La valeur du Cercle de feu exagérée par le ministre des Mines, dénoncent des experts

George Pirie, le ministre des Mines, a déclaré que le potentiel économique du Cercle de feu est « illimité ». (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot
Le ministre ontarien des Mines, George Pirie, a récemment affirmé, en citant des gens de l’industrie, que le gisement minier du Cercle de feu pourrait valoir jusqu’à 1000 milliards de dollars. Des analystes ainsi que des représentants de l'industrie qualifient toutefois ces propos d’exagérés et même d'irresponsables.
Dans un récent documentaire produit par Global News, M. Pirie a indiqué que le montant de 1000 milliards n’était pas une estimation formelle, mais basée sur l’augmentation de la valeur des minéraux.
Luca Giacovazzi, le président-directeur général de Wyloo Metals, a déclaré dans le même documentaire que ce montant était exagéré et qu’il y avait plusieurs mythes entourant le Cercle de feu.
CBC News a contacté le bureau du ministre Pirie pour savoir pourquoi il avait utilisé ce montant lors d’une déclaration publique, afin de connaître les sources sur lesquelles il se base et vérifier si la province dispose d’une évaluation financière du gisement minier.
Dylan Moore, le porte-parole du ministre, s’est contenté d’une brève réponse : Le potentiel économique est illimité
.
L’entreprise Ring of Fire Metals, une filiale de Wyloo Metals depuis son rachat l’an dernier, a dévoilé dans un courriel que la plus récente évaluation indique plutôt une valeur de 90 milliards de dollars pour les minéraux du Cercle de feu.
Le courriel n’incluait toutefois pas une ventilation détaillée de cette estimation, mais indiquait que celle-ci tient compte de la valeur des ressources mesurées et probables.
Risques de spéculation et de fraude
Le géologue Mohan Srivastava se dit frustré par la déclaration du ministre Pirie et la réponse de son porte-parole.
Non, ce n’est pas illimité. Ce n'est pas possible
, a déclaré M. Srivastava. Selon lui, l'affirmation de 1 000 milliards de dollars est un chiffre tellement rond que cela ressemble à de la spéculation pure et simple
.
Il ajoute que les géologues et les sociétés cotées en bourse au Canada ne peuvent pas faire de telles déclarations, en raison du Règlement 43-101 sur l'information concernant les projets miniers.
Ce règlement est entré en vigueur en 2001, à la suite d’une des plus grandes fraudes financières de l’histoire de l’industrie minière mondiale.
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Une compagnie minière de Calgary, nommée Bre-X Minerals, a prétendu en 1996 avoir découvert une importante mine d’or en Indonésie.
La valeur des actions de la société minière a explosé, ce qui a permis aux premiers investisseurs de devenir millionnaires, avant de s'effondrer lorsqu’une évaluation indépendante a montré que le gisement n’existait pas.
M. Srivastava note que les politiciens et les analystes financiers ne sont pas soumis au Règlement 43-101.
Ils ont donc le droit de faire des déclarations extrêmement optimistes, comme celle prononcée par George Pirie.
Il craint que cela ne mène à de la spéculation et possiblement à de la fraude, parce que de petits et grands investisseurs peuvent être excités par des projets si la personne qui fait la déclaration, quelqu’un comme M. Pirie, est une source crédible selon eux
.
Mohan Srivastava remet aussi en question l’évaluation de 90 milliards de dollars avancée par Ring of Fire Metals.
L’étude de faisabilité du projet Eagle Nest, situé dans le Cercle de feu, effectuée en 2012, arrivait à une valeur de 500 millions de dollars, en prenant en compte les investissements initiaux, les coûts d’exploitation et les taxes.
Le géologue a examiné d’autres rapports concernant divers projets miniers au pays, et ne comprend pas comment l’entreprise est arrivée à une valeur de 90 milliards de dollars.
Ne pas calculer le coût [de l'extraction des ressources] est significatif. Ils jouent les meneuses de claque et ne sont pas des développeurs réfléchis.
Encore loin de l’exploitation
En ce moment, le Cercle de feu n’est pas relié aux réseaux routier et électrique de la province.
Un projet de raccordement routier, mené par des Premières Nations, est en cours d’évaluation.
Les promoteurs font toutefois face à une opposition d’autres communautés autochtones de la région.
Avec les informations de Logan Turner, de CBC News