Deux coiffeurs africains font fureur auprès des étudiants à l’Université de Moncton

Stéphane Belinga, ou Belo, met la dernière touche à la coiffure d'un jeune client.
Photo : Radio-Canada / Félix Arseneault
C’est une journée comme les autres pour Belo et Koré. Une journée fort occupée, remplie de rendez-vous pour répondre à la demande d'étudiants noirs, qui peinent à trouver des services pour leur type de cheveux ailleurs dans la région de Moncton.
Henry-Michel Koré, Ivoirien d’origine, a passé ses premiers coups de peigne en arrivant en 2016 au Canada sur la tête de son colocataire.
Il avait juste besoin d'une coiffure et il m'a demandé si je savais couper les cheveux. Je ne savais pas vraiment le faire, mais j'ai dit que je savais le faire et c'est de là que tout est parti
, se souvient celui que l’on surnomme Koré ou K The Barber.
Stéphane Belinga, ou Belo, avait déjà pris des cours au Cameroun avant de venir au Canada.
Je me préparais en fait pour affronter des difficultés financières ici au Canada
, dit-il.
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Des cheveux particuliers à couper
Les cheveux noirs ou crépus ou bouclés serrés sont particuliers et ne doivent pas être coupés de la même manière.
« C'est vraiment de long cheveux, juste parce que c'est ondulé. En fait, c'est comme un ressort. »
Parce qu’une fois qu'il est coupé, il va se replier sur lui-même. Donc c'est vraiment important de le peigner pour qu'il se déplie pour montrer sa vraie forme. En gros, c'est le secret pour avoir de belles coupes sur les cheveux noirs. Toujours avoir son petit peigne en main. Toujours
, conseille-t-il.
Et un simple dégradé peut prendre un peu plus de temps.
Ça peut prendre une heure. Moi, je n'ai pas de problème avec ça, pourvu que le client se lève avec sa belle coupe
, renchérit Stéphane Belinga.
Pas de spécialisation pour les coupes de cheveux noirs
Les écoles néo-brunswickoises de coiffure n’offrent toutefois pas de formation pour se spécialiser dans la coupe de cheveux noirs. Les barbiers doivent souvent apprendre en s'éloignant, par eux-mêmes ou avec des vidéos sur internet.
Un problème auquel a été confronté James, un autre coiffeur du salon, qui a dû apprendre sur le tas.
On ne lui avait jamais appris, mais quand tu rentres sur le marché du travail, il y a des clients comme ça qui vont venir vers toi et ce n'est pas vraiment évident de dire à un client que tu ne peux pas faire son type de cheveux
, mentionne Henry-Michel Koré.
Un lieu de rencontre
Depuis peu, Belo a rejoint Koré au salon qui se trouve au centre étudiant de l’Université de Moncton, qui sert souvent de lieu de rencontre.
« Beaucoup de gens viennent ici souvent juste pour parler avec nous, pour perdre du temps, entre deux cours quand ils n'ont rien à faire, pour discuter de tout et de rien. »
Je me rends compte que je facilite beaucoup la vie aux étudiants, parce qu'ils ont besoin d'être bien coiffés pour aller en cours. L'apparence est vraiment importante surtout pour les jeunes. C'est ainsi que je joue mon rôle
, continue-t-il.
Ils offrent leurs services tout en restant abordables pour les étudiants.
On est les plus bas sur le marché pour offrir l'accessibilité à nos services aux étudiants. Et un meilleur service aussi parce qu'on ne veut pas juste offrir le meilleur prix, le prix bas, mais on essaie d'ajuster selon la qualité du service
, soutient Henry-Michel Koré.
Les barbiers veulent offrir les chaises du salon à plus de coiffeurs intéressés.
D'aider la communauté noire ou n'importe qui s'il veut apprendre à coiffer les cheveux noirs ou n’importe quel type de cheveux, on est prêt à aider
, informe Stéphane Belinga.
D’après un reportage de Félix Arseneault