En attente d’une décision sur le moratoire, l’UPM réclame un accès limité au maquereau

Le maquereau demeure l'appât de choix pour inciter les crustacés à entrer dans les cages des pêcheurs.
Photo : Merinov
Les industries du homard et du crabe des neiges sont suspendues aux lèvres de la ministre fédérale des Pêches et des Océans (MPO), Joyce Murray. Elle doit annoncer sous peu si elle reconduit pour une deuxième année le moratoire régional sur la pêche au maquereau.
Cette décision avait été prise en 2022 dans le but de reconstituer la population épuisée de ce poisson prisée comme appât pour la pêche au homard et au crabe des neiges.
Si la ministre demeure sur ces positions en 2023, cela pourrait causer des problèmes d’approvisionnement d’appât pour les pêcheurs, prévient Luc Leblanc, conseiller aux pêches à l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM).

les pêcheurs de homard et de crabe des neiges ont besoin d'une quantité importante de maquereaux pour leurs appâts.
Photo : Gurcan Ozturk/AFP/Getty Images
Pour contourner le problème, l’UPM suggère à la ministre de mettre en place un accès limité au maquereau.
Nous en avons parlé à la ministre et nous attendons sa réponse
, a indiqué Luc Leblanc au micro de La matinale jeudi.
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Deux appuis majeurs
Dans ce dossier, les pêcheurs ont reçu deux importants appuis, soit ceux du député d’Acadie-Bathurst Serge Cormier et du Comité permanent des pêches et des océans de la Chambre des communes.
À travers 28 points dans une lettre présentée à la ministre Joyce Murray en février, le comité plaide en faveur d’une réouverture de la pêche au maquereau bleu en tant que poisson-appât, de la gestion du stock, de la recherche de d’autres sources d’appât, de l’aide pour les collectivités côtières affectées et d’un meilleur suivi scientifique.

Serge Cormier, député d'Acadie-Bathurst, appuie la demande d'une pêche au maquereau limitée au poisson-appât.
Photo : Gracieuseté : FaceTime
On sait que c’est une ressource en difficulté et qu’il faut faire très attention. C’est pourquoi on souhaite une réouverture partielle pour le poisson-appât avec une pêche responsable, stricte, contrôlée et transparente
, a prétendu le député libéral d’Acadie-Bathurst.
Serge Cormier en a profité pour lancer quelques flèches à certains fonctionnaires du ministère des Pêches et des Océans qui sont, à son avis, déconnectés de la réalité des pêcheurs. Il dénonce notamment le peu de temps accordé aux pêcheurs pour faire face à l’annonce du moratoire en 2022.
Les pêches sont mal gérées. J’entretiens de sérieuses inquiétudes sur comment sont gérées les pêches au bureau de Moncton et à Ottawa.
Pas encore de décision au MPO
Jeff Woodland, du service des communications du MPO, confirme qu’aucune décision n'a encore été prise pour 2023. Une décision sera prise à l'issue des processus scientifiques et de consultation, ajoute-t-il.
Il soutient que les données scientifiques sont claires et démontrent que le stock de maquereau se trouve dans la zone critique, et ce, depuis plus d'une décennie
, en raison d’un effondrement de la structure d'âge du maquereau, ce qui constitue également un facteur de risque grave.
Sans la santé des stocks d’espèces fourragères comme le maquereau, l’écosystème océanique risque de s'effondrer. Cela mettrait en danger d'autres pêcheries du Canada atlantique
, a-t-il répondu.
Des stocks mal en point
L’UPM reconnaît que les stocks de maquereau et de hareng, deux sources d’appât, se portent mal. Un accès limité à cette ressource serait, de l’avis de son porte-parole, pratique pour les pêcheurs et intéressant au point de vue scientifique pour le ministère des Pêches et des Océans, qui dépend des débarquements commerciaux pour évaluer l’état de la ressource.
Un autre moratoire signifierait des dépenses importantes pour les pêcheurs côtiers et les crabiers.
L’an dernier, le prix du maquereau a grimpé en flèche en raison de la décision du MPO et on s’attend à la même chose cette année du côté de l’UPM.
Le meilleur dédommagement est de nous donner accès au poisson. L’an dernier, nous avions accès au stock de 2021. Mais cette année, on ne peut pas avoir accès au stock de 2022. On s’enligne vers un problème particulier
, craint-il.
Pêche permise aux États-Unis
Autre source de problème : alors que le Canada impose un moratoire régional sur la pêche au maquereau, les États-Unis, eux, ont autorisé une pêche au maquereau en 2022 - à capacité réduite - et le feront encore cette année. Les Américains pêchent le même stock avant d’arriver au Canada.
J’étais profondément préoccupée par le niveau de pêche des Américains quand il était clair que c’était un stock qui est en crise
, s’est exprimé la ministre fédérale des Pêches et des Océans Joyce Murray pendant son passage au Boston Seafood Expo North America.

La ministre des Pêches et des Océans, Joyce Murray, s'est présentée au Boston Seafood Expo North America.
Photo : Paul Withers/CBC
Il y a des répercussions sur l’abondance des pêches qui échappent à notre contrôle au Canada, ce qui fait qu’il est plus important d’agir sur ce que nous contrôlons.
Un élément important de l’écosystème
La ministre Murray a expliqué qu’aucune décision n’a été prise, mais que les scientifiques du ministère soutiennent que le maquereau demeure dans la zone critique
- où des dommages graves se produisent - et qu'il n’y a aucun signe qu’un changement s’en vient.
Ce que je m’engage à faire est de travailler pour assurer la durabilité du stock.
Le maquereau est un élément important de l’écosystème. Il s’agit d’un aliment important pour d’autres stocks très précieux, de sorte que l’abondance durable du maquereau est importante pour l’ensemble de l’écosystème
, a-t-elle ajouté.
Outre son utilité reconnue comme appât pour les pêcheurs de homard et de crabe des neiges, le maquereau est une importante source de nourriture pour d’autres espèces, y compris les phoques, les oiseaux de mer, les baleines et d’autres poissons.
Avec des informations de La matinale, Nicolas Steinbach et de CBC