Biosolides du Maine : l’entreprise au Nouveau-Brunswick veut se faire rassurante

Des biosolides (ou de la boue) sont épandus dans un champ au Québec. Cette province a récemment imposé un moratoire sur l’importation de boue à des fins agricoles.
Photo : Radio-Canada / François Genest
L’entreprise du Nouveau-Brunswick qui traite des biosolides en provenance de l'État américain du Maine affirme que les résidents de la province n’ont pas à craindre qu’un taux considérable de produits chimiques se trouve dans le compost destiné au jardinage.
Envirem Organics, une entreprise de compostage et d'assainissement de l'environnement, respecte des normes sévères quant aux déchets qu’elle accepte. Elle ne peut pas épandre les biosolides du Maine sur des terres agricoles ni les ajouter au compost destiné à la vente au détail, explique son PDG , Bob Kiely.
Selon M. Kiely, tout déchet provenant d’égouts municipaux au Maine est traité à l’aide de bactéries qui décomposent les contaminants comme le pétrole.
Envirem Organics a établi ses propres normes quant aux taux acceptables de PFAS , des contaminants éternels que des études scientifiques lient à certains cancers, à une baisse de la fécondité, à un faible poids à la naissance et à d’autres problèmes de santé.
L’entreprise n’accepte que des déchets contenant au maximum de 20 % à 30 % de la quantité de PFASBob Kiely.
permise par les gouvernements du Canada et du Nouveau-Brunswick, assureIl dit que cela équivaut à une quantité infime qui se mesure en parties par milliard et que les laboratoires réussissent à détecter parce qu’ils se sont perfectionnés au fil des ans.
Le gouvernement provincial a confirmé qu’Ottawa cherche à adopter des normes en matière de PFAS
qui s'appliqueraient aux biosolides importés.À lire aussi :
Envirem Organics traite des biosolides du Maine parce que des sites d’enfouissement américains débordent et que leurs gestionnaires ne savent plus quoi en faire.
Le Maine a interdit par précaution l’épandage de boues d’épuration municipales sur ses terres agricoles parce que ces matières contiennent des PFAS
.Selon Bob Kiely, la quasi-totalité de ces substances chimiques proviennent de papetières plutôt que de municipalités et elles sont mesurées en parties par million, ce qui est un millier de fois plus élevé qu’en parties par milliard.
C’était parce qu’un contaminant industriel s’est retrouvé dans le système municipal. Ce n’était pas un biosolide municipal normal
, affirme le PDG Kiely. Ce n’est plus courant. Cela remonte au moment où d’autres types de PFAS étaient employés.
Une organisation contredit l’entreprise
Une organisation du Maine nommée Defend Our Health, qui a milité pour l’interdiction de l’épandage dans cet État américain, contredit les propos de M. Kiely. C’est erroné à 100 %
, affirme sa porte-parole, Sarah Woodbury.
Selon Mme Woodbury, le département de la Protection de l’environnement du Maine a imposé des normes maximales en matière de produits chimiques présents dans les boues utilisées en agriculture à la suite de la découverte d’une contamination aux PFAS dans certaines fermes.
Toujours selon elle, 95 % des échantillons étudiés avaient un taux de contamination plus élevé que le seuil permis. Ces boues provenaient à la fois de sources industrielles et de sources municipales.
Mme Woodbury remet aussi en question les propos de M. Kiely selon lesquels les taux de PFAS acceptés par son entreprise ne posent aucun risque pour la santé humaine.
Elle affirme que l’agence américaine de protection de l’environnement a publié mardi des règles sur la présence de PFASSelon nous, tout niveau d’exposition est inacceptable
, dit-elle.
Des produits chimiques omniprésents
Bob Kiely ajoute que les PFAS sont malheureusement présents dans l'ensemble de la société
, mais il dit que les entreprises industrielles s’en servent de moins en moins. Les pires PFAS sont interdits, souligne-t-il.
Tous les produits de compost de son entreprise sont soumis aux règles du gouvernement du Canada.
Nous faisons des tests et ces taux sont très, très faibles, presque indétectables. Ils proviennent de petites municipalités sans possibilité de contamination industrielle de nos jours. Il n’y a aucun risque de taux élevé de PFAS dans ces boues aujourd’hui
, conclut Bob Kiely.
D’après un reportage de Jacques Poitras, CBC