•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Le ministre Charette accueilli de pied ferme à Rouyn-Noranda

Au moins une soixantaine de personnes étaient réunies devant l’hôtel Le Noranda pour réagir à la nouvelle autorisation ministérielle accordée à la Fonderie Horne par le gouvernement Legault.

Deux manifestantes déploient une banderole sur laquelle on peut lire: Nos vies valent plus que leurs profits.

Ces manifestantes ont exprimé clairement leur point de vue.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

« Trois nanos, c’est ce qu’il nous faut ». « En cinq ans, c’est aberrant ». « 15 nanos, c’est beaucoup trop ». Ce sont quelques-uns des slogans scandés par les manifestants qui attendaient de pied ferme le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, et la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, jeudi après-midi à Rouyn-Noranda.

Henriette Moreau participait au rassemblement, mais elle ne partage pas l’indignation et le mécontentement qu’affichent la plupart des manifestants. Résidente du quartier Notre-Dame, elle ressent plutôt de la peur à l’idée d’être contrainte de déménager.

Je ressens beaucoup d’angoisse, confie-t-elle. Présentement, j’habite un très beau logement à même pas 500$ par mois. Ça soulève beaucoup d’incertitude et de maux d’estomac.

Préoccupations partagées

Les préoccupations de Mme Moreau sont partagées par d’autres manifestants. C’est le cas de Denise Dion et de Guy Trudel, également résidents du Vieux-Noranda. Ils concèdent que la création d’une zone tampon n’est pas forcément négative, pourvu que cela se [fasse] dans les normes et dans les règles.

On est visés par ça [une relocalisation], mais on n’a pas reçu de documents à cet effet. On l’a appris par La Presse hier matin [mercredi], explique Mme Dion.

Celle-ci était bien visible parmi la soixantaine de citoyens réunis. Elle portait un masque à gaz de type militaire pour bien signifier son opposition au plan d’action du gouvernement Legault, dont la norme de 15 nanogrammes d’arsenic par mètre cube d’air (ng/m3).

On ne voulait pas servir de bouclier aux 3 nanogrammes, ajoute Guy Trudel. Par contre, ce qui m’horripile un peu, c’est qu’ils ne réussissent pas à baisser en bas de 15 [nanogrammes] malgré le projet de déplacer un quartier complet.

Une dame exprime son désaccord en gesticulant.

Des manifestantes et manifestants en avaient long à dire concernant l'annonce du gouvernement.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Pas besoin d’être un manifestant pour s’indigner. Ghislain Michaud, 71 ans, n'a pas participé à la manifestation, mais il habite en face de la Fonderie Horne depuis 1960. La perspective d’un déménagement et d’une délocalisation l’indigne. Il tient à rester dans la demeure familiale, dans l’espoir de pouvoir la léguer un jour à son fils d’une cinquantaine d'années.

Tu me vois-tu déménager à mon âge?, lance-t-il. Mon garage en arrière, il fait 30 pieds par 40 pieds, c’est plein de stock là-dedans en plus.

Mécanicien à la retraite et ancien employé de la mine Noranda, M. Michaud ne craint pas les émissions polluantes émises par la Fonderie Horne.

De l’arsenic, il y en a partout. Il y en a dans le sol, plaide-t-il. J’aime mieux vivre ici qu’à Montréal.

Des gens manifestent sur un trottoir en brandissant des affiches.

On a pu voir des affiches plutôt évocatrices lors de la manifestation devant l'hôtel Le Noranda.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Pas juste le logement

Les préoccupations des manifestants dépassent l’enjeu de la zone tampon puisque des manifestants s’insurgent contre la nouvelle autorisation ministérielle accordée à la Fonderie Horne par le gouvernement Legault.

Tenez-vous debout devant Glencore, monsieur le ministre! Arrêtez de faire comme si vous faisiez votre possible. Vous ne le faites pas. Vous avez le pouvoir d’exiger l’atteinte des normes pour le bien-être de la population. Faites-le!, clame Sylvie Nicole, enseignante au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.

