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Les popotes roulantes crient famine

Elles demandent 10 millions de dollars au gouvernement provincial afin de répondre à une demande grandissante

Deux benevoles de La Baratte, Laurie Gubrissa et André Létourneau

Deux benevoles de La Baratte, Laurie Gubrissa et André Létourneau

Photo : Radio-Canada / Alexandra Duval

Alexandra Duval

Depuis trois ans, la demande pour la préparation et la livraison de repas chauds pour les aînés en perte d’autonomie a augmenté de plus de 30 %. Le Regroupement des popotes roulantes du Québec réclame un financement de plus de 10 millions de dollars pour continuer à assurer ce service indispensable. D'autant plus que la demande ne fera qu’augmenter avec le vieillissement de la population.

André Létourneau est bénévole depuis deux ans pour les popotes roulantes dans l’arrondissement Sainte-Foy, à Québec. Les gens m’attendent, ils ont hâte de me voir. Ça me fait plaisir. C'est ma paie de la journée, dit-il, quelques minutes avant de commencer ses livraisons de repas.

Sa tournée commence par un premier arrêt chez Monique Dionne, 88 ans. Quand elle ouvre la porte, son sourire témoigne de l'importance de cette livraison.

Vous, vous êtes indispensables pour moi, vous êtes ma survie. Belle journée! C'est gentil.

« Souvent ce sont des personnes qui vivent seules. Elles sont contentes de nous voir. Il y en a qui veulent qu'on jase plus longtemps. Mais là, je veux jaser, mais j'ai une route à faire. »

— Une citation de  André Létourneau, bénévole, La Baratte

Et sa route est de plus en plus longue. Dans ce secteur de la Ville de Québec, c'est l’organisme La Baratte qui cuisine les repas pour la popote roulante. Avec la pandémie, la demande est passée de 15 à 150 repas par jour, 5 jours par semaine.

Le directeur général de La Baratte, Philippe Hamel, entouré de son équipe.

Le directeur général de La Baratte, Philippe Hamel, entouré de son équipe.

Photo : Radio-Canada / Alexandra Duval

Le directeur général, Philippe Hamel, sait que l’organisme fait partie de la solution pour le maintien des aînés à domicile. C'est une centaine de personnes qui ne sont pas allées dans des résidences ou des CHSLD dans les deux dernières années. Ç'a une valeur [...] et ça devrait en avoir une au sein du financement et des gouvernements.

Les repas coûtent 8,75 $ aux bénéficiaires, pour une soupe, un plat principal et un dessert.

Forte augmentation

À l’échelle provinciale, la demande a augmenté de plus de 30 %.

La pandémie a fait en sorte que plusieurs proches aidants et plusieurs aînés ont décidé de prendre le service des popotes roulantes, car en plus de la livraison de repas, c’est aussi un service de vigie. Nos bénévoles s'assurent que les aînés vont bien, qu’il n’y a pas de changements dans leur situation, explique la directrice générale du regroupement des popotes roulantes, Karine Robinette.

Pour suffire aux besoins grandissants, le regroupement demande plus de 10 millions de dollars auprès du gouvernement provincial. L'augmentation du prix des aliments et de l'essence affecte les 300 popotes au Québec.

Actuellement, les organismes reçoivent entre 1,75 $ et 2,90 $ par repas en subvention. Ils ont besoin de 2,50 $ de plus.

« La récurrence d’un montant assurerait une meilleure stabilité. Je pourrais me concentrer pour offrir un meilleur service, recruter des bénévoles, au lieu d'être toujours en train de courir après l'argent, d'appeler le député, Desjardins, pour essayer de gratter à gauche à droite. »

— Une citation de  Philippe Hamel, directeur général de La Baratte

En attente de réponses

L’année dernière, les popotes roulantes ont livré plus de 4 100 000 repas à près de 75 000 personnes âgées en perte d’autonomie. Le prix moyen était de 6,68 $.

Ça fait plusieurs années qu'on sonne l'alarme au gouvernement. Pendant la pandémie, le gouvernement nous a dit à quel point notre service était essentiel pour le maintien à domicile. Maintenant, on veut plus que des paroles, on veut des actions. On ne veut pas que les aînés paient, explique Karine Robinette.

Une dizaine de popotes roulantes ont dû fermer en 2021, par manque de financement.

On veut aussi empêcher que des aînés se retrouvent sur une liste d'attente. Car un aîné sur la liste d'attente, c'est un aîné qui n'a pas accès à une saine alimentation, à la sécurité alimentaire et à la vigie qui vient avec le service.

La ministre déléguée à la Santé et aux Aînés, Sonia Bélanger, n'a pas donné suite à nos demandes d'entrevue.

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