds dans l'air, considérant que de nombreux travaux de la Fonderie Horne prévus depuis 2019 ne sont pas encore réalisés, comme l’ajout de dépoussiéreurs et le pavage de voies de circulation.
Ce sont des choses qui auraient dû être faites avant qui ont retardé; on peut penser à une baisse de 15 à 20 nanogrammes, qui apparaît dans la prochaine attestation, mais déjà, la population aurait au moins pu avoir un peu moins d’expositions ces deux dernières années si on avait mis en action de façon accéléré ces choses-là. Ça avait été demandé par le comité interministériel de les accélérer
, mentionne la porte-parole du comité ARET, Nicole Desgagnés.
Dans une mise à jour (Nouvelle fenêtre) du plan de réduction des émissions atmosphériques datant de juillet 2020, la Fonderie Horne présentait effectivement un scénario dit pessimiste selon lequel la concentration d’arsenic atteindrait 50 ng/m3 d'air en 2022. Le scénario optimiste prévoyait quant à lui de la réduire à 30 ng/m3.
L’entreprise a finalement dévoilé qu’en 2022, la concentration annuelle moyenne d’arsenic s’est élevée à 73,1 nanogrammes par mètre cube d’air.
Des procédures judiciaires envisagées
L’Association pour la défense des droits des citoyen(ne)s et ex-citoyen(ne)s de Rouyn-Noranda contre l’intoxication aux métaux lourds vient tout juste d’être créée. Les fondateurs, dont le porte-parole Daniel Desjardins, invitent la population à se joindre à eux.
Ils souhaitent mieux documenter l’impact des métaux lourds sur la santé de la population de Rouyn-Noranda, mais aussi réfléchir à la possibilité d’intenter des recours judiciaires.
« Si on peut tout régler avant de se rendre là, tant mieux, mais si besoin est, on n’hésitera pas à le faire. »
M. Desjardins signale que son groupe a déjà envoyé une mise en demeure au ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault.
L’article 185, article 1 et 2, stipule qu’un ministre de l’Environnement peut, à sa discrétion, révoquer un permis, une autorisation d’une compagnie qui importe des intrants dangereux, comme c’est le cas pour Glencore, si cette entreprise, par ses opération, nuit à la santé des gens et à l’environnement
, fait-il observer.
Daniel Desjardins précise toutefois que tout recours sera voué à l’échec sans l’appui de nombreux citoyens de Rouyn-Noranda.
Tant qu’il n’y aura pas une grande mobilisation citoyenne, il n’y aura pas un poids assez fort pour créer une dynamique afin d'être capable d’établir des poursuites
, estime-t-il.
On a essayé de convaincre le gouvernement, on avait la naïveté, je pense, de croire que ça marcherait et qu’ils comprendraient, mais on sent que juste documenter, montrer les données, expliquer tout ça, n’a pas été suffisant. Il va falloir mettre un cran de plus, on est aussi en contact avec des gens à l’international. Donc, la pression va peut-être venir d’ailleurs
, renchérit Nicole Desgagnés, qui n’a pas voulu préciser davantage sa pensée.