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« Ce n’est pas assez », le budget du N.-B. critiqué par les organismes et l’opposition

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a dévoilé mardi son budget de 12,2 milliards de dollars. Il prévoit un surplus de 40 millions de dollars. Selon plusieurs organismes de la province ainsi que l'opposition, les investissements proposés par le gouvernement sont décevants.

Ernie Steeves.

Le ministre des Finances Ernie Steeves a présenté son cinquième budget mardi à Fredericton.

Photo : La Presse canadienne / Stephen MacGillivray

Margaux Tertre

Ce budget « consiste à travailler dans l’intérêt des gens du Nouveau-Brunswick », a estimé le ministre des Finances, Ernie Steeves. D'après plusieurs organismes, il n’en est rien. Tous font part de leur déception face aux annonces du gouvernement.

Simon Ouellette, représentant syndical aux communications au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) s’est dit particulièrement déçu. Le gouvernement sous-estime massivement ses revenus pour éviter de mettre de l’argent dans les salaires , estime-t-il.

Un homme pose devant l'objectif.

Simon Ouellette, représentant syndical aux communications au Syndicat canadien de la fonction publique

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

L’argent est là, les besoins aussi. [...] Il faut investir dans nos premières lignes, croit le syndicaliste qui pense que le nouveau budget et le manque d’investissement dans certains domaines vont entraîner des frustrations et des tensions sociales.

Johanne Perron, directrice générale de la Coalition pour l'équité salariale du Nouveau-Brunswick, estime également que le gouvernement aurait dû aller plus loin. On a beaucoup de rattrapage à faire, il faut être plus ambitieux. Dans le secteur des soins, on voit des investissements de 54,6 millions de dollars dans les salaires, c’est bien, mais on n’est pas à l’équité salariale.

Une femme pose devant l'objectif.

Johanne Perron, directrice générale de la Coalition pour l'équité salariale du Nouveau-Brunswick

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

Elle réclamait notamment des hausses de salaire importantes pour les salariés du secteur des soins communautaires.

Nous on voulait des solutions permanentes aux problèmes sociaux

Du côté de l’aide sociale, là aussi c’est la désillusion. La province ne prévoit pas d’augmentation importante des prestations sociales, qui sont toujours parmi les plus basses au Canada, et qui sont nettement sous le seuil de pauvreté.

Ce qu’ils ont annoncé, mais c’est pas assez, c’est des peanuts, estime Janelle LeBlanc, coordonnatrice provinciale du Front commun pour la justice sociale. L’organisme réclamait une hausse des prestations au niveau du seuil de pauvreté.

Debout sur le trottoir, Janelle LeBlanc pose pour une photo sur la rue Archibald, à Moncton.

Janelle LeBlanc, coordonnatrice provinciale au Front commun pour la justice sociale du Nouveau-Brunswick, estime que les investissements du gouvernement ne sont pas suffisants.

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

50 piastres de plus, ça aide pas. [...] Le gouvernement propose quelques mesures, mais nous on voulait des solutions permanentes aux problèmes sociaux , insiste Mme LeBlanc.

Concernant l’accès aux garderies, le gouvernement compte investir 37 millions de dollars dans le secteur. Ce n’est pas tout à fait assez, pour Isabelle Forest, coordonnatrice d’Un enfant une place Nouveau-Brunswick. Elle estime que ces investissements ne sont pas assez importants pour ouvrir le nombre de places nécessaires pour faire face à la demande actuelle.

Rien pour le logement abordable et la culture

Si des investissements importants étaient attendus de la part des organismes sur le logement, notamment social, le gouvernement n’a finalement décidé d’investir que modestement dans le secteur.

C’est d’abord la sécurité. Le gouvernement fait des investissements plus importants dans la police que dans le logement et l’immigration, déplore Julie Gillet, du regroupement féministe du Nouveau-Brunswick.

Un homme et une femme regardent vers l'objectif.

Philippe Beaulieu et Carmen Gibbs, président et directrice générale de l'Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick (AAAPNB)

Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau

Et pour Philippe Beaulieu, président de l'Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick (AAAPNB), le grand oublié de ce budget est la culture. Le secteur qui commence tout juste à se remettre de la pandémie réclamait plus d’aide.

On a 580 000 dollars pour tous les secteurs. [...] On a une augmentation de 40 % des demandes d’aide dans l’industrie cinématographique, où est-ce qu’on va avec ça, même mathématiquement ça ne tient pas la route, soupire Philippe Beaulieu.

L’opposition n’accorde aucune crédibilité au budget

Côté politique, les partis d’opposition de manière unanime s’entendent pour n’accorder aucune crédibilité aux prévisions budgétaires du ministre des Finances.

Ainsi, la cheffe libérale, Susan Holt, est persuadée que le ministre Steeves a, une fois de plus, sous-estimé les recettes de la province.

Susan Holt parle aux journalistes.

La cheffe du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, déplore l'absence de nouveaux investissements dans le logement social.

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

C’est difficile de le croire quand le revenu n’est pas un chiffre raisonnable, ce n’est pas un chiffre réel [...], je pense que c’est une année comme les deux dernières années, où il y a un petit surplus maintenant, il et y aura un grand surplus dans un an, croit-elle.

Même son de cloche du côté du Parti vert. Le député de Kent-Nord, Kevin Arseneau, s’inquiète du fait que les débats à l’Assemblée législative porteront sur des évaluations qu’il estime erronées.

Le surplus va être beaucoup plus élevé que ça [...], ça serait bien mieux d’avoir les chiffres, d’avoir une transparence, d’avoir une substance à débattre, là on va débattre du hypothétique, eux vont user du hypothétique pour nous dire qu’hypothétiquement on n'a pas raison, ça va être l’enfer, déplore Kevin Arseneau.

Le député vert n’est toutefois pas surpris de la façon de faire du gouvernement Higgs, qui semble se répéter depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs, en 2018.

Un gouvernement qui n’a pas écouté la population

Les deux partis d’opposition s’entendent aussi pour dire que le gouvernement n’a pas écouté la population, et n’a pas répondu aux besoins les plus criants.

« On a un gouvernement qui ne vit pas sur cette planète. »

— Une citation de  Kevin Arseneau, député vert de Kent-Nord

Ce budget, selon moi, est un budget austère. Les dépenses ont augmenté de 5,2 %, l’inflation était de 7,3 % l’année passée, on demande aux Néo-Brunswickois et Néo-Brunswickoises, dans les systèmes qui sont en crise, de faire plus avec moins, déplore Kevin Arseneau.

Portrait de Kevin Arseneau.

Kevin Arseneau estime que le budget du Nouveau-Brunswick est sous-estimé par le gouvernement.

Photo : Radio-Canada / Paul Émile d'Entremont

Le député vert s’interroge sur la décision du gouvernement Higgs d’annoncer des investissements de 33 millions de dollars dans les services de police, tout en ignorant la crise des changements climatiques, le logement social, ainsi que la culture. Les priorités ne sont pas à la bonne place, selon lui.

La cheffe libérale, quant à elle, s’étonne de ne pas voir de nouveaux fonds annoncés pour faire face à la crise du logement. Honnêtement, j’étais tellement surprise qu’il n’y avait pas d’argent pour le logement, parce qu’on a une opportunité pour faire un vrai changement au niveau de la pauvreté, au niveau du coût de la vie ici au Nouveau-Brunswick, souligne Susan Holt.

Avec des informations de Michèle Brideau et d'Alix Villeneuve

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