Une membre du Conseil de santé d’Ottawa victime d’attaques blessantes sur son poids

Elyse Banham et sa fille Aria
Photo : Radio-Canada / Camille Kasisi-Monet
Elyse Banham dénonce les commentaires blessants à son endroit. Membre du Conseil de santé d'Ottawa depuis un peu plus de quatre ans, elle a reçu une lettre datée du 12 janvier dans laquelle une femme l'accuse de ne pas être un bon exemple en matière de santé pour les résidents d'Ottawa en raison de son poids.
L’auteure de cette missive va même jusqu’à estimer combien de livres en trop Mme Banham devrait perdre.
Channeled my inner @ashleygraham this morning as I discussed with @cbcradio in EN/FR the awful letter I received stating I shouldn’t serve on @OttawaHealth Board because I’m “20 pounds overweight.” I’ve received so much support & heard that so many relate. 💋to everyone! #ottcity pic.twitter.com/UOuAIFTNIU
— Elyse Banham (@ebanham) March 20, 2023
Dans un gazouillis sur son compte Twitter, Elyse Banham affirme qu’elle a été humiliée et blessée
mais qu’elle compte se défendre. Elle ajoute que c’est le combat de toutes les femmes qu’elle veut porter parce que les préjugés rendent le travail difficile.
Elyse Banham dit que lorsqu’elle a reçu cette lettre, elle s’attendait aux propos haineux habituels relatifs au déploiement des cliniques de vaccination contre la COVID-19. Elle affirme avoir été très surprise de voir que les commentaires portaient sur son poids.
Par ailleurs, Elyse Banham soutient qu’elle n’a jamais douté de la capacité des gens à être désagréables les uns envers les autres. Toutefois, elle ne se souvient pas d'avoir été aussi directement attaquée, surtout par une personne qui met en cause ses compétences en raison de son apparence physique.
« Personne n’a envie qu’on lui dise qu’il a 20 livres de trop. Je peux vous dire que je n’ai pas aimé cette partie de ma journée. »
Pour Elyse Banham, tous les types de corps existent et peuvent être en bonne santé. Elle a d'ailleurs expliqué pourquoi elle a choisi de publier cette lettre sur Twitter.
Je voulais que les gens reconnaissent que ce n’est pas correct. Alors oui, j’étais fâchée. Mais surtout, j’ai reçu des milliers de réponses positives et encourageantes, qui reconnaissaient vraiment que les femmes peuvent apporter une contribution plus importante, quelle que soit leur apparence. Et j’en suis fière
, soutient-elle.
Catherine Kitts, conseillère municipale du quartier Orléans-Sud–Navan et présidente du Conseil de santé, a qualifié la lettre d'horrible
. Mme Kitts s'est dite triste non seulement pour Mme Banham mais aussi pour l'auteure de la lettre qui a pris le temps d'envoyer un message aussi haineux.

Elle a décidé d'en parler publiquement, et Camille Kasisi-Monet l'a rencontrée.
Je suis fière que Mme Banham ait dénoncé [cette lettre], car cela demande du courage, et j'ai été ravie et non pas surprise de voir cette vague de soutien à son égard
, a déclaré Mme Kitts.
Mme Banham est un atout formidable pour le Conseil de santé. Elle est une excellente collaboratrice et une membre très appréciée, et c'est ce qu'il faut retenir. Ses interventions au Conseil sont très éloquentes. Les attaques vitrioliques sont un aspect peu glorieux du service public
, poursuit Mme Kitts, et des situations comme celle-ci nous rappellent que c'est ce à quoi nous devons faire face tous les jours
.
Le tour de taille comme critère de compétence
Jill Andrew, cofondatrice du groupe de pression Body Confidence Canada, croit que lorsque les femmes qui occupent des postes publics sont la cible de discrimination et de harcèlement fondés sur l'apparence physique, cela ne crée certainement pas le type de climat accueillant et inclusif dont nous avons besoin pour qu’un plus grand nombre de femmes fortes se manifestent. C’est donc décevant
.
Trop souvent, les femmes sont jugées non pas en fonction de leur intelligence, de la qualité de leur travail ou de leur expérience professionnelle mais en fonction de leur tour de taille. C’est absolument absurde! Cela peut distraire beaucoup d’entre nous des tâches qui nous incombent
, dit-elle.
Pour la nutritionniste Marie-Josée Rainville, nous vivons dans une société où il y a un modèle corporel unique qui est mis en avant et valorisé. Selon elle, ce modèle est associé à tort à la santé et au succès.
On a l’impression que les gens qui vivent dans un corps plus mince ont de la volonté, qu’ils prennent soin d’eux. N’importe quel corps qui ne cadre pas avec cet idéal va être vu comme hors critère.
« On a des questions à se poser : est-ce qu’on veut une société qui est beaucoup plus inclusive et qui permet à tout le monde de bénéficier de tous les services? »
Au-delà de la colère, Elyse Banham garde tout de même un brin d’optimisme. Elle lance un message d’espoir aux personnes qui vivent ce genre de stigmatisation au quotidien.
Des gens s’en prendront à vous, mais d'autres personnes viendront vous défendre.
Avec les informations de CBC News, de Camille Kasisi-Monet et de Mohamed Tiéné