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Des villes nord-côtières ambivalentes face à la multiplication de claims miniers

Une mine à ciel ouvert à côté d'un lac

Les mines de la Côte-Nord pourraient se rapprocher des villes côtières, à en croire la multiplication des titres miniers près du littoral. (Archives)

Photo : Rio Tinto Fer et Titane

Renaud Chicoine-McKenzie

Des municipalités nord-côtières sont ambivalentes face aux titres miniers qui se multiplient sur le territoire, alors que les besoins en certains minéraux attirent le regard de compagnies vers le littoral du fleuve Saint-Laurent, et où vivent la plupart de leurs résidents. Elles sont déchirées entre les espoirs du développement et un sentiment d’impuissance face à la Loi sur les mines, qu’elles demandent à Québec de réformer.

Parmi les compagnies minières ayant obtenu des titres miniers près du fleuve Saint-Laurent, il y a la Brunswick Exploration, qui explore notamment des terres à proximité de Baie-Johan-Beetz. Mais ce n’est pas du tout la seule: Exploration Kintivar, Oliver Friesen (le président de Gold Lion Resources) et les Entreprises Minières Globex en détiennent à quelques kilomètres de là.

Le village, ses maisons et son église.

Le village de Baie-Johan-Beetz (Archives)

Photo : Radio-Canada / Lambert Gagné-Coulombe

Ce qui les attire: le lithium, selon François Goulet, géologue pour Brunswick Exploration. Tout est à explorer. C’est du jamais vu au Québec, s'enthousiasme-t-il. On commence à faire l’inventaire des endroits où il y en a. 

Si on se précipite vers les gisements de lithium depuis quelques années, c’est parce qu’il est utile à la fabrication de batteries, donc à la transition énergétique.

Pour Brunswick Exploration, la présence de milieux résidentiels à proximité d’éventuelles explorations ne change rien. Pas du tout, affirme M. Goulet. On est toujours très conscient de toutes les parties prenantes d’où on travaille. On les tient au courant.

Or, si c’est vrai pour les propriétaires de terrains où s’activent les explorateurs, ce l’est moins pour les gouvernements municipaux, qui restent souvent dans le noir.

Voir d’un œil favorable

C’est incroyable, lâche Luc Noël. Préfet de la MRC de la Minganie, il découvre avec stupéfaction l’explosion du nombre de titres miniers de la Côte-Nord, qui est passé de 9500 à 28 500 en deux ans. C’est fort, souffle-t-il.

Deux cartes montrant les titres miniers en 2020 et en 2022 en Minganie.

Le nombre de titres a particulièrement augmenté en Minganie.

Photo : Radio-Canada

D’emblée, M. Noël se réjouit de l’intérêt que suscitent les richesses souterraines de la région. Moi ça ne m’inquiète pas, assure-t-il. C’est du développement. Si cette réaction détonne dans le concert d’appel à un moratoire sur les claims miniers, c’est que la Côte-Nord a une relation privilégiée avec l’industrie minière.

Il y a un historique minier qui est complètement différent d'ailleurs au Québec, assure le directeur général d’Environnement Côte-Nord, Sébastien Caron. Ailleurs, en Estrie ou dans les Laurentides par exemple, on assiste à un retour de l’industrie après des décennies d’absence, alors qu’elle n’a jamais quitté la Côte-Nord.

Pas question donc, pour M. Noël, d’appuyer la demande d’un moratoire sur les claims miniers. Parce qu’on vit des mines, dit-il.

Il n’aime pas pour autant la Loi sur les mines.

Le préfet de la MRC de la Minganie, Luc Noël.

Le préfet de la MRC de la Minganie, Luc Noël, a été surpris d'apprendre le nombre de titres miniers sur le territoire nord-côtier. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Front commun

Ce n’est pas un hasard si Luc Noël n’est pas au fait de l’explosion du nombre de titres miniers sur le territoire de la MRC de la Minganie. Et ce, même si c’est là, à proximité du littoral et des villages dont il est le préfet, qu’on observe la multiplication la plus frappante des titres miniers.

Rien n’oblige les compagnies à avertir les gouvernements municipaux lorsqu’elles font de l’exploration sur leurs territoires, explique M. Noël. Nous, ce qu’on voudrait, c’est que la loi soit modifiée. La frustration qu’il vit face à la Loi sur les mines, plusieurs élus municipaux la partagent selon lui.

Où on fait front commun, c’est surtout au niveau de la Loi des mines. Ils ont tous les droits et n’ont pas à nous consulter, s’indigne le préfet. Qu’on arrête de nous traiter pour des enfants. Qu’on nous donne les vrais pouvoirs qui nous reviennent.

Pour ce faire, la Loi sur les mines reste un obstacle monumental, du fait qu’elle a préséance sur les compétences municipales.

Or, des changements sont en route, selon l’avocat en droit environnemental et porte-parole de Mining Watch, Rodrigue Turgeon. La bonne nouvelle dans tout ce tableau-là, on arrive enfin à un moment charnière avec les consultations publiques sur l’encadrement minier

Celles-ci devraient avoir lieu en avril prochain, et des municipalités de partout au Québec viendront y demander davantage de contrôle sur leur territoire.

Avec les informations de Laurence Vachon

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