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Onde de choc à Rouyn-Noranda : des centaines de personnes contraintes de déménager

Marc Bissonnette est debout dans le quartier Notre-Dame, devant les cheminées de la Fonderie Horne.

Marc Bissonnette a emménagé dans le quartier Notre-Dame il y a environ un an.

Photo : Radio-Canada / Guillaume Renaud

Radio-Canada

De nombreux résidents du quartier Notre-Dame à Rouyn-Noranda ont appris mercredi matin qu’ils devront déménager. Marc Bissonnette est l’un d’eux.

On ne sait pas ce que ça va donner ou quand on va être relocalisé. J’imagine qu’on va avoir plus de détails avec le temps. C’est sûr que c’est une nouvelle qui frappe un peu, mais on va s'accommoder avec les décisions qui vont découler de ça, affirme-t-il.

Le gouvernement du Québec annoncera jeudi que l’entreprise Glencore créera une zone tampon autour de la Fonderie Horne avec l’achat d’environ 80 bâtiments situés près de l’usine, dans le nord du quartier Notre-Dame de Rouyn-Noranda.

Des maisons tout près des installations de la Fonderie Horne.

Le quartier Notre-Dame à Rouyn-Noranda

Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Luneau

Des résidents rencontrés se disent aussi soulagés de pouvoir quitter le quartier grâce à cette initiative.

Les propriétés seront rachetées et les locataires seront contraints de quitter leur logement. La décision va revenir à notre propriétaire. On ne peut pas faire grand-chose, reconnaît Marc Bissonnette.

Mais avec ses deux chats, il s’inquiète du prix élevé des logements et des règlements qui interdisent les animaux.

François Deschênes aurait préféré apprendre la nouvelle par l’entreprise ou le gouvernement plutôt que d'en prendre connaissance sur les médias sociaux.

C’est sûr que ça a créé une certaine émotion ce matin, en se levant et se faire annoncer qu’on va se faire déraciner de notre quartier. On s’y attendait un peu. Ça fait quand même 22 ans que je reste dans le quartier, dit le résident du quartier.

François Deschênes près d'une murale représentant des femmes, à Rouyn-Noranda.

François Deschênes habite dans le quartier Notre-Dame et espère demeurer en santé.

Photo : Radio-Canada / Jean-Marc Belzile

Il mentionne aussi avoir été surpris des révélations de la dernière année sur la quantité de métaux émis par la Fonderie.

On espère avoir un soutien du côté de la Ville et du côté du gouvernement, en tant que citoyen et payeur de taxes. Je pense qu’on a le droit à ça. Glencore, à la quantité de milliards qu’il fait par année, je pense qu’ils nous en doivent un peu là-dedans, souligne François Deschênes.

Nicole Desgagné, porte-parole du Comité ARET (Arrêt des rejets et émissions toxiques), se demande toutefois si les résidents qui se trouvent dans la zone tampon visée seront accompagnés.

« Là, ils sont proches des services. Il y a beaucoup de locataires là-dedans, ce sont beaucoup de petits blocs. Ils n’ont pas un loyer très élevé et n’ont sûrement pas beaucoup de voitures. Déménager, c’est briser leur réseau social. Ça a beaucoup d’implications. »

— Une citation de  Nicole Desgagné

Des entrepreneurs à proximité de l’usine sont aussi inquiets de voir les clients du quartier s’éloigner.

Francine Deschênes vit actuellement un mélange d’émotions. Ça me réjouit et ça me déçoit en même temps, avoue-t-elle.

Francine Deschênes devant l'entreprise Monsieur Bouff 2015.

Francine Deschênes est copropriétaire de l'entreprise Monsieur Bouff 2015.

Photo : Radio-Canada / Guillaume Renaud

Avec son conjoint, Lucien Desrochers, Francine Deschênes exploite la compagnie d’articles pour animaux domestiques et animaux de ferme Monsieur Bouff 2015 depuis 7 ans près de la Fonderie Horne.

L’entreprise située à quelques mètres du terrain de la Fonderie pourrait devoir changer d’emplacement. Déplacer l’entreprise pour diminuer l’exposition aux émanations la rassure, mais Monsieur Bouff 2015 pourrait en subir les conséquences.

Quand on change une compagnie de place, ça a un impact au niveau du déplacement des clients. C’est à suivre, ajoute-t-elle.

Arsenic : 15 ng/m3

Deux cheminées de la Fonderie Horne et des bâtiments.

La Fonderie Horne développe les projets PHENIX et VELOX pour réduire ses émissions de contaminants.

Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Luneau

Un plafond d’émissions d’arsenic de 15 nanogrammes par mètre cube d’air (ng/m3) d’ici 5 ans sera aussi exigé par le ministère de l’Environnement.

Nicole Desgagné affirme avoir l’impression que la population est déplacée à défaut de mettre la pression sur la compagnie Glencore.

C’est un échec de la négociation avec Glencore et c’est une non-écoute de la consultation avec la population. La population avait dit qu’on ne veut pas le 15 nanogrammes seulement dans 5 ans. On le veut plus vite que ça. On sent qu’on n’a pas reculé, mais ça semble être le plan de Glencore qui a été retenu, a avancé la porte-parole du Comité ARET à l’émission Des matins en or.

Lors des consultations publiques du ministère de l'Environnement, en octobre, la Fonderie Horne indiquait dans son mémoire qu'elle pourra atteindre des émissions de 15 nanogrammes d'arsenic par mètre cube d’air en 2027, mais pas avant.

La Ville de Rouyn-Noranda et la mairesse Diane Dallaire réagiront jeudi.

Une proposition qui divise

La possibilité de l’instauration d’une zone tampon a divisé la population lors des consultations publiques tenues l’automne dernier.

Le Comité du Vieux-Noranda (CVN) écrivait par exemple dans son rapport que le CVN ne partage pas l’avis de la Direction de la santé publique qui juge acceptable de délocaliser les résidents (80 terrains) vivant à proximité de la Fonderie.

Le Regroupement vigilance mine de l’Abitibi-Témiscamingue (REVIMAT) recommandait de son côté d'imposer une zone tampon entre l’usine et la population du quartier Notre-Dame si la Fonderie ne pouvait atteindre, d’ici cinq ans, la norme de 3 ng/m3 pour l’arsenic. Le REVIMAT estimait toutefois que le choix des habitants de quitter ou non le quartier devait être respecté.

La surintendante aux communications et relations avec la communauté de la Fonderie Horne, Cindy Caouette, attend également l’annonce officielle avant de commenter le déménagement de résidents du quartier Notre-Dame.

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