58 M$ pour une zone tampon à Rouyn-Noranda : Québec assure ne pas accommoder Glencore

Une zone tampon sera aménagée autour de la Fonderie Horne de Rouyn-Noranda.
Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir
Glencore rachètera 82 immeubles à proximité de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda. Quelque 200 ménages seront ainsi relocalisés dans un nouveau quartier résidentiel financé entièrement par Québec, à hauteur de 58 millions de dollars. Cette somme couvrira aussi les frais de relocalisation des résidents du quartier Notre-Dame.
Le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) soutient que les négociations se feront de gré à gré avec Glencore, propriétaire de la fonderie. La valeur marchande des immeubles sera par ailleurs établie par un inspecteur mandaté par l’entreprise.
Des représentants du MAMH soutiennent que les investissements de Québec n’ont pas pour objectif d'accommoder la Fonderie Horne, mais plutôt de soutenir les citoyens concernés.
Un comité de travail sera mis en place pour appuyer les résidents dans ces négociations. Le comité sera piloté par Johanne Jean, ancienne rectrice de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. La gestion sera assurée par la Ville de Rouyn-Noranda, mais des représentants du MAMH en feront aussi partie.
Les résidences achetées seront par la suite démolies, aux frais de Glencore, afin d’y installer un écran vert
entre l’usine et le reste de la municipalité.
Ça va bien se passer
, dit le député local
Pour l’instant, aucune modalité n’est prévue dans le cas où des résidents refuseraient de quitter le périmètre de la nouvelle zone tampon entre la Fonderie Horne et le reste de la Ville de Rouyn-Noranda.
Le député de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Daniel Bernard, va même jusqu’à garantir que tout le monde sera relocalisé.
« Je vous assure que ça va bien se passer. C’est un quartier défavorisé, et là, on va leur offrir quelque chose de mieux. »
Ghislain Michaud habite juste à côté de la Fonderie Horne depuis 1960,. C’est la maison où il a grandi. Il assure pourtant ne pas vouloir quitter sa résidence.
Je ne suis pas intéressé à déménager, surtout à mon âge. Je vais avoir 72 ans et ma femme a 73 ans
, explique-t-il en précisant ne pas être inquiet par les émissions de l’entreprise, puisque lui et sa femme sont en bonne santé.
Tu me vois déménager à mon âge? Mon garage en arrière, il fait 30 pieds par 40 pieds, c’est plein de stock là-dedans en plus
, ajoute-il en mentionnant qu’un déménagement lui demanderait beaucoup trop d’énergie. Son fils souhaite aussi reprendre la maison familiale à la suite de son décès.
Les citoyens concernés pourront demeurer dans leur résidence jusqu’à ce que la construction du nouveau quartier soit finalisée. Un échéancier flexible de deux à trois ans a été présenté à cet effet.
Le MAMH
annonce également que Québec s’assurera que les locataires payeront le même loyer que ce qui était prévu dans leur résidence du quartier Notre-Dame. La construction de logements sociaux et abordables est aussi prévue dans l’éventuel nouveau quartier, dont le lieu précis est toujours inconnu.Plusieurs locaux commerciaux se trouvent dans le périmètre de l’éventuelle zone tampon établie par Québec. Des discussions devront donc avoir lieu avec les propriétaires de ces immeubles afin d’identifier des mesures particulières.
La Ville de Rouyn-Noranda aurait d’ailleurs déjà contacté tous les résidents affectés par le projet de relocalisation afin de les rencontrer un à un. L’objectif est d’identifier leurs besoins, notamment en termes de transport, de proximité au lieu de travail et de places en garderie.
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D’autres mesures de cohabitation
Une somme de 30,3 millions de dollars est aussi prévue pour différentes mesures de cohabitation, portant le total des investissements du gouvernement Legault à 88,3 millions de dollars dans ce projet.
Premièrement, un comité de vigie indépendant sera mis en place, composé de scientifiques, de représentants citoyens et de membres des communautés autochtones. Le rôle de ce comité sera de suivre les travaux de la Fonderie Horne et de vulgariser l’information recueillie afin de la rendre disponible au grand public. Aucun échéancier n’a été présenté pour sa création.
Un observatoire de recherche sera aussi créé à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue dans le but d’approfondir les connaissances sur les impacts des émissions polluantes sur la santé et sur l’environnement. Cet observatoire, qui sera également chargé d’évaluer les nouvelles technologies dans le domaine métallurgique, produira des recommandations aux différentes autorités dans ce dossier.
Une somme de 16,1 millions de dollars sera allouée au soutien du développement local, sous la forme d’une subvention à la Ville de Rouyn-Noranda. Un projet de réhabilitation du lac Osisko, situé près de la Fonderie Horne, sera notamment engrangé afin d’y développer un pôle touristique.
Des efforts d’amélioration de l’image de la municipalité seront aussi déployés, dans l'espoir de pouvoir favoriser l’attraction de main-d’œuvre.
Aucun échéancier précis n’a cependant été établi par le MAMH pour l’ensemble de ces mesures.