Blocage du tunnel L.-H.-La Fontaine : trois Farfadaas reconnus coupables

L'ancien chef du groupe identitaire La Meute et actuel chef des Farfadaas, Steeve L’Artiss Charland, sa conjointe Karol La Louv Tardif et Mario Roy ont été reconnus coupables sur toute la ligne.

Jugé comme l'instigateur du blocage, Mario Roy, un leader antimasque qui ne se décrit plus ainsi, avait déjà bloqué le tunnel le 20 décembre 2020.

M. Roy va porter sa cause en appel, a-t-il dit en sortant de la salle d’audience.

Il risque maintenant d'écoper d'une peine de prison allant jusqu'à deux ans moins un jour, a laissé entendre l'avocat de la Couronne, Me Martin Bourgeois. Le juge a semblé écarter la possibilité d'une peine de prison pour Steeve Charland et Karol Tardif.

Me Bourgeois a souligné que le verdict a pris en compte la dangerosité [de bloquer] un pont-tunnel d'où personne ne peut sortir.

Pris dans le tunnel

L'avocat a évoqué le témoignage d'automobilistes pris dans le tunnel et l’impact que ça avait eu sur les personnes de se sentir dans un endroit clos, à la noirceur, prises sans savoir ce qu’il en était. Quand on fait l’analyse, je crois que c’est un élément qui est important.

Le soir du 13 mars 2021, des militants antimasques avaient arrêté leurs véhicules en plein milieu du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, bloquant les trois voies en direction nord.

Un des véhicules avait fait jouer la chanson Coupe le câble, de Steeve L'Artiss Charland, devenue en quelque sorte l'hymne des Farfadaas pendant la pandémie.

Devant ce coup d'éclat, un automobiliste impatient était sorti de son véhicule armé d'un marteau et avait fracassé les lumières de véhicules qui bloquaient la circulation. La scène a été filmée et mise en ligne sur les réseaux sociaux.

Contre la brutalité policière, dit Roy

Le coaccusé a critiqué la couverture médiatique du blocage, plaidant qu’il ne s’agissait pas d’une manifestation contre les mesures sanitaires, mais bien d’une opposition à la brutalité policière : On a manifesté, pour moi c’est un droit légal, pis je regrette pas du tout d’avoir manifesté pour dénoncer la brutalité policière..

C’était pas pour faire suer la population, assure-t-il, mais bien pour « dénoncer les réalités de ce qui se passait.

Un mal nécessaire, a soutenu M. Roy, mais qui n’a pas reçu le même accueil que d’autres blocages.

« Il y a eu des manifestations dans le passé [...] des infirmières qui ont bloqué le pont Jacques-Cartier pis le pont de Québec simultanément, pis y ont pas eu d’accusation. Pourquoi nous autres on en aurait eu [des accusations]? »

Interrogé pour savoir s'il compte organiser un nouveau blocage, M. Roy a dit qu'au besoin [...] c’est sûr que ça va se refaire, différemment, mais en beaucoup plus gros.

Un ex-Farfadaa a admis sa faute

À l'ouverture du procès, début janvier, un des accusés, l'ex-Farfadaa André Desfossés, avait plaidé coupable à une accusation réduite de méfait. À la suite de cette réponse, la Couronne avait retiré l'accusation de complot qui pesait contre lui.

Un autre coaccusé, Tommy Rioux, a été acquitté en cours de procès. Le dernier membre des Farfadaas présents lors du blocage est Michel Jr Deshaies, décédé durant l’été 2022.

La prochaine comparution aura lieu le 19 avril.

Avec les informations d'Elyse Allard