Les agriculteurs déplorent la hausse des prix des terres agricoles en Outaouais

C'est connu, que ce soit en Ontario ou au Québec, au fil des ans, la valeur des terres agricoles a augmenté considérablement, au point ou, pour la relève qui n'hérite pas d'une terre, c'est devenu pratiquement inabordable. Nelly Albérola est allée à la recherche de solutions.
Photo : CBC / Giuseppe Fiorino
Financement agricole Canada (FAC) a publié, le 13 mars dernier, son rapport annuel sur la valeur moyenne des terres agricoles. Alors qu'une augmentation de 15,7 % est observée pour la région de l’Outaouais, les agriculteurs, inquiets de cette flambée des prix, demandent davantage d’aide de la part du gouvernement provincial.
Le rapport du FACfournit un aperçu annuel des tendances régionales de la valeur des terres agricoles à l’échelle du Canada en prix des terres à l’acre
. Pour l’année 2022, celui-ci révèle que la valeur moyenne des terres agricoles a augmenté de 12,8 % à l’échelle du Canada et de 11 % dans la province de Québec.
Si le prix des terres cultivées est en hausse constante depuis les 37 dernières années au Québec, les terres agricoles de l'Outaouais sont passées de 485 $ l'acre en 1996 à 4500 $ l'acre en 2022.
Alexandre Macmillan est un agriculteur biologique de L'Ange-Gardien. Il confirme que l’augmentation du prix des terres n’est pas une nouveauté. En 2015, l’Union des producteurs agricoles [UPA] en Outaouais a déposé un mémoire sur la hausse du prix des terres
, fait-il remarquer.
L'accessibilité des terres est un problème qu’on vit depuis toujours mais qui s’accentue de plus en plus
, déplore de son côté Frédéric Turgeon-Savard, maraîcher et vice-président du Syndicat de la relève agricole, section Laurentides-Outaouais.
Pour le Québec au complet, on parle d’une hausse de 248 % pour les 10 dernières années. À titre d’exemple, dans les Laurentides, les terres sont 17 fois plus chères qu’il y 30 ans
, précise-t-il.
Quant à la cause de cette augmentation, M. Turgeon-Savard explique qu’en agriculture, ce sont les lois du marché qui priment. Il pointe également la stagnation du budget du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, qui selon lui n’a pas augmenté au cours des dernières années.
Affirmant que le budget du ministère sert de plus en grande partie à rembourser les taxes agricoles et à payer les assurances, il déduit que la part de subvention pour la relève demeure minime.
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Des solutions existent, selon les agriculteurs
Lors de son congrès annuel organisé au début du mois de mars, la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) a lancé un cri du cœur à l'intention du gouvernement. Demandant de prime abord une écoute plus conséquente, les agriculteurs aimeraient également un coup de pouce afin de lutter contre l’augmentation du prix des terres agricoles.
On a quelques solutions à la FRAQ , comme un crédit d’impôt pour les acheteurs. On aimerait aussi qu’il y ait une réglementation au niveau des terres en friche, parce qu’on [constate] qu’il y a plusieurs achats de terres de gens qui ne font pas d’agriculture
, précise M. Turgeon-Savard.
M. Macmillan rappelle que l'UPA
avait proposé diverses solutions en 2015, dont la création d’incitatifs fiscaux pour les ventes à la relève agricole. S’il concède que des aides existent présentement pour aider la relève, il explique qu'elles concernent uniquement le matériel.« Il n'y a absolument rien pour aider à l’achat du fonds de terre. »
La FRAQ
demande notamment au gouvernement de se pencher sur une loi contre la spéculation dans le domaine des terres agricoles afin d’éviter que des achats de terres se réalisent sans objectifs de production. Selon M. Turgeon-Savard, une entreprise sur deux ferme ses portes avant d’atteindre cinq années d’existence.M. Turgeon-Savard affirme ainsi ne pas se sentir soutenu par le gouvernement alors que le métier d’agriculteur est, selon lui, fondamental. C’est vraiment important qu’on remette les questions agricoles de l’avant
, affirme-t-il, disant estimer que l’agriculture est un domaine sous-financé.
Questionné sur la situation par Radio-Canada, le cabinet du ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, assure être déterminé à poursuivre [son] accompagnement envers la relève agricole en ces temps difficiles
. Il précise de plus que plusieurs programmes existent pour aider la relève agricole, notamment le Programme investissement croissance durable (PICD) et le programme de financement FIRA.
Avec les informations de Nelly Albérola