Ouvrir toute la prison Winter au public s’élèverait à 11 M$

Le Musée d’histoire de Sherbrooke a comme projet de rouvrir les portes de la prison Winter au public. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / André Vuillemin
Des décennies après la fermeture de la prison Winter, le but de lui donner une deuxième vie est toujours bien vivant. Le Musée d’histoire de Sherbrooke a comme projet de rouvrir ses portes au public. Deux façons d’y arriver ont été présentées par l’architecte Daniel Quirion devant la Commission de la culture, des loisirs, des sports et du plein air de la Ville de Sherbrooke jeudi après-midi.
La première option prévoit surtout de recycler l’extérieur de la prison ainsi que sa structure, en effectuant par exemple des travaux de maçonnerie, en stabilisant des panneaux d’amiante et en rénovant minimalement son intérieur. Non seulement il faut la mettre belle et propre à l'extérieur, la seule et unique façon de faire ça, c'est minimalement de mettre du chauffage décent à l'intérieur aussi. Et si on parle d’occupation de la prison [par le public], [...] ça veut dire que les toilettes doivent être accessibles
, a souligné Daniel Quirion.
« On aurait le réflexe de dire "on la laisse exactement comme ça parce que ça fait des bons meurtres et mystères", mais la prison, si on met des gens à l'intérieur, si on permet l'occupation, il faut absolument faire les choses correctement. »
Au total, cette première version du projet coûterait près de 6 M$, pour une occupation, je veux dire, minimale. Ça veut dire qu'on peut avoir des événements à l'extérieur et une occupation où les gens peuvent aller aux toilettes, donc pas une visite exhaustive sur les trois étages de la prison
, a précisé l’architecte, en ajoutant que les montants avancés incluent une prévision de l’inflation dans les prochaines années.
La deuxième option présentée est plutôt de remettre à jour l’ensemble de la prison pour faire toutes les activités dans la prison à l’intérieur et à l’extérieur, [sans] contraintes
, a fait remarquer Daniel Quirion.
Cette deuxième proposition coûterait environ 9,5 M$ avant taxes, ou plus de 11 M$ après les taxes.
L’option complète
appuyée par le Musée d’histoire de Sherbrooke
Le directeur général du Musée d’histoire de Sherbrooke, David Lacoste, indique être très orienté vers la deuxième option.
Selon une étude de marché menée en 2022, le projet pourrait attirer 30 000 à 40 000 visiteurs par année, avance-t-il. Le cœur de ces visites-là, ce sont des gens qui veulent d'abord et avant tout rentrer et avoir des visites guidées, explique-t-il. Pour offrir la prison Winter dans son offre touristique et être capable d'avoir une offre rentable sur plusieurs étages, il faut arriver à l'option 2.
Le musée est déjà en négociation avec le ministère de la Culture pour obtenir des subventions. Des partenaires privés, ainsi que Patrimoine canadien, pourraient aussi contribuer. Certaines subventions dépendent cependant de l'adoption de la deuxième version du projet, croit David Lacoste. Il y a des partenaires financiers qui n’embarquent pas à l'option 1. Le ministère de la Culture, on y va au complet ou on n’y va pas. Et puis l'option 1 n'est pas rentable pour nous.
« Notre projet, c'est de rendre accessible le lieu, de le transformer. Je ne dirais pas en musée, mais du moins de faire un circuit à l'intérieur pour faire en sorte qu'on comprenne l'incarcération des hommes, des femmes et des enfants. »
Les fonds, le nerf de la guerre
Plusieurs élues présentes jeudi, dont les conseillères Nancy Robichaud, Catherine Boileau, Christelle Lefèvre et Joanie Bellerose, ont souligné toutes les activités qu’il serait possible d’organiser dans la prison après une réfection complète du bâtiment. Des questions sur les responsabilités financières de la Ville dans ce dossier ont cependant été soulevées.
Québec peut aller jusqu'à 70 %. Réalistement, on parle plus de 60 % [du budget du projet payé par Québec]. Si un 15 % vient du fédéral, c'est un 15 % [qui va venir] de la Ville
, a entre autres répondu David Lacoste.
La mairesse Évelyne Beaudin a toutefois rappelé les limites économiques auxquelles fait face la Ville.
« Pour moi, la question, ce n’est pas tellement l’option 1 ou l’option 2. Tout le monde sait que c’est l’option 2, et que l’option 1 est incluse de toute façon à l’intérieur de l’option 2. La question, c'est comment et quand on se rend là. »
Je veux être très réaliste. Actuellement, il n’y a pas aucune somme au PTI [Programme triennal d'immobilisations]; les trois prochaines années, il y a zéro dollar pour la prison Winter, a-t-elle continué. Ça ne veut pas dire que ça ne peut pas changer, mais on est vraiment vraiment vraiment accotés actuellement.
Elle a tout de même proposé de ne pas écarter l’option 1 pour maintenant, et d’explorer l’idée de procéder à l’ouverture de la prison par phases
afin de pouvoir réoccuper les lieux dès que possible.
Malgré tout, David Lacoste reste optimiste. Selon lui, si tous les paliers gouvernementaux acceptent de financer le projet, les travaux pourraient s'amorcer en 2025.
Le dossier est présentement enligné pour être déposé, mais les budgets semblent s'aligner pour 2025. C'est bien correct comme ça, parce que le temps du processus, on va se ramasser là de toute façon
, constate-t-il.
Construite en 1865, la prison Winter représente le plus vieux bâtiment de pierre taille à Sherbrooke. La dernière présentation faite à la Ville sur son éventuelle réouverture au public datait de 2019.