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Résidences pour aînés : ces chutes tant redoutées qui mènent à la tombe

Une résidente aînée lors de sa chute.

Une caméra de vidéosurveillance a capté la chute d'une dame âgée de 95 ans dans sa RPA, mi-janvier, pendant son déplacement en marchette.

Photo : Nicole Di Meo

Radio-Canada

Au moins 375 aînés sont décédés des suites d’une chute en 2020-2021 dans un contexte de prestation de soins, selon un rapport du Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Au Québec, les chutes représentent la première cause de décès accidentels (68,36 % des cas déclarés), bien loin devant les erreurs de médication (2,18 %).

Derrière ces chiffres, les récits intimes racontent la peur des résidents et de leur famille. Une chute peut rapidement modifier la trajectoire d’une vie, rappelle tristement Nicole Di Meo, dont la mère âgée de 95 ans a perdu toute son autonomie après être tombée en janvier dans sa RPA à la suite d'une erreur professionnelle.

Lors d’un déplacement, la préposée aux bénéficiaires qui l'accompagnait a employé une technique inadéquate et n’a pas su lui éviter la chute. Une caméra de vidéosurveillance a capté la scène où l’aînée s’effondre à côté de sa marchette, alors qu'elle se déplaçait pour aller souper.

Une fracture au fémur la conduit à l’hôpital où elle est opérée, mais son état de santé ne s’améliore pas. Au contraire, il va de mal en pis depuis l’accident, se désole sa fille.

Marcelle dans un lit médicalisé, à côté de sa fille qui lui caresse les cheveux.

Placée en CHSLD après son opération, Marcelle ne marche plus et ne parle presque plus, s'indigne sa fille.

Photo : Radio-Canada

Ça me fait vivre beaucoup d’émotions parce que je sais que si la bonne technique avait été employée, ma mère serait encore en train de marcher, partage Mme Di Meo, des trémolos dans la voix. Elle serait en train de vivre une meilleure fin de vie que ce qu’elle vit en ce moment.

« Une petite erreur comme ça, qui est petite mais en fin de compte énorme, a changé le cours de vie de ma mère en un instant. »

— Une citation de  Nicole Di Meo, fille d'une résidente victime d'une chute

L’'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) établit qu’annuellement plus de 15 000 patients âgés de 65 ans seront hospitalisés à cause d’une chute.

Pointe de l'iceberg

Les soignants ou accompagnateurs devraient être à côté d’un bénéficiaire et placer une main doucement, dans le bas du dos, commente Caroline Arbour, professeure agrégée en science infirmière à l’Université de Montréal.

La résidence pour aînés Lilo à L'Île-Perrot, où l'accident s’est déroulé, a congédié la préposée visée arguant qu’en dépit de toute notre bonne volonté et de notre formation rigoureuse, [elle] n’a pas respecté l’esprit et la lettre des normes de qualité en vigueur au Groupe Maurice.

Si cette faute professionnelle a été confirmée par caméra et relayée médiatiquement, bien d'autres passent sous les radars. Les cas où l’accident n’entraîne pas de conséquences pour l’usager (dits de gravité C ou D) n’ont pas à être rapportés obligatoirement, précise le MSSS.

Selon les données officielles, le réseau public de la santé québécois a recensé 182 377 chutes et quasi-chutes dans un contexte de prestation de soins pour aînés en 2020-2021.

La sous-divulgation est encore une réalité qui est bien présente dans le système de santé [...]. Ce qu’on voit, c’est probablement la pointe de l’iceberg, pressent l'avocat Patrick Martin-Ménard, spécialisé en droit de la santé.

Les deux situations les plus couramment signalées pour les chutes sont les suivantes : le résident a été trouvé par terre (42,20 % des cas), ou encore la chute s’est produite alors que l’usager circulait dans l’établissement (23,80 %).

Il s’agit d’un pourcentage qui est stable avec les données des dernières années, mais dont la tendance à la hausse est à surveiller, prévient le rapport ministériel.

Quelles solutions gouvernementales?

Face au vieillissement croissant de la population, le sujet relève d’un problème de santé publique. Selon les données publiées par l’INSPQ, les chutes sont responsables de 21 644 décès survenus au Québec entre 2000 et 2019, ce qui correspond en moyenne à 1082 décès par année.

Les aînés âgés de 65 ans et plus représentent 91,9 % de ces morts.

L’INSPQ évalue aussi que parmi le million de personnes aînées âgées de 65 ans et plus vivant encore à domicile, le tiers fera une chute au cours de l’année.

Au Québec, des orientations ministérielles ont été adoptées en 2004 et mises à jour en 2016, soit bien avant la pandémie et le scandale des CHSLD.

Dans ses plus récents commentaires sur le sujet, l'INSPQ rappelait que les chutes sont un prédicteur de perte d’autonomie.

Il faut donc s’y attaquer puisqu’elles sont évitables grâce à des interventions qui ont démontré leur efficacité, recommandait l'organisme public, dans une déclaration mise à jour sur son site en 2022.

D'après les informations de Jean-Philippe Hughes

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