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Le Crédit suisse n’arrive pas à rassurer et s’effondre en bourse

Le drapeau national suisse flotte au-dessus d’une succursale de la banque Crédit suisse à Lucerne, en Suisse, le 19 octobre 2017.

Le Crédit suisse est dans la tourmente depuis deux ans, notamment après des allégations de corruption et de blanchiment d'argent révélées par une enquête journalistique internationale.

Photo : Reuters / Arnd Wiegmann

Agence France-Presse

La banque centrale et le gendarme des marchés financiers suisses ont finalement apporté mercredi soir un soutien verbal au Crédit suisse au terme d'une journée cauchemardesque pour la deuxième banque du pays, qui s'est effondrée en bourse.

Le Crédit suisse satisfait aux exigences en matière de capital et de liquidités imposées aux banques d'importance systémique. En cas de besoin, la BNS mettra des liquidités à la disposition du Crédit suisse, affirment la Banque nationale suisse (BNS) et la FINMA dans un communiqué commun diffusé en début de soirée après une journée d'un étonnant silence.

À la clôture, l'action du Crédit suisse affichait -24,24 % et une capitalisation boursière d'un peu moins de 6,7 milliards de francs (près de 10 milliards $ CA). C'est peu pour une des 30 banques dans le monde considérées comme étant trop grosses pour faire faillite.

Perçu comme le maillon faible en Suisse, cet établissement a vu le cours de son action perdre jusqu'à 30 % pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 franc suisse (environ 2,29 $ CA) malgré l'intervention de son président, Axel Lehmann, et de son directeur général, Ulrich Körner, pour essayer de redresser la barre.

Pour la BNS et la FINMA, les turbulences actuelles sur le marché bancaire américain ne suggèrent pas qu'il existe un risque de contagion directe pour les établissements suisses.

Lors d'une entrevue à la chaîne de télévision Channel News Asia, retweetée par la banque, Ulrich Körner a multiplié les propos rassurants : Nous sommes une banque solide, nous sommes une banque de dimension mondiale sous réglementation suisse.

Nous remplissons et dépassons pratiquement toutes les exigences réglementaires, a-t-il renchéri, ajoutant ceci : Notre capital, notre base de liquidité est très, très solide.

Incertitude à l'étranger

L'inquiétude dépasse les frontières du pays alpin et le département américain du Trésor a dit surveiller la situation et être en contact avec ses homologues à l'échelle internationale.

En France, la première ministre Élisabeth Borne a publiquement appelé les autorités suisses à régler les problèmes de cette banque et a demandé à son ministre des Finances de parler à son homologue à Berne.

Cette chute vertigineuse a commencé après des déclarations du président de la Banque nationale saoudienne, première actionnaire du Crédit suisse.

Les Saoudiens ont volé au secours de la banque en entrant à son capital en novembre. Cependant, la Saudi National Bank ne compte absolument pas injecter davantage d'argent, principalement pour des raisons réglementaires, a expliqué Ammar Al-Khudairy, son président.

La Banque nationale saoudienne détient une participation de 9,8 %. Selon le droit suisse, la FINMA devrait se prononcer si elle franchissait le seuil des 10 %.

Dans un entretien avec l'agence Reuters, M. Al-Khudairy s'est pourtant dit très content du programme de restructuration du Crédit suisse, évoquant une banque très solide.

Valeur de l'action en baisse de 83 % en un an

Fondé en 1856, le Crédit suisse est un pilier de la place financière helvétique, mais il est dans la tourmente depuis la faillite de la société financière britannique Greensill, qui avait marqué le début d'une série de scandales qui ont fragilisé la banque.

Depuis mars 2021, l'action a perdu plus de 83 % de sa valeur.

La pression sur le Crédit suisse a touché un marché déjà nerveux, a expliqué Jane Foley, une analyste de Rabobank, auprès de l'AFP.

Les déclarations du nouvel actionnaire ont touché une corde sensible alors que les investisseurs s'inquiètent du risque de contagion après la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB).

Il semble qu'il y ait des investisseurs de plus en plus inquiets, a souligné Neil Wilson, analyste à Finalto, dans un commentaire de marché.

Toutefois, si le Crédit suisse venait à être aux prises avec des problèmes existentiels, alors nous serions face à quelque chose d'une tout autre dimension. Elle est vraiment trop importante pour qu'on la laisse couler, a-t-il insisté.

À la différence de la SVB, qui a fait faillite la semaine dernière, le Crédit suisse fait partie des 30 banques à l'échelle mondiale considérées comme étant trop grosses pour qu'on les laisse faire faillite, ce qui lui impose une réglementation plus stricte pour pouvoir soutenir le choc en cas de difficulté.

Contactée par l'AFP, la Banque centrale suisse, qui ne s'est pas exprimée pour l'instant, n'a pas souhaité faire de commentaire.

Le Crédit suisse a lancé en octobre dernier un vaste programme de restructuration pour tenter de se redresser. Mais certains actionnaires ont fini par jeter l'éponge, à l'image de la société d'investissement américaine Harris Associates, longtemps son plus gros actionnaire, qui a révélé la semaine passée avoir entièrement vendu sa participation dans la banque.

Début février, le Crédit suisse avait dévoilé une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (environ 10,8 milliards $ CA) pour l'exercice 2022 sur fond de retraits massifs de fonds de la part de ses clients et avait prévenu s'attendre encore à une perte avant impôts substantielle en 2023.

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