Incendie dans le Vieux-Montréal : l’enquête s’annonce « extrêmement difficile »
À ce jour, une seule dépouille a été retrouvée. Il s'agit d'une femme, ont confirmé les autorités lundi matin.

Un camion-nacelle, des grues et d'autres équipements ont été déployés pour faciliter les travaux des policiers et des pompiers.
Photo : Radio-Canada / Charles Contant
Les recherches se poursuivent dans les décombres de l'édifice William-Watson-Ogilvie, ce bâtiment patrimonial de la place D'Youville qui a été ravagé par les flammes la semaine dernière dans le Vieux-Montréal.
À ce jour, un corps a été retrouvé sans vie dans les décombres de l'édifice incendié, alors que six personnes sont toujours portées disparues. La dépouille retrouvée est celle d'une femme, ont confirmé les autorités lundi matin, sans pour autant révéler l'identité de celle-ci.
Les personnes qui manquent à l'appel sont venues à Montréal en provenance du Québec, de l'Ontario et des États-Unis, a fait savoir l'inspecteur David Shane, du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), lors d'un point de presse organisé près de la scène d'incendie.

L'enquête se poursuit toujours après l'incendie qui a ravagé un immeuble du Vieux-Montréal jeudi soir. Entrevue avec Fady Dagher, chef de la police de Montréal, et Richard Liebmann, directeur du Service de sécurité incendie de Montréal, réalisée par Patrice Roy
L'enquête pourrait s'échelonner sur minimalement une à deux semaines
, a laissé entendre le directeur du SPVM , Fady Dagher, qui n'exclut pas qu'il y ait davantage de disparus.
Le chef de police a évoqué une enquête criminelle
, bien qu'il soit trop tôt encore pour avancer une hypothèse concernant la cause du brasier.
« Si vous regardez les décombres, ça va être extrêmement difficile de travailler dans ces conditions-là. »
Le long et minutieux démantèlement des 2e et 3e étages de l'immeuble était déjà en cours depuis quelques heures, lundi matin. Un camion-nacelle, des grues et d'autres équipements ont été déployés pour faciliter les travaux des policiers et des pompiers, de même que des techniciens du laboratoire en sciences judiciaires.
La scène étant difficile
et complexe
, le travail s'annonce ardu
, a confié le porte-parole du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), Martin Guilbault.
L'inspecteur Shane a indiqué lundi que les autorités feront le point sur les opérations à 8 h chaque matin, tant qu'il le faudra, et que d'autres communications seront faites si nécessaire tout au long des travaux de démantèlement de l'édifice et de fouille dans les décombres.
Le SPVM
, a-t-il assuré, est en communication avec chacune des familles des personnes portées manquantes.Neuf blessés, dont deux aux soins intensifs
Le bâtiment incendié est situé à l'intersection de la rue du Port et de la place D'Youville. Le feu, qui a pris naissance tôt jeudi matin, a aussi fait neuf blessés, dont deux demeurent hospitalisés dans une unité de soins pour grands brûlés.
Le SIMce qui est pourtant interdit dans ce secteur de la ville.
a déjà fait savoir la semaine dernière que l'immeuble abritait des logements offerts en location à court terme sur la plateforme Airbnb,
Entrevue réalisé par Patrice Roy, avec Thierry Lacroix, grand-père de Charlie Lacroix, victime de l'incendie dans le Vieux-Montréal jeudi dernier, suivie d'une entrevue avec la ministre du Tourisme, Caroline Proulx
Certains témoignages soulèvent des questions sur la conformité du bâtiment, mais ni le SPVM ni le SIM n'étaient encore en mesure d'apporter des précisions à cet effet, lundi matin.
À ce jour, aucune accusation n'a été déposée contre le propriétaire des lieux et l'on ne sait pas de quand date la dernière inspection.
Présente au point de presse, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a indiqué que son cabinet avait communiqué avec Nathan Rotman, directeur général d'Airbnb Canada. Elle déplore le fait que l'entreprise se lave les mains
de la clandestinité dans laquelle certains de ses utilisateurs louent leur appartement.
Ce qui s'est passé ici jeudi, c'est une tragédie, c'est absolument épouvantable, a poursuivi l'élue. [Manifestement], on ne serait pas dans la situation actuelle si on avait une entreprise qui prend ses responsabilités.
Le propriétaire avait pris des mesures, dit son avocat
En entrevue sur les ondes d'ICI RDI, l'avocat du propriétaire Emile Benamor, Me Alexandre Bergevin, a défendu son client. L'enquête progresse. Les causes de l'accident n'ont pas été établies. Nous, on a offert notre collaboration. Mon client a rencontré les enquêteurs, a fourni une déclaration et des plans de l'établissement.
Il a soutenu que son client ne faisait pas de location touristique à court terme de type Airbnb, mais qu'il y avait de la location à court terme dans l'immeuble.
Me Bergevin a indiqué que le propriétaire avait pris des mesures à l'égard d'un locataire. Des mises en demeure avaient été envoyées et le propriétaire avait l'intention d'aller en cour contre ce locataire.
Une entente était survenue pour que ce locataire quitte l'immeuble le 30 juin prochain.
L'avocat du propriétaire a plaidé que le fléau
des locations à court terme illégales va au-delà de son client. Au Québec, on ne peut pas casser un bail simplement en alléguant qu’il fait du Airbnb de façon illégale. Vous devez respecter les délais à la cour
, a-t-il dit, ajoutant qu'une démarche qui se conclut devant le Tribunal administratif du logement peut prendre d'une à deux années.