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Le cinéaste Claude Fournier s’est éteint

Un homme regardant à travers le viseur d'une caméra cinématographique.

Claude Fournier en action derrière la caméra (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Le cinéaste québécois Claude Fournier est décédé à l'âge de 91 ans, a indiqué sa conjointe Marie-José Raymond.

Il était hospitalisé depuis plusieurs jours à la suite d’un infarctus.

Né à Waterloo en 1931, Claude Fournier était, avec son frère jumeau Guy, l'aîné de six enfants.

Après des débuts comme journaliste au quotidien La Tribune de Sherbrooke, il a fait ses armes à l'Office national du film, où il a réalisé des documentaires tels que Télésphore Légaré, garde-pêche, Alfred Desrochers, poète et La lutte.

C'est en 1970 qu'il a signé son film mythique Deux femmes en or, qu'il a également scénarisé, et qui a obtenu un grand succès commercial, attirant deux millions de spectateurs à sa sortie. Monique Mercure et Louise Turcot y interprètent les deux femmes du titre, des voisines lasses de ne pas recevoir l'attention de leur mari et qui plongent dans plusieurs aventures sexuelles.

Par la suite, avec sa conjointe Marie-José Raymond, il a fondé la société Rose Films et lancé des films comme La pomme, la queue et les pépins, Je suis loin de toi mignonne et Les chiens chauds.

Après avoir offert une adaptation du classique de Gabrielle Roy Bonheur d'occasion en 1984, il a adapté son propre roman, Les tisserands du pouvoir, sur l'exode de familles canadiennes-françaises vers les usines de textile aux États-Unis. Il a également proposé la comédie J'en suis!, avec un jeune Roy Dupuis dont le personnage décide de se faire passer pour un homosexuel afin de travailler dans le milieu artistique.

Un homme regarde au loin avec un léger sourire aux lèvres.

Le cinéaste québécois Claude Fournier (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Son dernier film, Je n'aime que toi (2004), raconte l'histoire d'un écrivain (Michel Forget) qui s'éprend d'une prostituée (Noémie Godin-Vigneau).

Claude Fournier n'avait pas d'yeux que pour le grand écran et il a signé quelques séries télévisées au cours de sa carrière, dont Juliette Pomerleau et Félix Leclerc. Cette dernière série, présentée à Radio-Canada, avait toutefois attiré son lot de controverses et s'était même terminée par une poursuite judiciaire.

Au lendemain de la diffusion du premier épisode, le 2 mars 2005, le directeur général de la programmation télé à Radio-Canada, Mario Clément, avait déclaré lors d'une conférence de presse téléphonique qu'il s'agissait là de l'une des plus mauvaises séries qu'il ait vues à la télévision.

Le couple Fournier-Raymond avait alors reproché à M. Clément d'avoir mené un « travail de sape » à l'égard de sa série et s'était tourné vers les tribunaux. C'est ainsi qu'en octobre 2008, Radio-Canada avait été condamnée par la Cour supérieure du Québec à verser 200 000 $ en dommages et intérêts à Claude Fournier et à sa conjointe Marie-José Raymond, les deux producteurs de la série Félix Leclerc .

Francis Leclerc, le fils de Félix Leclerc, avait témoigné au procès et déclaré qu'à son avis, la réputation de son père avait été beaucoup plus écorchée que celle de Claude Fournier et de Marie-José Raymond à la suite de la diffusion de la série controversée.

Monique Mercure et Louise Turcot dans le film <em>Deux femmes en or</em>, de Claude Fournier.

Monique Mercure et Louise Turcot dans le film Deux femmes en or, de Claude Fournier

Photo : France Film/Les films Claude Fournier

Claude Fournier a également eu l'occasion de toucher à la politique municipale en se faisant élire conseiller de Saint-Paul-d'Abbotsford, en Montérégie, en 2005. Il est resté en poste jusqu'à l'élection suivante, en 2009.

Plus tard, le cinéaste s'est entièrement consacré au projet « Éléphant : mémoire du cinéma québécois », qui a permis de numériser et de restaurer plus de 225 longs métrages du patrimoine cinématographique du Québec.

Ce que j'aime le plus dans ce projet, c'est qu'une nouvelle génération de Québécois découvre des œuvres qu'elle n'aurait pas pu découvrir autrement, a expliqué Claude Fournier dans une entrevue à La Voix de l'Est, en 2009. Je reçois des messages des jeunes qui "trippent", comme ils disent, en voyant ce que notre cinéma offrait dans les années 1950, 1960 et 1970.

