Les compagnies aériennes au rabais se multiplient, peuvent-elles toutes survivre?

Un avion de la compagnie aérienne Flair Airlines.
Photo : Flair Airlines
L’industrie du transport aérien au Canada vit des moments de gloire. Le nombre de compagnies aériennes a bondi au cours des dernières années. Mais dans un pays vaste où le volume de passagers est bas, autant de transporteurs peuvent-ils cohabiter, voire même survivre? Le différend commercial qui a entraîné l’annulation de plusieurs vols chez Flair la fin de semaine dernière est-il un avant-goût de ce qui attend les voyageurs?
Après avoir passé de longs mois cloué au sol en raison de la pandémie, le tourisme redécolle, transportant avec lui des milliers de touristes avides de découvertes. Dans les 12 derniers mois seulement, deux transporteurs à bas prix, Lynx Air et Canada Jetlines, ont commencé à offrir des vols intérieurs réguliers.
C’est très excitant. Je crois que cette arrivée des transporteurs à bas prix est une transformation au Canada
se réjouit Merren McArthur, présidente-directrice générale de Lynx Air.
Lynx n’est d’ailleurs pas le seul transporteur aérien à avoir adopté un modèle à très bas prix. Au cours des cinq dernières années, Swoop et Flair Airlines ont aussi commencé à offrir des vols au Canada.
L’exemple de l’Europe
Les vols à bas prix ont la cote en Europe. Tous les jours, des compagnies comme Ryanair et EasyJet exploitent des centaines de vols pour quelques dizaines d’euros seulement. Avec une population dense et de grandes villes à profusion, le marché européen des vols à bas prix a su prouver sa pertinence.
Pour survivre, les compagnies aériennes à bas prix réduisent leurs coûts d'exploitation en n’incluant presque rien dans le tarif de base. Bagage à main, carte d’embarquement, collation, sélection des sièges : tout est facturé au passager. Pratique courante dans l’industrie, plusieurs transporteurs préfèrent aussi louer des aéronefs neufs et économes en carburant.
Lors d’un défaut de paiement, ce sont toutefois les passagers qui se retrouvent coincés.
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Dans une déclaration écrite, le président-directeur général de Flair Airlines, Stephen Jones, souligne que la compagnie a mis en service quatre avions supplémentaires [...] et ne prévoit aucune autre perturbation de [sa] feuille de route
.
Malgré tout, ce modèle de transport au rabais pourrait entraîner des turbulences dans un marché comme le Canada.
On a déjà vécu cette même hausse de capacité dans le passé. On peut penser à Canada 3000, JetsGo. Et ça garantit pour moi deux choses : la guerre de prix va continuer, mais aussi, c’est presque une garantie qu’il y a quelqu’un qui va tomber sur le côté
, explique John Gradek, chargé de cours au programme en aviation à l’Université McGill.
Selon cet expert, en plus des grandes compagnies comme Air Canada et WestJet, seulement quelques transporteurs à bas prix peuvent survivre et en ce moment. Le nombre de transporteurs est beaucoup trop élevé
, estime-t-il.
Les transporteurs optimistes
Les compagnies aériennes demeurent toutefois optimistes, surfant sur l’intérêt des Canadiens pour le voyage après les confinements à répétition.
On doit adapter notre modèle d’affaires à ce qui nous entoure, à la démographie et à ce que le consommateur veut. Et c’est ce que nous faisons en adaptant le modèle Lynx à la demande des Canadiens
, renchérit Merren McArthur.
John Gradek souligne que la pénurie de personnel affecte aussi l’industrie du transport aérien. Ces compagnies ambitieuses, qui multiplient les achats d’aéronefs et les nouvelles routes à desservir, devront aussi trouver des pilotes, des agents de bord et des techniciens pour entretenir ces avions.
Un autre défi de taille pour une industrie en pleine évolution.