Les étals de l’Armée du Salut victimes de leur succès

Les bacs de dons qui sont normalement pleins ne le sont pas ces derniers temps, déplore Matthew Brown, directeur de secteur de l'Armée du Salut.
Photo : CBC/Martin Trainor
Plus de ventes, mais moins de dons : les magasins de l’Armée du Salut du Grand Toronto assurent rencontrer des difficultés à remplir leur inventaire.
Localement, les ventes ont augmenté de 19 % en un an, selon le directeur général de l’organisme, Ted Troughton. Un chiffre qui témoigne du succès grandissant de la chaîne à but non lucratif.
Or, l’organisme rapporte une baisse des dons, non quantifiée, mais qui a un impact direct sur les opérations. Notre entreprise fonctionne grâce aux dons
, explique le directeur de secteur Matthew Brown. Quand ils commencent à se tarir, il en va de même pour les clients qui veulent magasiner chez nous. Ils viennent voir les nouveautés.
Le personnel affirme qu'il ne peut plus servir ses clients au niveau qu'il souhaiterait.
Évolution de la clientèle
M. Brown constate que des hommes cherchant un manteau ou une tenue pour un entretien d'embauche dans des étals clairsemés et partir quelques minutes plus tard les mains vides, parce qu'il n'y avait rien pour eux.
C'est une préoccupation pour l'Armée du Salut, qui a pour mission de soutenir les gens, dit-il.
Beaucoup de gens n'ont pas les moyens pour aller dans un grand magasin et dépenser 100 $ sur un article
, remarque Matthew Brown. Ils préfèrent de loin venir ici et acheter une tenue entière pour un entretien d'embauche pour 20 $.
Par ailleurs, le marché de la seconde main est devenu plus compétitif, avec la croissance des plateformes de vente sur Internet, remarque Anika Kozlowski, professeure d'éthique et de durabilité du design de mode à l'Université métropolitaine de Toronto. Les géants du secteur en ligne, comme thredUP, sont en plein essor, et peuvent faire de l'ombre aux friperies traditionnelles.
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Les gens dépensent définitivement plus dans le marché de seconde main
, affirme-t-elle. La valeur marchande [du secteur] augmente chaque année. Et ces projections augmentent.
Une clientèle en évolution
L’évolution de la clientèle dans les friperies est aussi un facteur à prendre en compte dans la fréquentation de l’Armée du Salut, remarque Deborah King, fondatrice d’une compagnie qui certifie les entreprises de mode durables et éthiques.
Plusieurs fureteurs parmi la génération Z sillonnent les rayons dans un but bien précis, dit-elle.
Ils dépensent moins par article, mais ils achètent plus d'articles
, assure Mme King. Beaucoup espèrent revendre des articles pour une marge bénéficiaire plus élevée à un moment donné.
Donner aux vêtements une durée de vie plus longue est une excellente nouvelle pour l'environnement, continue Deborah King.
Mais ce n'est pas nécessairement une bonne nouvelle pour les magasins caritatifs, qui recherchent plus de dons.
De son côté, le directeur général Ted Troughton sait que les dons fluctuent. Il espère simplement que les donateurs aideront l'Armée du Salut à traverser cette période difficile le plus tôt possible.
Pourquoi ne pas commencer le nettoyage de printemps dès maintenant ? C'est une excellente opportunité
, suggère-t-il.
Avec les informations de CBC.