Des familles autochtones et noires réclament justice face à la brutalité policière

Laura Holland témoigne de sa peine d'avoir perdu son fils Jared sous les balles de la police.
Photo : Radio-Canada / Ben Nelms (CBC)
Des dizaines de personnes se sont réunies dans le Downtown Eastside à Vancouver pour dénoncer la brutalité policière dont sont victimes les Autochtones et les Noirs en Colombie-Britannique et au Canada.
Plusieurs familles ont témoigné de ce qu’elles ont vécu en perdant un proche sous les balles ou les actes de la police. Entre larmes et cris, les émotions étaient vives.
Éprouvées, mais déterminées à ce que justice soit rendue, les familles et toute personne touchée de près ou de loin ont dénoncé ces actes avec véhémence.
26 ans de lutte contre la brutalité policière
En cette Journée internationale de lutte contre les violences policières, définie comme l'utilisation excessive de la force par la police par la professeure en sciences politiques à l'Université de Victoria, Michelle Bonner, ce rassemblement voulait rendre hommage à Jared Lowndes et à une centaine d’autres victimes qui sont d'origine autochtone pour la plupart.
Membre de la nation Wet’suwet’en, Jared Lowndes a été tué dans une altercation survenue avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à Campbell River le 8 juillet 2021. Sa mère, Laura Holland, raconte que depuis sa mort, cela a été un long combat, tant pour sa famille que pour les nombreuses autres
.
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Justice et honneur
« Ils abattent et tuent nos filles et les laissent dans les rues. Ils abattent et tuent nos fils et les laissent pendant 12 heures en plein dôme de chaleur. »
Plusieurs mouvements dénoncent ces actions demeurées impunies. Justice for Jared, explique Laura Holland, représente le combat d’une seule famille alors que plusieurs autres réclament aussi justice
. Le mouvement rassemble des familles des quatre coins du Canada qui ont perdu un être cher dans les mains de la police.
C’est sur le fond d’une exposition haute en couleur, contrastant avec le récit sombre des témoignages, que les uns et les autres ont choisi de marquer cette journée internationale. Pour la seconde année, Honour Their Names (Honorer leurs noms) est présenté à la galerie Gachet au cœur du Downtown Eastside, pour se rappeler les noms des victimes et éviter qu’elles ne tombent dans l’oubli.
C'est mal. Nous devons changer cela. Regardez ces noms, les familles attachées à chacun de ces noms, aux communautés! Nos enfants voient cela et pensent qu'ils peuvent être abattus et que personne ne sera tenu responsable
, a déclaré avec force Laura Linklater, co-créatrice de l’exposition. Comme la majorité des gens présents à la galerie Gachet, elle a critiqué le travail du Bureau des enquêtes indépendantes de la Colombie-Britannique (IIO ).
63 décès sous la loupe en 2022
Cet organe, précise sa porte-parole Rebecca Whalen, a pour mandat d'enquêter sur les incidents impliquant la police qui entraînent des blessures graves ou la mort; cependant, cela ne signifie pas que tous les décès sur lesquels enquête le bureau sont des décès causés par la police
.
En 2021, 56 décès sont passés sous la loupe du Bureau. En 2022, ils étaient au nombre de 63. Entre le 1er janvier et le 8 février 2023, l’IIO
a enquêté sur trois décès. Dans son dernier rapport, le Bureau des enquêtes indépendantes rapporte une surreprésentation des communautés autochtones dans ses enquêtes.La professeure Michelle Bonner souligne les défis de reconnaître les responsabilités judiciaires des actions de la police
et d'une difficulté rencontrée dans beaucoup de pays, dont le Canada
.
L’union fait la force
Pour le grand chef de l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (UBCICla brutalité policière est un dénominateur commun à plusieurs groupes
, comme celui des femmes autochtones disparues et assassinées ou encore le regroupement Black Lives Matter.
Il croit qu’il est temps de joindre tous les efforts en un grand mouvement qui aura un écho percutant.
« Nous devons créer un mouvement qui doit rassembler tout le monde. [...] Nous devons marcher dans les rues des grandes villes par centaines de milliers. Et nous devons le faire plus qu’une fois par an. »
Par ailleurs, Stewart Phillip estime qu’il faut jeter ces bâtards racistes en prison et les poursuivre
. Le grand chef a dénoncé l’héritage d’une police raciste au Canada
aussi bien au niveau municipal que fédéral avec la GRC .
En unifiant les différents regroupements, un mouvement puissant sera mis en place et apportera un réel changement
, a-t-il lancé devant une foule acquise à la cause.