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Sécurité près des écoles : des municipalités interpellent le gouvernement Legault

Une brigadière à Prévost fait traverser la route 117 à des enfants.

Difficile pour une brigadière de faire traverser la route 117 à Prévost si la limite de vitesse y était ramenée à 70 km/h.

Photo : Radio-Canada

Une vingtaine de municipalités, dont plusieurs des plus grandes villes du Québec, ont l'intention d'adopter une résolution pour demander au gouvernement Legault « d’augmenter rapidement et significativement le budget accordé à l'aménagement de mesures de sécurisation prouvées et efficaces autour des écoles du Québec ».

Cet appel survient au moment où une nouvelle mobilisation sur la sécurité des piétons près des écoles doit avoir lieu mercredi.

Dans de nombreuses localités au Québec, malgré les encouragements à adopter des modes de transport actifs comme la marche ou le vélo, l'environnement routier autour des établissements scolaires fait en sorte qu'il peut être dangereux de marcher ou de pédaler pour se rendre à l'école. Dans certains cas, c'est même interdit.

Interdit de marcher ou de pédaler pour aller à l'école

À Saint-Colomban, dans les Laurentides, les élèves de l'école de la Volière ne peuvent s'y rendre qu'en automobile ou en autobus scolaire. La route qui borde l'école est tellement étroite et dangereuse que la direction a interdit aux écoliers d'y aller à pied ou à vélo.

Plusieurs écoles ont été construites depuis une vingtaine d'années dans cette municipalité, qui a vu sa population augmenter de plus du simple au double. Cependant, le modèle de développement de Saint-Colomban, située juste à l'extérieur de la Communauté métropolitaine de Montréal, mise sur une très faible densité de population. Résultat : on n'avait pas prévu de trottoirs ni de pistes cyclables.

Il faut refaire l'urbanisme sur de l'urbanisme déjà constitué; il faut réparer les erreurs du passé, explique le maire, Xavier-Antoine Lalande.

Un grand parc a été aménagé juste en face de l'école, mais il est lui aussi difficile d'accès à pied ou à vélo. La Municipalité souhaite donc acquérir des terrains le long du chemin pour y installer un trottoir ou un sentier multifonctionnel que pourraient emprunter les écoliers et les usagers du parc.

Toutefois, de tels projets coûtent très cher. C'est pourquoi Saint-Colomban a adopté une résolution pour demander à Québec d'augmenter son financement spécifique à la sécurité routière. Dans le cas qui nous concerne ici, à l'école de la Volière, évidemment, on pourrait utiliser ces fonds-là pour nous aider à financer des infrastructures pour du transport actif, affirme le maire.

Des millions de dollars investis

L'administration Lalande a investi des millions de dollars ces dernières années pour accroître la sécurité autour de certaines écoles tout aussi récentes que l'école de la Volière.

À l'école du Triolet, il y a eu une mauvaise planification que nous avons corrigée en 2018, explique le maire Lalande. On a fait la réalisation d'un sentier multifonctionnel qui a coûté près de 1,5 million de dollars. Pour ce faire, un fossé a dû être canalisé et enfoui afin de construire le sentier par-dessus.

Dans un autre projet, un trottoir a été aménagé, de même qu'une traverse pour piétons à proximité d'une école. Cependant, la limite de l'enveloppe du Fonds de la sécurité routière, qui s'élève à 350 000 $, a rapidement été atteinte. Le projet, c'était 3,2 millions, raconte le maire. Ça doit permettre de faire dix pieds de trottoir, mettons! ajoute Xavier-Antoine Lalande en riant.

La route 117 à Saint-Colomban.

À Saint-Colomban, le secteur de l'école de la Volière est si dangereux que les élèves ne peuvent pas s'y rendre à pied ou à vélo.

Photo : Radio-Canada

Le MTQ veut rétablir la limite de vitesse à 70 km/h près d'une école

Prévost est une autre municipalité qui a décidé d'adopter une résolution pour interpeller Québec sur la sécurité autour des écoles. Pendant des années, la Ville a demandé au ministère des Transports de faire quelque chose pour sécuriser la traversée de la route 117, que de nombreux enfants de l'école Val-des-Monts doivent franchir matin et soir.

Il y a deux ans, le ministère a accepté de réduire la limite de vitesse de 70 à 50 km/h, dans le cadre d'un projet pilote, et la Ville a investi pour construire un trottoir. Mais ces aménagements pourraient disparaître, croit Lucie Laforte, qui venait chercher sa fille à l'école pour rentrer à la maison à pied. Il ne faudrait pas enlever le trottoir et le passage piéton, dit-elle. Ce qu'on a est acceptable, mais c'est menacé par le ministère des Transports et de la Mobilité durable!

