L’avenir de la pilule abortive aux États-Unis sera débattu devant un tribunal

L'utilisation de la mifépristone comme pilule abortive a été autorisée en 2000 aux États-Unis.
Photo : Getty Images / AFP/Robyn Beck
L'avenir de la pilule abortive aux États-Unis se jouera mercredi devant un magistrat ultra-conservateur à qui des opposants à l'avortement demandent de suspendre son autorisation, accordée il y a 23 ans par le régulateur du médicament.
Matthew Kacsmaryk, qui fut juriste pour une organisation chrétienne avant d'être nommé juge fédéral par l'ex-président républicain Donald Trump, entendra les arguments des parties dans un tribunal fédéral à Amarillo, dans le nord du Texas.
Il pourra ensuite rendre sa décision à tout moment dans ce dossier susceptible d'avoir des répercussions aussi retentissantes que l'arrêt de la Cour suprême des États-Unis ayant dynamité, en juin dernier, le droit à l'avortement.
En novembre, une coalition de médecins et de groupes anti-avortement lui a transmis une plainte contre l'Agence américaine des médicaments (FDA), à qui ils reprochent d'avoir autorisé il y a 23 ans la mifépristone (RU 486), une des deux pilules utilisées pour les interruptions médicamenteuses de grossesse.
Les plaignants accusent la FDAla politique plutôt que la science
, en approuvant un produit chimique susceptible, selon eux, de créer des complications et d'avoir au passage outrepassé ses prérogatives
.
En attendant l'examen des arguments de fond, ils demandent au juge Kacsmaryk de suspendre immédiatement l'autorisation de la mifépristone sur l'ensemble du territoire américain.
Une décision dévastatrice
Une telle décision serait dévastatrice pour les femmes
, avait dénoncé il y a dix jours la porte-parole de la présidence, Karine Jean-Pierre.
Depuis l'an 2000, plus de 5,6 millions de femmes ont eu recours à cette pilule aux États-Unis, et une infime proportion (moins de 1500) a eu ensuite des complications sans qu'un lien soit établi, d'après la FDA.
Aujourd'hui, la majorité (53 %) des interruptions de grossesse sont médicamenteuses, une procédure moins intrusive et moins coûteuse que les avortements chirurgicaux.
Depuis que la Cour suprême des États-Unis a rendu sa liberté de légiférer à chaque État, une quinzaine d'entre eux ont interdit les avortements sur leur sol et les pilules abortives n'y sont pas autorisées.
Mais les femmes enceintes dans ces États peuvent encore se rendre dans les États voisins pour obtenir les cachets. D'autres se les procurent par courrier en toute discrétion.