Sextorsion : des suspects à Moncton tentaient d’établir un réseau, selon la GRC

Dans les cas de sextorsion, les malfaiteurs communiquent avec leurs jeunes victimes principalement par l’entremise des réseaux sociaux, selon le Centre canadien de protection de l'enfance.
Photo : Getty Images / stockcam
Trois personnes récemment arrêtées dans la région de Moncton, au Nouveau-Brunswick, étaient en train d’établir un réseau d'extorsion sexuelle, selon le surintendant du détachement Codiac de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Benoit Jolette.
Les policiers ont arrêté deux hommes et une femme originaires de la Côte d’Ivoire, le 2 mars.
Les arrestations ont eu lieu à Moncton et à Dieppe, les policiers ont saisi des appareils électroniques et pratiquement mis fin au réseau
, a expliqué Benoit Jolette, lundi soir, devant le conseil municipal de Moncton.
Selon M. Jolette, les trois personnes arrêtées pourraient être expulsées du Canada si elles sont reconnues coupables des faits qu’il décrit comme de l’extorsion sexuelle.
La GRC
a indiqué dans un communiqué publié en novembre qu’elle enquêtait sur plusieurs signalements d'événements du genre visant des jeunes dans la province dans le but de leur extorquer de l’argent.Puis, en février, la GRCMoncton.
a prévenu le public d’une hausse subite du nombre de signalements du genre dans la région deLa police a annoncé quelques jours plus tard l’arrestation des suspects, deux hommes respectivement âgés de 26 et de 27 ans et une femme de 26 ans. Ces personnes sont libres en attendant leur prochaine comparution en cour.
Un signalement du Québec a mené aux arrestations
La GRC
a précisé par communiqué qu’elle a agi après avoir reçu des renseignements de la Régie intermunicipale de police Roussillon, au Québec.Un homme dans la vingtaine a porté plainte pour extorsion sexuelle le 27 mai 2022, explique une porte-parole de la police intermunicipale Roussillon, Karine Bergeron. Elle précise que le plaignant avait fait un virement bancaire de 1000 $ à des suspects pour éviter que ces derniers publient des photographies intimes.
L’enquête criminelle a mené la police à des suspects qui étaient situés à Moncton et qui faisaient partie d’un réseau organisé. La GRC a poursuivi l’enquête
, explique Mme Bergeron.
L’enquête n'est pas terminée et aucune accusation n’a encore été déposée contre les suspects, selon le porte-parole du détachement Codiac de la GRC
, le caporal Hans Ouellette, qui ne fait pas d’autres commentaires à ce sujet.À lire aussi :
Hans Ouellette avait indiqué, avant les arrestations en question, que l’extorsion sexuelle est généralement commise par des groupes criminels organisés.
Les malfaiteurs ciblent des jeunes, des garçons en particulier, et tentent de les convaincre de leur envoyer des photographies ou des enregistrements vidéo intimes, puis ils réclament de l’argent en menaçant de transmettre ces images à leur famille et à leurs amis.
Un phénomène qui prend de l’ampleur au Canada
Les services policiers et autres agences de protection de la jeunesse font état d'une croissance de ce phénomène partout au Canada.
Le Centre national de la GRC
contre l'exploitation d'enfants dit avoir reçu 52 306 plaintes d’extorsion sexuelle en 2020-2021. C’était une hausse de 510 % comparativement au nombre de plaintes reçues 7 ans auparavant.Le Centre canadien de protection de l'enfance a indiqué en août 2022 que sa ligne de secours Cyberaide.ca a reçu un nombre sans précédent de plaintes de jeunes victimes d’extorsion sexuelle. L’organisme a précisé que les garçons et les jeunes hommes constituaient 92 % des plaignants et que les malfaiteurs communiquaient principalement avec eux par l’entremise des réseaux sociaux Instagram et Snapchat.
Le Centre canadien de protection de l'enfance recommande à toute personne qui se trouve dans une situation d’extorsion sexuelle de cesser immédiatement toute communication avec les malfaiteurs et de désactiver (sans les supprimer) ses comptes de réseaux sociaux qui ont servi à ces communications.
Le Centre conseille aussi aux victimes de conserver tous les messages reçus de la part des malfaiteurs ainsi que les renseignements permettant de se connecter à ces comptes et de communiquer avec des services qui peuvent les aider.
D'après un reportage d'Aidan Cox, de CBC