Elle aussi était bien visible à la manifestation, dans la mesure où elle était accompagnée par une dizaine de ses étudiants. Comme d’autres, Mme Nicole ne comprend pas pourquoi la Fonderie Horne se voit imposer l’atteinte d’une norme de 15 ng/m3 d’ici cinq ans, et non pas la norme québécoise actuellement établie à 3 ng/m3.

Même son de cloche du côté de Jean Garant, qui dénonce l’opacité du ministère de l’Environnement.

Ce n’est pas ce que la population avait dit en s’exprimant aux audiences publiques. C’est trop peu et c’est trop tard. Ça ne fonctionne pas. On est écœurés. On n’a pas été écoutés, avance-t-il.

M. Garant considère l’expropriation de citoyens comme un constat d’échec, car il préférerait que la pollution émise par la Fonderie Horne soit réduite à la source.

Un projet de 8 ans compressé en 5, dit la Fonderie Horne

Pendant ce temps, à la Fonderie Horne, la direction de l'usine a affirmé qu'elle allait faire tout en son pouvoir afin de respecter les seuils exigés par le gouvernement.

On va mettre tous les efforts possibles pour les rencontrer [les exigences]. On a de l’ingénierie, on a plus de 100 personnes qui travaillent pour rencontrer ces échéanciers. Il y a toujours des impondérables dans la vie, mais on a déployé toutes les équipes pour ce faire, elles sont mobilisées, les projets sont en place, le tout est lancé, autant au niveau de l'équipe interne que les gens qu’on implique à l’extérieur, les consultants et les entrepreneurs, a assuré Marie-Élise Viger, directrice environnement pour les opérations cuivre de Glencore en Amérique du Nord.

Marie-Élise Viger, plusieurs micros sous le nez, répond aux questions des journalistes.

Marie-Élise Viger, directrice environnement des opérations cuivre pour Glencore en Amérique du Nord.

Photo : Radio-Canada / Mélanie Picard

Pour appuyer ses dires, Mme Viger a souligné que le projet mis de l’avant par l'entreprise en est un de huit ans qui a été compressé en cinq ans. Techniquement, on ne peut pas le compresser plus que ça, a-t-elle affirmé. C’est pourquoi nous avons mis des projets transitoires en fonction qui vont venir réduire les émissions plus rapidement en attendant que l’on puisse construire la nouvelle section d’usine avec le nouveau procédé qui a été développé.

À cet égard, le ministre Charette fait valoir que les équipes de son ministère ont procédé à une analyse rigoureuse pour s'assurer d'exiger le maximum de Glencore sur tous les aspects relatifs à la qualité de l'environnement.

En ce qui concerne les normes applicables aux métaux lourds dans l’air, les rejets des eaux usées et le suivi des matières qui sont traitées par la fonderie, l’autorisation délivrée à Glencore pour les années 2023 à 2028 est donc renforcée sur tous ces aspects. Les nouvelles exigences sont plus strictes et conformes aux recommandations de la Santé publique, a-t-il soutenu.

La ministre Laforest: « Un délai réaliste de 2 ou 3 ans »

De son côté, la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, a mentionné qu'un délai réaliste pour réaliser la construction de nouvelles résidences et de nouveaux logements est de deux ou trois ans environ. C’est Glencore, pour la Fonderie Horne, qui procédera, à ses frais et de gré à gré, à l’acquisition progressive des terrains et des bâtiments pour créer la zone tampon, tout en respectant la valeur marchande. Tous les résidents seront contactés sous peu ou ont été déjà été contactés, a-t-elle fait observer.

Pour sa part, la mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire, a signalé ceci: On ne parle pas ici d’un quartier, mais de pouvoir donner aux citoyens des alternatives, des choix. Il y a déjà des endroits d’identifiés où il sera possible de construire des immeubles à logements, d’autres secteurs pour des maisons unifamiliales. Le processus est déjà entamé.

Sur ce projet de déplacer un quartier, Marie-Élise Viger a rappelé que c’était l’idée de la Santé publique d'instaurer une zone tampon.C’est rendu très rare de voir une industrie aussi proche de la communauté. Nous avons dit qu’on allait collaborer à ce plan et c’est ce qu’on fait, a mentionné la dirigeante de la fonderie.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...