En 2022, le Manitoba a reçu 5 fois plus d’échantillons de cerfs abattus par des chasseurs
La province cherche à enrayer la progression de la maladie débilitante chronique des cervidés.

Un technicien prélève des échantillons provenant d'une tête de cerf dans le laboratoire de faune sauvage de Dauphin, au Manitoba.
Photo : Radio-Canada / Gavin Boutroy
En 2022, la province a reçu 5878 échantillons de cervidés dans le cadre de son programme de surveillance de la maladie débilitante chronique : c’est cinq fois plus que le volume d’échantillons obtenus durant l'année précédente.
Dans une déclaration écrite, un porte-parole de la province a détaillé l’état du programme de surveillance, qui dépend largement d’échantillons soumis par des chasseurs de cerfs en automne.
Durant le mois de novembre 2022 à lui seul, les chasseurs ont soumis 5511 échantillons du total de 5878 échantillons pour l’année
, indique le porte-parole.
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Cet automne, le biologiste spécialisé en santé de la faune sauvage du gouvernement du Manitoba, Richard Davis, a indiqué que la province analyse normalement quelque 1000 échantillons de cerfs chaque année.
Selon des chiffres fournis par le gouvernement l’été dernier, 351 bêtes, en moyenne, ont été analysées chaque année par la province entre les saisons de chasse de 2017, de 2018, de 2019 et de 2020.
L’explosion du nombre d’échantillons est due à l’élargissement de la zone où les chasseurs doivent obligatoirement soumettre les têtes de leurs prises pour une analyse.
Cette zone a d'abord été élargie en 2021, après que la province eut découvert la maladie débilitante chronique des cervidés pour la première fois sur son territoire. Cette année-là, 5 cerfs infectés ont été identifiés.
Ensuite, durant la saison de chasse de 2022, la zone a de nouveau été élargie pour comprendre tout le secteur en bordure des États-Unis, et au sud de Winnipeg ainsi que la région frontalière avec la Saskatchewan à l’ouest de Brandon.
Quinze autres cerfs infectés ont été identifiés depuis. Dix-huit des 20 cerfs infectés étaient des cerfs mulets, une espèce protégée au Manitoba qui est plus susceptible d’être infectée que les cerfs de Virginie.
La province a créé une saison de chasse au cerf mulet cette année, afin d’en réduire la population, mais a pour l’instant refusé d’indiquer combien de permis ont été vendus.
Avec la prévalence de la maladie débilitante chronique à nos frontières, la province a travaillé depuis des années à surveiller la population de cerfs et était prête pour la détection initiale de la maladie, en 2021
, assure le porte-parole de la province dans le communiqué. Un programme de tests musclé est en place.
Plusieurs se demandent cependant pourquoi la province a attendu que la maladie arrive au Manitoba pour autoriser la chasse au cerf mulet, alors que, de l’autre côté de la frontière avec la Saskatchewan, les taux d’infection sont très élevés.
Des résultats retardés
Alors que, cet été, la province se vantait d’avoir fait passer l’attente pour un résultat de tests de six mois à trois semaines, le temps d’attente a augmenté de nouveau avec l’influx d’échantillons cet automne.
Le temps d’attente peut maintenant atteindre 20 semaines, soit cinq mois.
Sur les 5878 échantillons soumis, 3881 étaient négatifs, et 15 étaient positifs pour la maladie débilitante chronique des cervidés. Les résultats sont toujours attendus pour 1982 échantillons
, indique la déclaration de la province.
La province s’engage à réduire cette attente et fournir les résultats de tests dans un échéancier plus raisonnable
, ajoute le porte-parole du gouvernement.
L’attente est due à des embouteillages à deux niveaux.
Dans un premier temps, la province n’a ni la main-d’œuvre ni les installations nécessaires pour prélever des échantillons et confirmer les données qui y sont associées, lors de l’influx d’échantillons provenant de la saison de chasse.
Dans un deuxième temps, il n’existe pas de laboratoire agréé pour effectuer des tests diagnostiques de la maladie au Manitoba. Les échantillons sont donc envoyés dans divers laboratoires ailleurs au pays.
Il y a le laboratoire d’Ottawa (Fallowfield), de l’Agence canadienne d'inspection des aliments, ainsi que plusieurs laboratoires publics et privés au Canada qui sont agréés pour effectuer la procédure de test d’encéphalopathies spongiformes transmissibles requise pour détecter la maladie débilitante chronique des cervidés
, ajoute le porte-parole de la province.
Il précise que le Manitoba travaille avec tous les laboratoires agréés disponibles
.
Enfin, la province continuera de faire évoluer ses mesures de surveillance de la maladie débilitante chronique des cervidés. Le budget de 2023 prévoit 880 000 $ supplémentaires pour améliorer la capacité de la province à surveiller la progression de la maladie.