L’ex-felquiste Jacques Cossette-Trudel est décédé
La mort de Pierre Laporte avait profondément bouleversé Jacques Cossette-Trudel. « J'ai eu honte d'appartenir au FLQ à partir de ce moment-là », avait-il raconté.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
L'ancien militant du Front de libération du Québec (FLQ) Jacques Cossette-Trudel est décédé. L'homme de 76 ans a succombé à une brève maladie, a-t-on appris mercredi.
L'ancien felquiste et son ex-femme Louise Lanctôt avaient tous deux été condamnés pour l'enlèvement et la séquestration du diplomate britannique James Richard Cross, élément déclencheur de la crise d'Octobre, en 1970.
Ayant négocié la libération de l'otage en échange d'un sauf-conduit pour Cuba, Jacques Cossette-Trudel avait, tout comme son ancienne conjointe, passé près de huit ans en exil dans les Caraïbes et en France avant de revenir au Québec pour faire face à la justice.
Âgé de 23 ans au moment des faits, il avait ensuite rejeté le recours de la violence en même temps que d'autres membres influents du mouvement indépendantiste.
Il a été arrêté dès son retour au Québec, en décembre 1978, et a plaidé coupable avec circonstances historiques atténuantes
aux accusations de complot, d'enlèvement et de séquestration. Il a été condamné à deux ans moins un jour de prison et à trois ans de privation de liberté civique et politique.
Jacques Cossette-Trudel a fait carrière dans le monde des communications après une brève période d'incarcération, de 1978 à 1980.
Il a également écrit et réalisé Une Révolution tranquille – Une histoire populaire du Québec (1960-1980), une série documentaire de quatre heures parue en 2000.
Un leader étudiant
Avant d'intégrer le FLQ, Jacques Cossette-Trudel a été leader du mouvement contestataire étudiant au Cégep de Maisonneuve, qui luttait en 1968 et en 1969 pour la démocratisation du système scolaire québécois.
Jacques Cossette-Trudel est entré au FLQ après la crise étudiante et l’occupation des cégeps à la fin des années 1960.
Photo : Allô Police
Il est très actif sur les campus. […] Il est très sensible aux idéaux du NPD. C’est quelqu'un de gauche, mais une gauche un peu intellectuelle. […] Il a beaucoup de charisme et beaucoup de puissance
, raconte le journaliste Marc Laurendeau, qui a rencontré à trois reprises M. Cossette-Trudel au cours de sa carrière.
Une crise qui fascine encore un demi-siècle plus tard
Cinquante ans après la crise d'Octobre, Jacques Cossette-Trudel avait refait parler de lui à l'automne 2020 en affirmant, en entrevue à Radio-Canada, que son camarade Paul Rose, de la cellule Chénier, lui avait suggéré de tuer James Cross lors d'une rencontre secrète entre les deux hommes, alors recherchés par la police.
Après cette discussion avec Paul Rose, Jacques Cossette-Trudel est horrifié
, relate Marc Laurendeau, animateur du balado Pour l’avoir vécu, paru à l’occasion des 50 ans de la crise d'Octobre. Les cellules de Paul Rose et de Pierre Laporte avaient des visions différentes
, soutient le journaliste.
Après le décès de Pierre Laporte, Jacques Cossette-Trudel a pleuré toute la nuit
et a eu honte d'être dans le FLQ
, rapporte M. Laurendeau.
Ces allégations ont par la suite été démenties par la sympathisante felquiste Louise Verreault. Cette ancienne compagne de Paul Rose, qui était présente lors de la rencontre, soutient que son ex-conjoint, mort en 2013, n'a jamais suggéré d'éliminer James Cross.
Le journaliste Marc Laurendeau raconte le parcours de Jacques Cossette-Trudel au sein du FLQ.
Après son retour d'exil, M. Cossette-Trudel a regretté son implication au FLQ, d'après Marc Laurendeau. J’ai tout perdu mon réseau d’amis par l'exil, par la prison. Ces gens dont j'ai été très proche ne me regardent plus
, avait raconté l'ex-felquiste en entrevue avec le journaliste.
Jacques Cossette-Trudel laisse notamment dans le deuil les deux enfants qu'il a eus avec Louise Lanctôt durant leur exil, dont l'influenceur Alexis Cossette-Trudel (Nouvelle fenêtre), un adepte du mouvement américain d’extrême droite QAnon connu pour son engagement contre les mesures sanitaires durant la pandémie.
Avant son décès, il préparait un documentaire à propos de son exil, selon Marc Laurendeau.
