La méconnue Mi-Carême de l’Isle-aux-Coudres

Cette tradition qui remonte à l’époque de la Nouvelle-France est encore célébrée à quelques endroits au Québec, dont l'Isle-aux-Coudres
Photo : Radio-Canada / Tifa Bourjouane
La Mi-Carême, cette fête costumée qui date de la Nouvelle-France, existe encore dans quelques villages de la province comme à l’Isle-aux-Coudres.
Les participants se déguisent et ont pour objectif de passer de maison en maison sans se faire reconnaître. Rien ne doit être visible, seule la gigue permet de découvrir qui se cache sous les costumes.
Chaque arrêt est l'occasion de boire un coup et manger un morceau ensemble, une tradition pour alléger la période de privation de 46 jours que représente le carême.
« C'était ce qu'on avait pour couper le carême en deux, d'ailleurs pas seulement à l'île, c'était un peu partout. Mais nous, on l'a jamais abandonné. »
Hélène Bergeron est native de l'Isle-aux-Coudres. Elle se remémore avec nostalgie les Mi-Carêmes qu'elle a connues et se réjouit de voir la tradition perdurer dans sa municipalité qui compte moins de 1200 personnes.
Le rendez-vous n'avait pas eu lieu depuis 2020. Aujourd'hui, la fête marque un retour en force, sous une forme légèrement modifiée, un souper organisé par la Fédération de l'Âge d'Or du Québec. Une centaine de personnes ont festoyé au son de l'accordéon.
Avec l'événement, Fleurette Dufour présidente de la FADOQ, tente d'effacer les traces de la pandémie. Ça fait chaud au cœur, à cause de la participation. Maintenant ça va bien, les gens sont contents de sortir.
Transmettre les coutumes
Traditionnellement, seuls les hommes couraient les maisons, un prétexte pour courtiser les jeunes filles à une époque où les occasions de rencontre se faisaient plutôt rares.
Les femmes décoraient les habits de toute sorte de belles couleur, pour que les hommes puissent aller flirter un peu
, se souvient Hélène Bergeron. Les habits faits main étaient conçus à partir d'éléments récupérés. Ma mère a fait les pierrots qui appartiennent à un de mes cousins. Il a 85 ans, puis il les a toujours conservés.
L'enseignante retraitée passionnée d'arts traditionnels précise que les masques de papier mâché étaient faits à partir de moules sculptés dans le bois par des artisans de l'île.
Renforcer les liens d'une communauté
Nicolas Harvey est enseignant à l'Isle-aux-Coudres. Il a vu dans la Mi-Carême une occasion d'apprentissage pour ses élèves de secondaire 1 à 5 avec lesquels il a mené des ateliers de confection de masques. Il a également retracé l'histoire d'une tradition qui a tendance à se perdre.
M. Harvey se désole de ne pas avoir connu les moments qui ont fait de son village une communauté soudée et compte bien se rattraper avec des occasions comme la Mi-Carême. J'ai pas vécu les goélettes, j'ai pas vécu les grands partys de Noël. Ça fait comme un petit baume sur la plaie de se dire que ce dont j'entends parler depuis 20 ans, je peux le vivre encore un peu.
Pour sa part, Hélène Bergeron est bien contente de voir les jeunes insulaires s'impliquer dans la tradition. On vieillit, et il va falloir quelqu'un d'autre, pour reprendre le flambeau.