Claude Fournier et sa conjointe ont reçu en 2015 le prix Lise-Dandurand de l'organisme Ciné-Québec pour souligner leur travail dans ce projet.

« Comme il était quelqu’un qui se mettait très peu en avant, son plus grand plaisir c’était d’être derrière la caméra, parce que c’est là, d’après moi, où son talent remarquable s’exprimait en toute liberté. »

— Une citation de  Marie-José Raymond, conjointe de Claude Fournier

En entrevue avec Radio-Canada, Mme Raymond revient sur le film Deux femmes en or, un grand classique du cinéma québécois auquel elle a participé avec son conjoint. « Ça reste quand même un film qui parle des droits des femmes en amour. Elles ne sont pas uniquement des objets choisis par les hommes, mais des femmes qui décident. »

Louie Turcot sur une image du film <i>Deux femmes en or</i> de Claude Fournier (1970)

Le film Deux femmes en or de Claude Fournier (1970)

Photo : Cinémathèque québécoise

Dans la dernière année, M. Fournier avait régulièrement manifesté son opposition à la guerre en Ukraine et son appui au peuple ukrainien, comme l'a rappelé son ami Serge Sasseville dans un message sur Facebook.

« Je suis sous le choc. Bouleversé. Mon ami cher et mon complice de tous les jours le midi devant le consulat général de Russie est décédé, le grand cinéaste québécois Claude Fournier n'est plus de ce monde. Il avait 91 ans. Je ne peux le croire. »

— Une citation de  Serge Sasseville, conseiller à la Ville de Montréal

M. Sasseville raconte qu'il diffuse quotidiennement l'hymne national ukrainien devant le consulat russe à Montréal depuis le 15 mars 2022.

Claude était ardent, passionné. Marie-José et lui arrivaient tous les jours au volant de leur automobile bleue, un drapeau ukrainien accroché à l'une des fenêtres. Presque chaque jour, ils nous faisaient la surprise d'un nouveau bricolage peu flatteur pour Vladimir Poutine, que les employés du consulat s'empressaient de faire disparaître dès qu'ils le pouvaient, a-t-il ajouté.

Une femme parlant devant un micro de Radio-Canada.

Marie-José Raymond, conjointe de Claude Fournier.

Photo : Radio-Canada

On est nés ensemble et j’avais toujours pensé, je ne sais pas pourquoi, qu’on partira[it] ensemble. [...] Disons que c’est un coup dur, très dur, a confié de son côté son frère, l'auteur et chroniqueur Guy Fournier, visiblement très ému.

« Claude était vraiment un maniaque de cinéma, il était incapable, même avec son iPhone, de ne pas passer son temps à filmer. »

— Une citation de  Guy Fournier, frère de Claude

Selon lui, Claude Fournier « n’a pas eu toute la reconnaissance qu’il méritait » à la suite de son implication dans le projet « Éléphant », un projet « absolument remarquable, devenu [comme] un modèle pour la numérisation des vieux longs métrages ». « Il se sentait boudé par le milieu. Je ne sais pas trop pourquoi, mais c’est comme ça », a-t-il encore dit.

Le décès de Claude Fournier a également fait réagir la classe politique. Le premier ministre François Legault a salué le « grand héritage » qu'a laissé le cinéaste québécois.

Dans un tweet, le Bloc québécois a qualifié M. Fournier de « figure marquante de notre cinéma ». « Le Québec se souviendra. »

Le député de Matane-Matapédia à l'Assemblée nationale, Pascal Bérubé, a dit avoir été « marqué par la série Les tisserands du pouvoir qui se déroule en Nouvelle-Angleterre où des familles entières de Québécois s'exilent pour aller travailler dans les usines américaines ».

Claude Fournier a fait de notre culture, de notre cinéma, sa passion et le centre de ses engagements. Sans sa contribution et celle de Marie-José Raymond, Éléphant n'aurait jamais vu le jour, a de son côté tweeté l'homme d'affaires Pierre Karl Péladeau.

Au fédéral, le ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, a dit avoir éprouvé « une grande tristesse » en apprenant la mort de M. Fournier, « une icône du cinéma québécois, dont l'impact sur notre culture a été immense ».

Avec les informations de La Presse canadienne

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