Les personnes sans-abri ont des droits, rappellent des expertes

Des recensements en Colombie-Britannique indiquent que les personnes autochtones et marginalisées sont touchées par l'itinérance de manière disproportionnée. (Archives)
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms/CBC
Des incidents impliquant des personnes sans-abri dans différentes municipalités de la Colombie-Britannique amènent des expertes à rappeler les droits de la personne de ces hommes et femmes, qui ne sont pas toujours respectés, selon elles.
Lundi, à Nanaimo, un homme a été atteint d’une balle au ventre alors qu'il essayait de récupérer un objet dans un campement, alléguant que l'objet avait été volé par quelqu’un qui y habite.
Mardi, la Ville de Prince George a voté la création d’un campement de personnes sans-abri centralisé dans le secteur de Moccasin Flats, afin de limiter la croissance de tels campements ailleurs dans la ville.
À lire aussi :
Dans la foulée de ces événements, une avocate qui travaille avec des personnes sans-abri pour l’organisme Pivot Legal Society, Anna Cooper, rappelle que la Charte canadienne des droits et libertés protège la sécurité des personnes et de leurs biens dans les espaces extérieurs. Elle dit que les résidents des campements peuvent invoquer ces droits-là s’ils croient qu’ils se font évincer de manière forcée.
Souvent, dit-elle, ils se sentent trop intimidés par les policiers ou les agents municipaux pour le faire. De plus, les personnes habitant dans des tentes peuvent se trouver en contravention de différents règlements municipaux sur le zonage, le camping et la prévention d’incendie.
Dans le passé, des cours ont décidé que les villes ne peuvent évincer des résidents de campements, sans leur trouver d’autres logements appropriés. En 2021, le juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, Christopher Hinkson, a décidé que la Ville de Prince George ne pouvait démanteler le campement de Moccasin Flats, en raison d’un manque d’options de rechange.
Le plan de Prince George remis en question
Anna Cooper, ainsi que la défenseure fédérale du logement, Marie-Josée Houle, s’inquiètent du plan de centraliser les personnes sans-abri dans un seul campement à Prince George, sous une supervision policière. Je suis extrêmement inquiète que des villes utilisent des campements gérés par un seul parti comme stratégie pour retirer les personnes sans-abri de l’espace public
, dit Anna Cooper.
Le plan, tel que proposé, contrevient aux droits autochtones et aux droits de la personne des gens qui vivent une situation d’itinérance
, enchaîne Marie-Josée Houle, dans un gazouillis.
Dans une entrevue cette semaine, le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a exprimé sa volonté de créer des logements permanents au lieu de voir des municipalités comme Prince George avoir recours à des campements centralisés.
Les campements ne sont pas une solution à l’itinérance. Notre grande priorité, c'est de faire en sorte que les gens aient un logement digne
, dit-il.
Avec les informations d'Ashkay Kulkarni