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L’Alberta tente de convaincre les travailleurs de l’Atlantique de passer à l’ouest

Un soudeur porte une combinaison protectrice. Il travaille sur du matériel qui produit des étincelles.

L'Alberta cherche à recruter dans les autres provinces des travailleurs spécialisés.

Photo : Reuters / Benjamin Mallet

Radio-Canada

Manquant de travailleurs, l’Alberta a lancé une campagne de séduction à travers le pays, et a désormais les provinces de l’Atlantique dans sa mire.

La campagne Alberta is Calling a d’abord ciblé Vancouver et Toronto l’été dernier. La seconde phase de l’opération de marketing, annoncée lundi dernier, cible Halifax en Nouvelle-Écosse, Moncton et Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, Charlottetown à l’Île-du-Prince-Édouard et Saint-Jean de Terre-Neuve.

Les Albertains espèrent trouver en Atlantique des travailleurs pour pourvoir certains des 100 000 postes vacants dans les soins de santé, les métiers spécialisés, la technologie, les services, le tourisme, en plus de chercher des ingénieurs et des comptables.

Difficulté à se loger

Dans les 12 derniers mois, 50 000 Ontariens ont quitté leur province pour s’installer en Alberta et au Canada atlantique, selon Mike Moffatt, un économiste et directeur principal à l’Institut pour l'intelliProspérité, un réseau de recherche et un laboratoire d'idée à l'Université d'Ottawa.

Il explique que la plupart d’entre eux ont entre 25 et 35 ans. Leur motivation principale serait les coûts des maisons moins élevés à Moncton et Saint-Jean, ainsi qu’à Edmonton en Alberta.

Le gouvernement de l’Alberta ne saurait ignorer ce fait. C’est pourquoi il place le coût de ses maisons au centre de sa campagne de marketing Alberta is Calling.

La province de l’Ouest met de l’avant son absence de taxe de vente provinciale et le logement supposément abordable pour attirer les travailleurs des autres régions du Canada.

Selon le site Rentals.ca, le coût moyen d’un appartement de deux chambres à Edmonton est de 1417 $ par mois, en hausse de 10 % depuis l’an dernier. Le taux d’inoccupation n’est que de 4,3 %.

En revanche, les logements à Calgary ont augmenté de 25 % en un an, pour atteindre 1920 $ par mois pour un appartement de deux chambres. Le taux d’inoccupation est de 2,7 %.

Plus d'emploi, allégements fiscaux en Nouvelle-Écosse

Patrick Sullivan, président de la Chambre de commerce d'Halifax, convient que les taxes sont moins élevées en Alberta, mais ne croit pas que cela fasse une différence suffisante pour que ce soit avantageux, car la Nouvelle-Écosse a plus d’emplois disponibles.

La Nouvelle-Écosse a ajouté 15 600 emplois en 2022, en hausse pour la deuxième année de suite. Nous avons en ce moment plus d'emplois que nous n'en avons eu en 40 ans, dit Patrick Sullivan.

Il souligne aussi que les travailleurs qualifiés de moins de 30 ans ne paient pas d'impôt provincial sur les premiers 50 000 $ par année qu'ils gagnent en Nouvelle-Écosse, en vertu d'un programme créé cette année.

Patrick Sullivan devant une enseigne « Halifax Chamber of Commerce ».

Patrick Sullivan, président de la Chambre de commerce d'Halifax, jeudi.

Photo : Radio-Canada

Toutes les provinces essaient de recruter des travailleurs. Je comprends l'Alberta de vouloir ceux de la Nouvelle-Écosse, mais ça n'a pas beaucoup de sens, a-t-il dit en entrevue, jeudi.

Tout le monde est dans le même bateau

Gordon Stewart, le directeur de l’association des restaurateurs de la Nouvelle-Écosse, croit lui aussi que la différence n’est pas assez importante pour convaincre quelqu’un de faire ses bagages et changer sa vie du tout au tout.

Personne ne va déménager pour un dollar ou deux de plus ailleurs, dit-il. Il affirme que les salaires dans le secteur des services ont augmenté considérablement ces dernières années, car ils avaient fait du surplace pendant longtemps et qu’il n’y avait plus d’autres moyens de retenir la main-d'œuvre.

Gordon Stewart est le président de l'Association des restaurants de la Nouvelle-Écosse.

Gordon Stewart est le président de l'Association des restaurateurs de la Nouvelle-Écosse.

Photo : CBC / Alexander Quon

Gordon Stewart dit qu’il est de bonne guerre de voir les Albertains lancer cette campagne. Tout le monde est dans le même bateau, a-t-il dit lors d’une entrevue jeudi. Ils sont désespérés.

Il croit qu’après avoir tapissé le Canada atlantique de publicité pour attirer des travailleurs dans les champs de pétrole il y a de nombreuses années, les tentatives de l’Alberta risquent cette fois de frapper un mur.

Je ne crois pas qu'ils auront trop de succès dans notre secteur. Ceux pour qui c'est le plus facile de partir, ce sont les jeunes, et la plupart sont à l'université. Environ 70 % de notre main-d'œuvre est à l'université. Ils ne vont pas abandonner leurs études pour partir dans l'Ouest, affirme-t-il.

L'industrie des services en Nouvelle-Écosse cherche aussi à recruter de la main-d'œuvre à l'extérieur de la province. Selon Gordon Stewart, les résultats obtenus sont un autre exemple d'un obstacle qui pourrait se dresser devant les Albertains.

Quand nous publions une annonce à Toronto, nous recevons plus de réponses du Mexique et des Philippines que du Canada, et ça va sûrement continuer, dit M. Stewart.

Il estime à 5000 travailleurs les besoins immédiats en Nouvelle-Écosse, et la solution rapide ne proviendra pas des autres provinces. À court terme, ces places seront prises par des gens d'outremer, travailleurs étrangers temporaires ou immigrants qui viennent s'établir ici.

Brian Jean, le ministre albertain du Travail, de l'Économie et du Développement du Nord parle devant un pupitre.

Le ministre Brian Jean annonce le lancement de la nouvelle phase de la campagne Alberta is Calling, lundi à Canmore, en Alberta.

Photo : Radio-Canada

Selon Brian Jean, le ministre albertain des Emplois, de l’Économie et du Développement du Nord, la première phase de la campagne Alberta is Calling aurait attiré 33 000 travailleurs au 3e trimestre de la dernière année.

En plus des villes des quatre provinces de l’Atlantique, la nouvelle étape de cette campagne de marketing cible plusieurs villes de l’Ontario : Chatham, Cornwall, Hamilton, London, North Bay, Sault Ste. Marie, Sudbury, Timmins et Windsor.

Avec les renseignements d’Adrien Blanc, Héloïse Rodriguez, Colin Butler (CBC), Karina Zapata (CBC) et La Presse canadienne

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