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Nouvelles menaces de coupes dans le projet d’aire protégée du lac Kénogami

Plan aérien des coupes forestières.

Les coupes effectuées en 2022 dans l'aire protégée candidate, au sud du lac Kénogami. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Le ministère des Forêts planifie de nouvelles coupes forestières d’ici cinq ans sur le territoire du projet d’aire protégée, au sud du lac Kénogami. La forêt Cyriac, qui abrite des bouleaux jaunes centenaires, fait partie des secteurs ciblés pour fournir du bois à l’industrie.

Le ministère prévoit un plan d’aménagement spécial en invoquant l’infestation de tordeuses des bourgeons de l’épinette. Il y aurait urgence d’abattre ces forêts pour récupérer le bois infecté, selon ce plan.

L'an dernier, la Ville de Saguenay avait pourtant demandé au ministère des Forêts de suspendre toutes nouvelles récoltes jusqu’à ce que le ministère de l’Environnement officialise l’aire protégée. Depuis 10 ans, le conseil municipal appuie ce projet de conservation de la biodiversité, notamment pour préserver le bassin versant du lac Kénogami qui fournit 75 % de l’eau potable de Saguenay.

Des citoyens se mobilisent depuis deux décennies pour tenter de protéger ces forêts des abatteuses.

« C’est le jour de la marmotte. Je n’en reviens pas qu’on doive encore retourner se battre contre des coupes forestières. »

— Une citation de  Pier-Olivier Boudreault, directeur de la conservation, Société pour la Nature et les Parcs

On trouve ça complètement aberrant que le ministère des Forêts propose des coupes dans un projet d’aire protégée, surtout trois mois après la COP15 où on a signé un cadre mondial qui nous engage à inclure la biodiversité dans toutes nos décisions, enchaîne le biologiste Pier-Olivier Boudreault.

Pour les membres de l’Association pour la protection du lac Kénogami (APLK), c’est l’incompréhension totale. « La forêt Cyriac, c’est un patrimoine régional avec un potentiel récréotouristique extraordinaire. C’est un joyau », souligne André Douillard, responsable du dossier de l’aire protégée à l’APLK.

Portrait d'André Douillard.

André Douillard siège au conseil d’administration de l’Association pour la protection du lac Kénogami. Il est responsable du dossier de l’aire protégée.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon-Lalancette

Le ministère des Forêts, qui bloque la candidature de l’aire protégée depuis 2014, n’a pas tenu compte de cette volonté régionale dans sa planification des opérations forestières pour les cinq prochaines années.

Lors de la consultation qui s’est terminée le 5 mars, la Ville et l’Association pour la protection du lac Kénogami ont réitéré leur opposition à des coupes dans l’aire protégée à l’étude.

Le conseiller municipal Jimmy Bouchard note que les superficies touchées par l’épidémie de tordeuse ont largement diminué dans la région au cours des deux dernières années. Cet insecte s’attaque principalement aux sapins, mais M. Bouchard observe que les coupes ciblent des secteurs où il y a une bonne proportion d’arbres feuillus, dont de vieux bouleaux jaunes emblématiques et des érables à sucre.

Portrait de Jimmy Bouchard.

Le conseiller municipal Jimmy Bouchard a fait adopter une résolution par la Ville de Saguenay, en mars 2022, pour empêcher de nouvelles coupes forestières dans l’aire protégée projetée au sud du lac Kénogami.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon-Lalancette

Ces coupes-là sont faites encore sous le prétexte d’un plan spécial de tordeuse des bourgeons de l’épinette. On a de la misère à comprendre leur bien-fondé et leur logique, indique l’élu qui est président de la Commission du développement durable de Saguenay.

Le biologiste Pier-Olivier Boudreault précise par ailleurs que la tordeuse, qui se nourrit de jeunes pousses de conifères, fait partie du cycle naturel de régénération de la forêt boréale.

Andrée Laforest sommée d’agir

L’aire protégée candidate du sud du lac Kénogami n’avait pas été sélectionnée lors des annonces gouvernementales de 2020 pour atteindre un objectif de protection de 17 % du territoire québécois.

Depuis, la cible de Québec a grimpé à 30 %.

Des citoyens admirent le gros arbre.

Le vétéran des vieux bouleaux jaunes de la forêt Cyriac a commencé à pousser il y a plus de quatre siècles.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

Pier-Olivier Boudreault croit que le dossier du lac Kénogami doit être priorisé par Québec. Il faut que le ministère des Forêts arrête d’être un renégat, qu’il arrête de défaire le travail du ministère de l’Environnement, souligne le directeur de la conservation de la SNAP.

Ça va prendre une intervention en haut lieu du gouvernement, soutient-il.

Il rappelle que l’aire protégée candidate représente 200 km2, soit l’équivalent de 0,5 % de la possibilité forestière du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

L’APLK réclame l’intervention rapide de la ministre régionale, Andrée Laforest, pour faire pression sur le ministère des Forêts et pour annuler ces coupes. C’est le moment qu’elle prenne position et qu’elle nous représente dans ce dossier-là pour que ça cesse, soutient André Douillard.

Le conseiller municipal Jimmy Bouchard croit aussi qu’elle doit se prononcer publiquement. Je pense que c’est la clé à l’aboutissement et au succès de ce projet-là. Il y a certains élus caquistes de la région qui se sont prononcés en faveur de l’aire protégée. Alors, évidemment que l’appui de la ministre régionale serait très aidant, ajoute-t-il.

En février, Radio-Canada a révélé qu’Andrée Laforest a été conseillée par un ex-pdg du Conseil de l’industrie forestière du Québec, André Tremblay, sur les dossiers de création d’aires protégées dans les secteurs du lac Kénogami et de la rivière Péribonka.

Certains représentants de l'Association pour la protection du lac Kénogami disaient notamment avoir ressenti un malaise lors d'une rencontre où André Tremblay était aux côtés de la ministre. Cette réunion, tenue le printemps dernier, visait justement à convaincre la ministre Laforest de l’importance de créer une aire protégée aux abords de ce bassin versant.

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