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L’itinérance a fait 187 morts en 2022 à Toronto

Un homme assis par terre devant un goblet en carton. Il y a de la neige autour.

L'âge médian auquel décède un homme itinérant est de 55 ans, contre 79 ans pour le reste de la population masculine.

Photo : Evan Mitsui

Mouaad El Yaakabi

187 itinérants sont décédés l'année dernière dans la Ville Reine, selon les chiffres publiés par Santé publique Toronto. Un chiffre macabre, mais qui donnerait presque de l’espoir si on le compare au record de 223 décès constatés en 2021. On reste toutefois au-delà des 128 morts avant la pandémie, en 2019.

C’est écœurant, excusez-moi de vous le dire, nous confie dans un soupire Gaétan Héroux, militant historique contre le mal-logement à Toronto. C’est visible partout dans la rue, les choses empirent. On l’avait déjà constaté avant la pandémie et ça se confirme.

Selon le décompte, un décès sur deux est lié à la toxicomanie médicamenteuse. Un chiffre qui pourrait être potentiellement plus élevé puisque dans 29 % des cas, la cause de la mort est soit inconnue soit n’a pas été arrêtée par le coroner.

Gaétan Héroux s’interroge : est-ce qu’ils souffraient de toxicomanie avant ou après s’être retrouvés dans la rue?

« Un homme me disait la dernière fois que l’alcool était le seul moyen pour qu’il tienne une nuit dans un foyer. C’est très dur dehors. »

— Une citation de  Gaétan Héroux, militant contre l'itinérance

Le stress continu lié à leur condition, les froids extrêmes et le fait qu’ils doivent constamment être en mouvement accélère la détérioration de la santé physique des itinérants.

Parmi les autres causes de décès arrivent en premier les maladies cardiovasculaires et le cancer, responsables de 15 % des morts.

Les chiffres publiés par le service de Santé publique de Toronto concernent des décès survenus aussi bien dans les refuges et les centres de repos que dans la rue.

L’espérance de vie d’une itinérante est divisée par deux

Selon le rapport de Santé publique Toronto, l’âge médian auquel décède un itinérant est de 55 ans pour les hommes, c’est 24 ans plus jeune que pour les hommes de la population générale.

C’est surtout pour les itinérantes que le bât blesse. Leur espérance de vie est divisée par deux. L’âge médian de décès d’une femme sans domicile fixe est de 42 ans, alors qu'il est de 84 ans pour une femme non-itinérante.

Ces chiffres n’étonnent pas Maurice Adongo, travailleur social à Street Health à Toronto. Elles sont plus vulnérables, dit-il. Les femmes préfèrent pour beaucoup éviter les refuges, surpeuplés et souvent théâtre de conflits et de violence. Elles dorment dans les allées, c’est très dangereux. C’est très mauvais d’être dehors, et surtout elles sont isolées.

Les deux hommes tirent la sonnette d’alarme sur la crise du logement à Toronto. Dans son centre, Maurice Adongo parle de temps d’attente de 10 ans en moyenne avant une réponse positive pour un logement social.

Il cite l’exemple d’une mère célibataire et de ses 3 enfants qui vivent actuellement dans un appartement avec une chambre à coucher. Leur demande de logement social date de 2010, et ils n’ont toujours pas eu de réponse.

Les chiffres sont compilés par Santé publique Toronto depuis 2017, lorsque la Ville a demandé à ses services de collecter le nombre de décès à l’intérieur et à l’extérieur des refuges pour sans-abri. La Ville compte s’appuyer sur ces chiffres pour aiguiller sa stratégie de lutte contre l’itinérance.

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