Paul St-Pierre Plamondon obtient la faveur de 98,51 % des militants du PQ
Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. (Photo d'archives)
Photo : The Canadian Press / Paul Chiasson
Le chef du Parti québécois (PQ) a obtenu la faveur de 98,51 % des militants de sa formation politique, réunis en congrès national à Sherbrooke samedi. Il s'agit d'un record pour un chef du PQ.
Pauline Marois détenait le record précédent avec un résultat de 93,08 % en 2011.
C’est une période exaltante pour militer au Parti québécois
, a déclaré Paul St-Pierre Plamondon au micro après le dévoilement des résultats.

Un premier vote de confiance remporté haut la main pour Paul St-Pierre Plamondon. Le chef péquiste a obtenu l’appui de 98,5 % des délégués, un record absolu pour un chef au terme de leur congrès national à Sherbrooke. Ses troupes lui restent donc fidèles 5 mois après les avoir menées à la pire défaite électorale du parti. C'est une victoire éclatante dans un parti qui a la réputation d'être très dur envers ses chefs. Un reportage de Alexandre Duval.
« C’est une période exaltante pour travailler à réaliser notre objectif principal, celui de faire du Québec un pays normal qui rayonne partout dans le monde. »
Je veux vous remercier, vous, chers militants et militantes, de m'avoir accordé un appui aussi élevé
, a-t-il ajouté, ému. C’est non seulement significatif, mais c’est un geste qui va droit au cœur à la lumière de ce qu’on a vécu côte à côte dans les derniers mois, c'est-à-dire des montagnes russes.
C’est la première fois depuis 2017 qu’un chef du Parti québécois est soumis à un vote de confiance. Jean-François Lisée avait alors été reconduit avec une forte majorité (92,8 %). Il avait ensuite été défait dans la circonscription de Rosemont lors des élections provinciales de 2018.
Le contexte est différent pour Paul St-Pierre Plamondon, qui a été nommé chef du PQle parti a obtenu le pire résultat de son histoire lors des dernières élections en n’obtenant que trois sièges à l’Assemblée nationale avec près de 15 % du vote populaire, son chef continue de gagner des points dans la population.
pendant la pandémie et qui vient de réussir son premier test électoral. Même siC’est d'ailleurs ce qu'a laissé entendre un récent sondage Léger, qui donnait 18 % d'appuis au PQ
. Dans un scénario électoral, cette formation se situerait au deuxième rang dans les intentions de vote. Le président du parti, Jocelyn Caron, s'est d'ailleurs réjoui de ce coup de sonde devant les quelque 500 militants présents lors de l'ouverture du congrès.Il a même affirmé haut et fort son ambitieux objectif en vue des prochaines élections :
« On a de l'argent, nos intentions de vote progressent, on a le meilleur chef, l'indépendance avance, on a le vent dans le dos. Notre mission : être prêts à gouverner en 2026. »
Le PQ présente son grand chantier
pour l’indépendance
Paul St-Pierre Plamondon a profité de l’ouverture du congrès national de sa formation politique, samedi à Sherbrooke, pour annoncer un plan en quatre étapes destiné à convaincre la population d’appuyer le projet de la souveraineté du Québec.
La première étape consiste dans le dépôt du nouveau budget pour l'an 1 d'un Québec indépendant, en juin. Ce document détaillera ce à quoi ressembleront les finances publiques dans un Québec souverain. M. St-Pierre Plamondon avait repoussé la publication de ce budget en raison de certaines considérations de nature économique.
Quand on a réalisé l’ampleur du déséquilibre généré par la [Prestation canadienne d'urgence] et l’inflation sur la projection des finances publiques […], il a fallu attendre pour présenter un document représentatif de la réalité
, a expliqué le chef péquiste.
En deuxième lieu, au printemps 2024, le Parti québécois compte présenter un nouveau plan pour l’immigration en réponse à celui établi par le gouvernement fédéral. M. St-Pierre Plamondon juge cet exercice nécessaire pour préserver le poids politique du Québec à l’intérieur de la fédération canadienne et pour protéger la langue française.
« On veut pouvoir mettre de l’avant un autre modèle en fonction de la langue française et de la sensibilité des Québécois d’accueillir convenablement chaque personne, un modèle établi en fonction de la spécificité du Québec, dans tous ses aspects. »
La troisième étape de la démarche péquiste est la publication d’un livre bleu, au début de l’année 2025, qui expliquera concrètement ce que sera le Québec indépendant.
C’est essentiellement un exercice de questions-réponses sur ce qui est fondamental et essentiel [de savoir], pour répondre aux questions légitimes et pratiques de la population quant au projet de l’indépendance du Québec, a dit M. St-Pierre Plamondon. Ce sera un document accessible avec des réponses attrayantes et le plus claires possible.
Enfin, en 2026, le Parti québécois souhaite présenter une définition de la citoyenneté dans un Québec indépendant. Celle-ci sera établie selon une vision inclusive et rassembleuse
qui s’éloigne des visions communautaristes
qui suscitent des divisions.
On veut que le Québec devienne un pays, alors évidemment qu’on va avoir des documents qui vont répondre aux questions des gens, que les aspects financiers auront été [étudiés] avec rigueur et qu’on va se pencher sur la citoyenneté dans un Québec indépendant. Nous livrerons du travail de qualité
, a assuré M. St-Pierre Plamondon.
Ragaillardi par un récent sondage qui créditait la souveraineté à 38 % d'appuis, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon y est allé d'une prédiction.
Je peux même affirmer en toute confiance qu'il y a plus de chances que l'indépendance se réalise que de chances que le Québec obtienne des pouvoirs significatifs à Ottawa
, a-t-il lancé dans son discours de clôture, en attaquant ainsi la stratégie caquiste de tenter d'obtenir des gains du fédéral.
Selon lui, les 21 demandes caquistes se soldent par un échec patent
.
La place du Québec à Ottawa
En visite au congrès pour appuyer les péquistes, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a avalisé en quelque sorte la démarche de M. St-Pierre Plamondon.
La question que les Québécois devront se poser, et peut-être même à la CAQ , car je ne suis pas un adversaire de la CAQ : est-ce que le nationalisme suffira à la pérennité de la nation québécoise?
a-t-il dit en mêlée de presse.
Il a toutefois rappelé aux péquistes qu'il reste du travail à faire.
« Est-ce que le Parti québécois doit se demander comment faire pour passer de trois sièges à soixante-seize sièges en 2026? Bien sûr. Et je suis profondément convaincu qu'ils le font et qu'ils le font activement. »
M. Caron a rappelé les années de disette traversées par les troupes de René Lévesque avant son triomphe aux élections de 1976. En 1976 [à la dissolution de la Chambre], on avait six députés et on est passé au pouvoir [aux élections de novembre]
, a-t-il clamé devant les militants galvanisés.
Comme au football
M. Blanchet a eu recours à une métaphore pour faire un clin d'œil à l'achat vendredi par le magnat Pierre-Karl Péladeau des Alouettes, l'équipe de la Ligue canadienne de football de Montréal.
Il a ainsi évoqué qu'il faudrait quatre quarts pour réaliser la souveraineté
avec les porteurs de ballon
de l'équipe du pays Québec
.
Il n'a pas voulu préciser toutefois à quel quart le Québec était maintenant rendu.
Confiant, M. St-Pierre Plamondon a pour sa part lancé dans son discours de clôture du congrès: On veut un pays et on va l'avoir! Vive le Québec libre!
Avec les informations d'Alexandre Duval et de La Presse canadienne