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On court la mi-carême à Natashquan

Quatre personnes costumées en chef cuisinier, en flacon de moutarde, en hot-dog et en bouteille de bière à l'occasion de la mi-carême dans une maison de Natashquan.

Natashquan est un des derniers endroits au Québec où l'on fête la mi-carême. (Photo d'archives)

Photo : Stéphanie Landry

Renaud Chicoine-McKenzie

On se masque et on dit « Brutt! Brutt! » à Natashquan par les temps qui courent à l’occasion de la mi-carême, cette fête méconnue mais bien en vie au bout de la route 138.

Forcés de la souligner de façon virtuelle lors des trois dernières années en raison de la pandémie, les habitants du village vont de nouveau de porte en porte, déguisés, en espérant ne pas se faire reconnaître.

On défile de maison en maison en petits groupes de trois ou quatre […]. Le but, c’est de ne pas se faire reconnaître. On peut faire des sons, des bruits. On évite de parler ou on trafique sa voix, on change sa démarche, pour être certain de ne pas se faire reconnaître, raconte Guillaume Hubermont, ex-animateur de l’émission Boréale 138 et historien.

Un groupe de gens déguisés.

Journaliste aux Îles-de-la-Madeleine, Stéphanie Benoît s’est jointe à la famille Chevarie pour accueillir les « mi-carêmes ».

Photo : Nancy Chevarie

Quand les masques sont levés – car ils se lèvent –, on boit un coup, on mange une bouchée puis on file à la prochaine maison. C’est un carrousel qui dure quelques jours mais qui change aussi de forme de village en village.

À Natashquan, d’après Guillaume Hubermont, qui y a longtemps vécu et couru la mi-carême, cette fête est associée aux mauvais coups.

L'histoire de la mi-carême avec Guillaume Hubermont

ÉMISSION ICI PREMIÈRE • Boréale 138

Boréale 138,  ICI Première

À Fatima, aux Îles-de-la-Madeleine, on déambule en plus grands groupes, et une trentaine de maisons signalent leur hospitalité avec des décorations de Noël. On boit de la bière ou de la bagosse et, surtout, on joue de la musique.

Après les mauvais coups et la musique, c’est le raffinement des costumes qui fait la marque de la mi-carême à l’Île-aux-Grues.

Enfin, à Chéticamp, en Nouvelle-Écosse, on a décidé de monnayer l’affaire en faisant payer les watcheux cinq dollars pour regarder les mi-carêmes passer.

Des résidents de Chéticamp déguisés pour la mi-carême.

Des résidents de Chéticamp déguisés pour la mi-carême. (Photo d'archives)

Photo : cheticamp-mi-careme-acadie-tus

Un archipel festif

Fatima, l'Île-aux-Grues, Chéticamp et Natashquan : toutes des petites villes isolées, presque insulaires. Il faut que tout le monde se connaisse, explique Guillaume Hubermont. Ces petites communautés, ce sont les seules qui, irréductibles, ont su préserver cette fête qui date du Moyen Âge.

C’est dans ces temps bien lointains que s'institutionnalisent en Europe les 40 jours de jeûne et de privation du carême. Frustrés, les paysans ont lutté, selon Guillaume Hubermont, pour couper le carême en deux. À la mi-carême, on mange tout ce qu’on a laissé reposer pendant deux semaines et qu’on ne pouvait plus conserver parce qu’on n’avait pas de frigos, explique-t-il.

Une dizaine de personnes sont masquées et costumées.

Des costumes de la mi-carême à Saint-Louis-de-Kent, au Nouveau-Brunswick, en 1960. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Mais c'est le déclin de l'Église catholique, selon Guillaume Hubermont, qui explique en partie la disparition de la mi-carême ailleurs au Québec. Autrefois, cette fête était soulignée aux quatre coins de la province, note l'historien.

J’ai retrouvé des mentions de mi-carême dans toutes les régions : en Beauce, au Saguenay, en Gaspésie, dans Charlevoix, au Bas-Saint-Laurent.

Là où elle perdure, la mi-carême joue un rôle important en matière de cohésion sociale. C’est le moment où il n’y a plus de chicane, il n’y a plus de clans, il n’y a plus de bisbille. C’est le moment où on comprend qu’on fait partie d’une belle grande famille, raconte Guillaume Hubermont.

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