La Ville d’Ottawa va s’engager à construire 151 000 logements d’ici 2031
Le gouvernement ontarien a demandé à Ottawa de construire 151 000 nouveaux logements dans la prochaine décennie.
Photo : Radio-Canada / Bryan Labby/CBC
Le maire d'Ottawa, Mark Sutcliffe, s’apprête à signer un engagement pour favoriser la construction de 151 000 logements d’ici 2031.
La garantie municipale du logement
a été approuvée à l’unanimité par le Comité de la planification et du logement d’Ottawa lundi, mais elle doit encore être adoptée par le conseil municipal mercredi.
Cette stratégie vise à aider le gouvernement de l'Ontario à atteindre les objectifs ambitieux qu’il s’est fixés pour la prochaine décennie.
L’automne dernier, le gouvernement de l'Ontario a annoncé son intention de construire 1,5 million de logements d'ici à la fin de 2031. Il a aussi défini des objectifs individuels pour les 29 villes de la province qui ont la croissance la plus rapide.
La cible fixée pour Ottawa est de 151 000 unités, soit le double des 76 000 logements que la Ville avait projeté construire pour pallier la croissance démographique.
Le mois dernier, le ministre des Affaires municipales et du Logement, Steve Clark, a envoyé des suggestions aux maires concernés, afin de les aider à élaborer leur garantie de logement. Ces derniers ont jusqu’à mercredi pour lui remettre leur stratégie, sans quoi ils risquent de se priver de financement provincial.
Baisse du nombre de permis de construction
Le comité d'urbanisme et de logement d'Ottawa a approuvé lundi un document qui explique en quoi les politiques du nouveau plan officiel favoriseront la construction de plus grands immeubles près des principaux axes de transport en commun.
La Ville a également l'intention d'augmenter le nombre de logements abordables sur les terrains détenus par le fédéral ainsi que sur les siens. Une équipe sera également chargée de la conversion de bureaux au centre-ville.
La plupart des conseillers municipaux sont favorables à la création d'un plus grand nombre de logements, mais certains ne sont pas convaincus que la Ville sera en mesure d’atteindre l’objectif fixé par le provincial.
Selon eux, cela va dépendre de l'industrie de la construction, qui doit actuellement composer avec une pénurie de main-d’œuvre et des taux d’intérêt élevés.
Selon ce que rapporte la Ville, le nombre de permis de construction octroyés a considérablement diminué par rapport à 2022. L’an dernier, 12 600 permis avaient été accordés : un nombre record.
Toutefois, pour atteindre l'objectif du gouvernement progressiste-conservateur, la municipalité devra désormais octroyer 15 100 permis par année
C'est théoriquement possible
, pense Royce Fu, responsable par intérim de la planification des politiques.
Ce dernier soutient que des dizaines de milliers de logements sont déjà en construction, alors que d’autres ont déjà été approuvés ou sont en attente d'une autorisation de zonage. Il émet toutefois certaines réserves.
De nombreux facteurs qui ne dépendent pas de la Ville doivent être réunis
, précise-t-il.
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Le rôle des promoteurs
L'Association des constructeurs d'habitations de la grande région d'Ottawa (GOHBA) a promis d’aider la Ville à bonifier son offre de logements.
Mais le conseiller du quartier Rivière, Riley Brockington, accuse l’industrie de la construction de nuire au développement.
Ils pourraient tripler, quadrupler leurs unités s'ils le voulaient, parce qu'ils ont l’espace suffisant
, pense M. Brockington. Au lieu de cela, les promoteurs fixent le prix de vente des logements et tentent de maximiser leurs profits.
La conseillère Orléans-Sud-Navan, Catherine Kitts, craint quant à elle que la garantie de logement ne soit qu’une manière d’obliger les villes à appuyer la controversée loi 23, sous peine de se priver de financement.
Je suis inquiète de la façon dont cet engagement pourrait être utilisé contre nous
, a-t-elle déclaré.
Le président du Comité de la planification et du logement, Jeff Leiper, reconnaît qu'il pourrait être difficile d'atteindre l'objectif fixé par le gouvernement ontarien, qui pourrait même s'avérer arbitraire
, selon lui.
Il se dit toutefois très confiant
par rapport aux actions définies dans la stratégie de la Ville.
La révision du zonage et l’allégement de la bureaucratie sont de bonnes étapes pour construire une ville plus durable et plus abordable
, croit M. Leiper.
Selon lui, la Ville fera sa part pour créer les conditions nécessaires afin de bonifier l’offre de logements, et il s’attend à des investissements de la province pour assurer leur construction.
Avec les informations de Kate Porter, de CBC News