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Le poète acadien Guy Arsenault, auteur du recueil Acadie Rock, s’éteint à l’âge de 69 ans

Une des photos les plus récentes du poète Guy Arsenault
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Une des photos les plus récentes du poète Guy Arsenault.

Photo : Gracieuseté : Patrick MacFarlane

Radio-Canada

Auteur et poète phare de la littérature acadienne, Guy Arsenault est mort samedi au foyer Sainte-Thérèse de Dieppe, au Nouveau-Brunswick. Il avait 69 ans.

Guy Arsenault n’avait que 17 ans lorsqu’il a écrit Acadie Rock, une œuvre publiée en entier en 1973 et qui a eu une grande importance dans la culture acadienne.

Le recueil de poésie « Acadie rock », de Guy Arsenault, célèbre son 50e anniversaire cette année.

Le recueil de poésie « Acadie Rock », de Guy Arsenault, a été publié il y a 50 ans cette année.

Photo : Gracieuseté

Son recueil de poésie célèbre son 50e anniversaire cette année. Il a été réédité en 1994 et en 2013, à l'occasion du 40e anniversaire de l'œuvre.

Ce livre a aussi servi d’inspiration pour un festival de poésie et de musique qui porte son nom, fondé en 2012.

Son recueil a lancé une période charnière de la poésie acadienne dans les années 1970, avec Herménégilde Chiasson, Ronald Després, Calixte Duguay et Léonard Forest, entre autres.

Acadie Rock a été le premier livre de poèmes en chiac. Il a été boudé par l’élite acadienne, qui croyait à tort que l’auteur voulait ridiculiser cette manière de parler.

Œuvre de Guy Arsenault.
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Une œuvre de Guy Arsenault.

Photo : Radio-Canada / Amélie Gosselin

Guy Arsenault, qui a publié sept livres dans sa carrière, était aussi un peintre naïf reconnu en Acadie.

Le choc Guy Arsenault, une bouffée de fraîcheur

Guy Arsenault a réorienté la littérature acadienne vers l'Acadie urbaine, parce que jusque-là, on avait beaucoup parlé de la campagne, de beaucoup de thèmes qui nous rejoignaient plus ou moins, a raconté Herménégilde Chiasson dans une entrevue dimanche.

Au début des années 1970, la littérature acadienne était très inspirée par la politique, par l'histoire, par la religion, traditionnellement. Guy Arsenault est arrivé comme une bouffée de fraîcheur, explique-t-il.

Encore adolescent, Guy Arsenault avait une écriture d'une grande précocité, d'une grande maturité, très articulée, se souvient Herménégilde Chiasson. Ça a réorienté la littérature [acadienne] vers quelque chose de beaucoup plus quotidien : le corps, la sexualité, l'amour.

Il disait des choses tellement simples, mais tellement justes et tellement sincères que ça n'a pas pu faire autre que de toucher beaucoup de monde, poursuit-il. Il a été beaucoup lu.

Influence

D'une génération née après Acadie Rock, le dramaturge néo-brunswickois Gabriel Robichaud a commencé à écrire à l’époque où il a lu l'œuvre phare de Guy Arsenault. Par son écriture, il m’a montré ce qu’on est capables de faire.

J'avais besoin de cette révolte-là à 16 ans, de cette révolte inscrite dans un territoire que je connaissais. C'est quelqu'un qui a réussi à rejoindre la modernité, l'urbanité et la ruralité, a-t-il observé dimanche.

C’est une œuvre immense, a-t-il confié. C’est une écriture sans compromis, c’est une écriture qui est vraie. C’est quelqu’un qui avait le souci du détail, qui avait le souci de faire parler son monde et de parler de ce monde-là tel qui le voyait. Son point de vue sur le monde était unique.

La démarche professionnelle comme artiste en Acadie est relativement récente. [...] Il fait partie de ces pionniers, de ces piliers, a mentionné l’auteur. C’est une parole précieuse, c’est une écriture précieuse qu’on perd.

Joseph Edgar, auteur-compositeur-interprète de Moncton, avait lui aussi 16 ans lorsqu'il a découvert Acadie Rock. Ç'a été le coup de foudre, a-t-il affirmé. Ç'a été le coup d'envoi pour me dire que je pouvais être un poète. Ç'a été un guide. J'ai essayé d'écrire comme Guy.

Joseph Edgar possède un exemplaire original d'Acadie Rock. Ce livre lui a permis d'apprécier la culture et la poésie acadiennes, assure-t-il. Considéré comme osé à l'époque, ce recueil va bien au-delà du chiac, pense-t-il.

J'ai eu la chance de le côtoyer. Guy était un grand poète. Je me rappelle, en 2017, à une soirée Acadie Rock devant 40 000 personnes à Montréal. On avait commencé avec Guy à l'écran qui récitait son poème. J'avais la larme à l'œil. Acadie Rock a été un point tournant de l'Acadie moderne, a-t-il confié dimanche.

Dans une entrevue accordée à l’émission L’heure de pointe en Acadie au début de l’année, Serge-Patrice Thibodeau, poète et directeur littéraire des Éditions Perce-Neige, a parlé de Guy Arsenault comme d’un pionnier qui s’est démarqué par ses longues énumérations, son insolence, son audace et son droit de tout dire dans sa littérature.

Un poème controversé à l'école

L'artiste Yvon Gallant l'a bien connu. Ils venaient du même quartier et fréquentaient la même école.

Il était merveilleux et gentil tout le temps. C'était quelqu'un de super intéressant et de chaleureux. On pouvait parler des heures et des heures, se rappelle-t-il.

Yvon Gallant se souvient du poème que Guy Arsenault avait écrit à l'école et qui lui avait valu d'être expulsé.

La direction de l'École Vanier n'avait pas aimé ça et l'a carrément jeté dehors. Et Guy n'a jamais voulu y retourner, mentionne-t-il.

Comme tant d'autres, il a été frappé par le recueil Acadie Rock.

Ça touchait tout le monde et il parlait du monde que je connaissais. C'était spécial. Il n'y a pas grand monde qui faisait ça. C'était facile à comprendre, il n'y avait pas de grands mots savants. En quelques mots, tout était là, raconte Yvon Gallant.

Avec des renseignements d'Océane Doucet et Marie Andrée Leblond

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