Budget Girard : les défis sont grands et les attentes sont élevées en éducation
Pénurie de personnel, vétusté des bâtiments, violence dans les écoles, taux de diplomation... Les défis à relever sont nombreux en éducation et les attentes sont, par conséquent, élevées à l'approche du dépôt du budget du Québec.

Les attentes du milieu de l'éducation sont élevées concernant le budget Girard. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Julie Marceau
Alors que la CAQ a promis d'importantes baisses d'impôts, des syndicats s'inquiètent que cet argent ne soit pas investi dans les services publics, comme en éducation.
Selon la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le gouvernement Legault ment aux Québécois lorsqu'il affirme que les baisses d'impôts promises aux contribuables n'affecteront pas les services publics en éducation et en santé.
Faux
, dit son président Éric Gingras. Ces baisses priveront l’État de revenus, ce qui aura des impacts à moyen et à plus long terme.
La Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN) et la Fédération autonome de l'enseignement (FAE) s'opposent elles aussi aux baisses d’impôt.
La FAE
souligne que les réformes successives d’uniformisation de la taxe scolaire ont déjà fait perdre cinq milliards de dollars au gouvernement depuis 2018.Des bâtiments vétustes
Le syndicat fait valoir qu'avec le déficit d’entretien immobilier (plus de 50 % des bâtiments scolaires sont encore vétustes), l’inflation et l’augmentation du nombre d'élèves dans le réseau, des investissements majeurs s'imposent.
La FAE s’attend à ce que le gouvernement de François Legault investisse un minimum de 6 % par année en éducation afin de résorber les compressions budgétaires passées
, indique sa présidente, Mélanie Hubert.
À l'instar des syndicats, l'Association montréalaise des directions d'établissement scolaire (AMDES) et la FQDE
espèrent une hausse significative des sommes allouées à résorber le déficit d'entretien, rénover et construire les écoles.La formation professionnelle
Cet hiver, le ministre de l'Éducation a annoncé que la formation professionnelle serait l'une de ses sept priorités. Bernard Drainville a alors indiqué que son gouvernement investira 81 millions de dollars pour former 30 000 élèves supplémentaires. Or, la FAE rappelle que la CAQ s'était engagée à investir au total 348 millions durant la campagne électorale.
La Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE) souligne elle aussi l'importance de soutenir les élèves de ce secteur, tout comme celui de la formation professionnelle aux adultes.
Réussite des élèves
L'AMDES
et la FQDE s'inquiètent aussi de la réussite des élèves en difficulté à cause des retards engendrés par la pandémie.Il faut octroyer un budget pour l’aide à l’élève en s’assurant d’offrir des postes alléchants aux techniciennes en éducation spécialisée et aux éducatrices en services de garde
, indique Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d'établissement d'enseignement (FQDE) .
Hausse de la violence
L'AMDESdeux fois plus de gestes violents qu’en 2018-2019, rapportait récemment Radio-Canada.
pointe aussi la hausse de la violence. L’année dernière, des centres de services scolaires du Québec ont déclaréDes fusillades ont également eu lieu près d'écoles primaires.
Nous voulons des ressources additionnelles pour faire face à la violence dans les écoles et autour des écoles
, affirme Kathleen Legault, présidente de l'AMDES .
Aide pour les services de garde et les programmes particuliers?
La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) souhaiterait pour sa part la gratuité des services de garde en milieu scolaire, un programme universel d'alimentation en collaboration avec le gouvernement fédéral, des solutions aux problèmes liés au transport scolaire, un meilleur accès aux programmes pédagogiques particuliers et le financement d'une stratégie visant à mieux impliquer les parents dans le milieu scolaire
.
Toutes ces propositions favoriseraient la réussite et le bien-être de nos jeunes
, indique son président, Kévin Roy.
Lors du dernier exercice budgétaire, le gouvernement Legault avait promis plus de 2,8 milliards de dollars additionnels sur 5 ans en éducation et en enseignement supérieur.
Un meilleur financement du réseau universitaire réclamé
Tant les étudiants que les enseignants et les établissements universitaires lancent d’une même voix un appel pour une hausse du financement global des universités québécoises. Les enseignants du réseau, professeurs comme chargés de cours, demandent que les sommes soient inconditionnelles, prévisibles et non ciblées.
La hausse du financement serait la meilleure solution pour que les universités puissent répondre à leur mission fondamentale d’enseignement et de recherche, en donnant notamment aux professeurs les conditions de travail nécessaires à sa réalisation
, indique Michel Lacroix, président de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université (FQPPU).
« Nous portons, avec le Bureau de coopération interuniversitaire, les messages communs aux 19 universités du Québec, dont le sous-financement pour l’ensemble du réseau universitaire qui est de l’ordre de 1,2 milliard de dollars. »
Le Réseau de l'Université du Québec demande au gouvernement des sommes additionnelles pour soutenir le logement étudiant ainsi que l’accueil et la réussite des étudiants étrangers.
Par ailleurs, de nombreuses voix du milieu de l’enseignement supérieur s’élèvent afin de demander davantage de soutien pour le bien-être et la santé mentale du personnel enseignant et des étudiants.
L’actualité nous rappelle quotidiennement les impacts du sous-financement criant des services publics, en éducation et en enseignement supérieur en particulier. [...] Tous les jours, le personnel enseignant constate la détresse et la difficulté dans les classes, du primaire à l'université
, écrit Caroline Quesnel, présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec.
La FNEEQ-CSNProgramme de bourses Perspective Québec, qui octroie aux étudiants inscrits dans un programme ciblé par l’Opération main-d'œuvre une bourse après chaque session à temps plein terminée avec succès.
propose également de limiter l’enseignement à distance et d’éviter le financement à la performance, une attaque à peine voilée envers le nouveauDes bourses et des stages plus généreux, demandent les associations étudiantes
La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et sa vis-à-vis universitaire, l’Union étudiante du Québec (UEQ), réclament de leur côté un élargissement du Programme de bourses de soutien à la persévérance et à la réussite des stagiaires, mis en place par Jean-François Roberge, le prédécesseur de la ministre Pascale Déry à l’Enseignement supérieur.
L’UEQ
souhaite également que Québec renforce le financement du Fonds de recherche du Québec, afin d’offrir des montants plus intéressants aux boursiers.Les étudiants collégiaux et universitaires font du logement étudiant un autre de leurs chevaux de bataille. La FECQ
réclame une stratégie québécoise sur le logement étudiant abordable assortie d’une enveloppe qui faciliterait notamment le développement de projets de logements étudiants sur le modèle sans but lucratif.L’UEQ
, elle, souhaite que le programme d’aide financière aux études soit ajusté pour mieux refléter la hausse du coût de la vie et, notamment, celle du prix des loyers.