Le ministère considère en effet que son projet pilote est terminé. Les analyses réalisées par le MTQ concluent que la vitesse de 50 km/h n'est pas respectée, et la limite de vitesse sur la 117 devra éventuellement être rétablie à 70 km/h, du moins à certaines heures de la journée.

Dans un courriel, une porte-parole du ministère explique que la 117 est une route nationale particulièrement achalandée. [C'est un] lien entre la Métropole et les Hautes-Laurentides, utilisé par plusieurs villégiateurs et usagers en transit, qui ne s’attendent pas à circuler dans une zone à 50 km/h.

Ce n'est pas évident pour une brigadière scolaire de traverser avec des enfants quand la circulation est à 70 [km/h], dit le maire de Prévost, Paul Germain. Et si c'est 70, on s'entend que les gens vont rouler à 80, 90.

Selon le maire, la fin du projet pilote obligerait les enfants à aller traverser au feu de circulation situé 100 mètres plus loin. Lucie Laforte craint que cela nuise à la sécurité des marcheurs le long de la route 117, surtout lorsqu'ils devront traverser la petite rue de l'École au moment où les parents en voiture entrent et sortent pour conduire leurs propres enfants. J'aurais préféré que le ministère maintienne la traverse pour piétons et élargisse l'emplacement où les enfants doivent attendre au milieu de la route, affirme Mme Laforte.

C'est possible que des enfants téméraires décident de traverser la 117 à l'endroit interdit, croit le maire Paul Germain. Le MTQ parle de mettre une clôture au milieu de la voie, alors ça s'en vient dans un scénario de boulevard Métropolitain complètement dément pour une ville à la campagne.

Plus de pouvoirs aux autorités locales

La municipalité de Prévost propose plutôt que cette section de la 117 soit réaménagée de façon à ce que les automobilistes doivent ralentir.

L’école de la Volière à Saint-Colomban.

Saint-Colomban a adopté une résolution pour demander une hausse de son financement consacré à la sécurité routière.

Photo : Radio-Canada

S'attaquer au problème, ce n'est peut-être pas le panneau qui est sur le bord de la route, croit le maire. C'est de mettre des mesures d'apaisement de la circulation, qui vont faire en sorte que les automobilistes vont faire attention aux enfants.

Le MTQ propose de créer un groupe de travail pour se pencher sur l'aménagement de ce secteur de la route 117 et pour trouver des solutions qui permettraient de briser ce que le ministère appelle un effet d’autoroute et de favoriser la baisse des vitesses pratiquées.

Selon le maire Paul Germain, les normes du MTQ devraient être modulées lorsque les routes nationales traversent des villes et des villages, surtout à proximité des écoles. Mais le maire de Prévost a l'impression que les discours sur la mobilité durable, une notion qui figure pourtant dans le nom du ministère, ne se rendent pas aux fonctionnaires du MTQ.

Prévost a donc décidé de profiter de la mobilisation prévue cette semaine au sujet de la sécurité autour des écoles pour interpeller le gouvernement. Deux résolutions, dont une proposée par les organisateurs des marches de parents, ont été adoptées au conseil municipal.

La Fédération québécoise des municipalités (FQM) demande elle aussi à Québec de donner plus de pouvoirs aux autorités locales pour sécuriser les abords des écoles. Lorsque le municipal propose quelque chose, c'est qu'on a travaillé sur l'acceptabilité sociale, c'est qu'on pense qu'il y a un véritable besoin à cet endroit-là, affirme le président de la FQM, Jacques Demers, qui est aussi maire de Sainte-Catherine-de-Hatley.

Il évoque par exemple des panneaux indicateurs, des lumières clignotantes et du mobilier urbain pour ralentir la circulation. D'autres fois, c'est la hauteur des lumières. Les lumières sont trop hautes, on dirait qu'on éclaire une autoroute, explique M. Demers.

Changer les comportements des automobilistes

Saint-Colomban a déjà installé 26 afficheurs de vitesse et plus d'une cinquantaine de dos d'âne sur son territoire pour forcer les automobilistes à ralentir. À certains endroits, dans la municipalité, la vitesse des véhicules demeure néanmoins élevée.

Changer les comportements des automobilistes demeure le plus grand défi, selon le maire Xavier-Antoine Lalande. Ce n'est pas dans les réflexes des gens de voir que quand il y a une traverse de piétons, il faut laisser traverser les piétons, explique-t-il.

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