Les rues-écoles testées l’automne prochain à Québec

L'adjoint du maire de Paris, David Belliard, a montré au maire de Québec l'aménagement d'une rue près d'une école convertie en corridor sécuritaire pour les élèves.
Photo : (Twitter ) / David Belliard
La Ville de Québec compte lancer, l’automne prochain, des projets-pilotes de corridors de sécurité aménagés près d’établissements scolaires de la capitale. L’idée des rues-écoles avait inspiré le maire Marchand, lors de son voyage à Paris, comme moyen efficace d'assurer la sécurité des enfants pendant leurs déplacements.
Les rues-écoles visent à réduire, voire à éliminer, la circulation de véhicules durant les périodes de début et de fin des classes.
Plusieurs écoles primaires auraient signifié leur intérêt pour faire partie des projets-pilotes. La sécurité routière est une préoccupation pour les parents et le personnel des écoles. Ils réclament des mesures depuis le début des années 2000.
Une manifestation est d’ailleurs prévue mercredi matin aux abords des écoles Anne-Hébert et Saint-Malo, afin de réclamer des mesures pour assurer la sécurité des enfants.
Critères à déterminer
Il y a 115 écoles primaires à Québec. Il est clair que les rues-écoles ne peuvent pas s'appliquer à toutes. Les critères à rencontrer seront déterminés au cours des prochains mois
, explique le directeur du Service du transport et de la mobilité intelligente de la Ville de Québec, Marc des Rivières.
Pour qu’un projet soit aménagé près d’une école, l’administration municipale souligne qu’il faudra une volonté de la part du conseil d'établissement et de la direction des écoles. Il faudra aussi que l'environnement se prête à ce type de projet.
Projet selon le milieu
La forme que prendront ces projets de rues-écoles n’est pas encore déterminée et sera différente selon chaque milieu. Des écoles seront sélectionnées au centre-ville et en banlieue.
On entend le message des gens mobilisés, que ce soit à Anne-Hébert ou encore à l'école des Berges, dans mon secteur. Je ne suis pas en mesure de dire aujourd’hui quelles écoles seront choisies
, affirme le vice-président du comité exécutif et responsable du transport à la Ville de Québec, Pierre-Luc Lachance.
La zone de débarcadère des élèves pourrait par exemple être déplacée plus loin, dans une rue voisine, afin de limiter la circulation automobile à proximité de l’école.
Le risque de déplacer le problème peut exister. C’est pour ça que ça prend un plan, un ensemble de mesures réfléchies. On peut, par exemple, faire des modifications comme rendre une rue à sens unique. Ça prend une bonne réflexion
, illustre Marc des Rivières.
« Le trafic, c’est comme de l’eau. Si elle ne passe pas ici, elle va passer ailleurs. Il faut bien mesurer les impacts pour ne pas créer de situations pires. »
Bémols de l'opposition
Le chef d’Équipe priorité Québec, Patrick Paquet, dit avoir des bémols concernant cette initiative. Il reproche à l’administration Marchand son manque de transparence et l'absence de consultation des citoyens. Il demande aussi que tous les élus soient impliqués dans la recherche de solutions.
Les citoyens et les directions d’écoles nous parlent. Je n’ai jamais entendu une école demander la fermeture d’une rue. Elles demandent des trottoirs, des passages piétons plus sécuritaires ou encore l’ajout d’arrêts. Des écoles font des demandes depuis deux ans et n’ont pas de réponse
, lance Patrick Paquet.
Corridors scolaires
L’implantation de corridors scolaires, pour assurer des déplacements sécuritaires des enfants à vélo ou à pied entre la maison et l’école, se poursuit. L’administration municipale avait annoncé 35 projets en 2022. De ce nombre, 23 sont terminés et 12 sont en cours de réalisation.
Au total, 112 corridors scolaires seront aménagés d’ici 2024.
Radars photo
La Ville de Québec souhaite également pouvoir utiliser davantage de radars photo, notamment en zones scolaires, pour arriver à réduire les excès de vitesse.
L’administration municipale revient à la charge et demande au gouvernement du Québec de lui donner les coudées franches, pour qu'elle puisse choisir elle-même, et plus rapidement, les sites où les radars photo peuvent être utilisés.
On a constaté qu’il y avait des enjeux avec la gouvernance. On doit demander l’autorisation du ministère des Transports. Pour qu’un site puisse être utilisé, ça prend un arrêté ministériel. Je veux être capable de choisir un site, sans passer par un processus d’évaluation externe
, clame Marc des Rivières.
J’ai entendu la ministre des Transports dire qu'elle voulait changer son approche. Je sens une belle ouverture. Pour nous, la collaboration du ministère est capitale pour atteindre notre objectif
, mentionne Pierre-Luc Lachance.
Les radars photo sont utilisés différemment à Québec, comparativement à la majorité des autres villes de la province. Dans la capitale, on ne cible pas principalement les grands axes, mais aussi des rues précises dans des quartiers résidentiels.
Pour le moment, il y 39 sites où la Ville de Québec peut installer des radars, en plus des zones scolaires et des chantiers routiers.
« Dans certains secteurs, on observe que les appareils n'ont pas eu l'impact souhaité, alors que dans d'autres, on voudrait y aller, mais on n’a pas la possibilité. »
L’entente entre le gouvernement et la Ville concernant l’implantation des radars est intervenue en 2013 et n’a pas été modifiée depuis.
Mais pour que toutes ces mesures aient un réel impact sur l'amélioration de la sécurité routière, Marc des Rivières martèle qu’il faut que les automobilistes, les piétons et les cyclistes modifient leurs comportements. Ça prend un engagement des citoyens. Les actions de la Ville seules ne peuvent pas y arriver.
La Stratégie de sécurité routière 2020-2024 de la Ville de Québec prévoit au total des investissements de 60 millions de dollars. Jusqu’à maintenant, 20 millions ont été investis autour des écoles.
Selon la Ville de Québec, 75 % des mesures annoncées dans la stratégie seront réalisées d’ici la fin 2023.
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