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Bientôt un plan d’action pour attirer des immigrants dans les régions rurales bilingues

Brigitte Léger est souriante.

Brigitte Léger est coordonnatrice en gestion municipale de l'immigration économique à l'AMBM.

Photo : Radio-Canada / Adam Yadaoui

La spécialiste en immigration francophone Brigitte Léger explique de quelle façon le premier Forum municipal en immigration économique, qui se tient depuis jeudi à Winnipeg, pourrait aider à renforcer l’immigration dans les régions rurales bilingues du Manitoba.

En marge de l’événement, Radio-Canada s’est entretenu avec celle qui est maintenant la coordonnatrice de la gestion municipale en immigration économique pour l’Association des municipalités bilingues du Manitoba (AMBM).

En quoi consiste cette première stratégie en immigration de l'AMBM?

C’est un projet qui a commencé il y a presque deux ans. L’AMBM a consulté les municipalités membres pour parler de l'immigration et savoir où elles étaient rendues.

On sait que l'immigration est très bien développée à Winnipeg, mais cette stratégie a vraiment une lentille régionale : la réalité est très différente en région et d'une municipalité à l'autre. L’idée, donc, c’est d’identifier où il y a un manque et comment l’AMBM peut appuyer les municipalités.

Quels sont les défis que vous avez constatés au cours de vos échanges avec les municipalités?

On a réalisé que beaucoup de communautés sont déjà prêtes à accueillir des immigrants. Pour d’autres, par contre, c’est vraiment le début des discussions. On parle donc d'infrastructures, de manque de logements, de connectivité Internet et cellulaire, du transport... Les gens peuvent se sentir isolés et tous ceux qui arrivent ne peuvent pas forcément s'acheter un véhicule.

Un défi qui revient tout le temps, c’est le manque de main-d'œuvre. On l’entend partout! Il faut s’interroger sur l'endroit où vont vivre ces immigrants une fois arrivés pour pourvoir les postes. On tente donc de développer des stratégies uniques pour chaque municipalité, de présenter les meilleures pratiques, et d'aller voir ce qui existe au Manitoba.

La stratégie est maintenant développée. Quelle est la suite?

On développe un plan d’action. C’est le but du forum de ces deux jours. Notre clientèle, ce sont les élus municipaux et les administrations des villages.

La discussion porte essentiellement sur trois thèmes : logement abordable, transport et connectivités. Il faut travailler avec les municipalités pour qu’elles s’assurent qu’avant de faire venir des gens, elles sont prêtes à les accueillir.

C’est vrai qu’autrefois, on a essayé de faire venir des immigrants en région avant d’être prêt. C'est bien beau de dire qu'il y a un logement, mais il faut que ce soit des logements adéquats. Quand on accueille des familles, ce ne sont pas des sous-sols de maison et juste avoir des lits et quatre murs. C'est important que ces gens-là se sentent comme faisant partie d'une communauté, qu’ils soient acceptés par tout le monde.

Il y a toute une préparation à faire, et c'est vraiment avec ça qu'on va commencer avec les communautés.

En quoi cette stratégie pour attirer des immigrants dans les petites municipalités bilingues pourrait-elle changer le ciblage du recrutement des immigrants?

Les communautés se demandent toujours pourquoi quelqu'un irait y vivre, alors qu’elles sont situées par exemple à 1 heure 30 minutes de Winnipeg. Il y a des gens intéressés, mais il faut aller recruter les bonnes personnes qui ont déjà une vie rurale dans leur pays.

Les communautés rurales ont tellement à offrir aux bonnes personnes, mais ce n’est pas tout le monde qui veut cette vie plus tranquille. Ce n'est pas en allant recruter à Paris, à Londres ou dans de grandes villes qu'on trouvera les bonnes personnes, mais en allant recruter au rural aussi.

Il faut aussi apprendre aux municipalités à se vendre et à trouver les raisons pour lesquelles les gens qui s’y sont installés ont fait ce choix et y sont restés.

Est-ce que cela veut dire qu’il pourrait y avoir des salons comme Destination Canada qui pourraient être organisés dans des régions rurales à l’étranger?

Pas forcément un forum Destination Canada, parce que c'est le fédéral qui est derrière.

Cependant, des forums ou des salons que le Manitoba, que l’AMBM ou que le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba (CDEM) organiseraient et qui seraient faits dans des secteurs ruraux à l'étranger, c'est assurément une des choses qui pourraient un jour être mises en place.

On pourrait travailler avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada par rapport à ça. C'est tout à fait possible de demander au gouvernement fédéral de nous aider à organiser, à travers des ambassades de différents pays, des campagnes de promotion en région.

Au-delà du recrutement en région à l’étranger, il faut aussi trouver des personnes qui sont prêtes à occuper des emplois propres à ceux qu’on trouve dans nos régions rurales…

Exactement, et il faut qu’on fasse de la sensibilisation auprès de nos municipalités pour qu’elles identifient vraiment les besoins en main-d'œuvre de chaque région, ainsi que les occasions de création d’entreprises ou celles qui sont à vendre. Encore une fois, il faut identifier les bons immigrants, et, dans ce cas-ci, ceux qui seront en mesure de s’intégrer au marché local du travail.

Puisque le CDEM gère avec la province la stratégie francophone du Programme candidat du Manitoba, il y a un bassin de demandeurs dans lequel il y a des milliers de personnes francophones. Est-ce que ça ne serait pas logique, éventuellement, que notre communauté francophone ait plus de contrôle sur la sélection de ces immigrants-là?

À l'heure actuelle, c'est la province qui fait la sélection, mais on ne peut pas juste dire à la francophonie : Ça va, sélectionnez vos immigrants. Il faut avoir les statistiques derrière, et la réalité en région est différente de la réalité à l'urbain.

En fin de compte, il faut travailler à promouvoir le besoin spécifique de nos municipalités et sélectionner des candidats qui répondent effectivement aux besoins réels, en temps réel, concernant les emplois qui existent.

C'est le genre de stratégies sur lesquelles on veut se concentrer.

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