Passer du cauchemar au rêve : l’ascension fulgurante de Félix Roussel
La force mentale de Félix Roussel, patineur de vitesse courte piste originaire de Sherbrooke, ne cesse d'épater. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
Il y a un an, il pensait tout arrêter, avait tout perdu. Il y a un mois, il remportait sa première médaille individuelle en coupe du monde. La force mentale de Félix Roussel, patineur de vitesse courte piste originaire de Sherbrooke, ne cesse d'épater. Il a offert à Radio-Canada un accès privilégié à son quotidien quelques jours avant de s'envoler pour Séoul, où il participe aux Championnats mondiaux de courte piste.
Chausser ses patins chaque jour dans le vestiaire d'Équipe Canada, c'est un petit geste qui a une grande signification pour Félix Roussel. Il a profité de chaque moment de sa toute première saison au sein de l'équipe nationale de patinage de vitesse courte piste.
J'adore m'entraîner ici. Je pense que ce qui est important, c'est d'avoir du plaisir en patinant. On s'entraîne tellement fort que ça serait comme de la souffrance inutile de pas aimer se lever le matin pour aller patiner
, confie-t-il.
Si sa saison actuelle relève du rêve
, tout n'a pas toujours été si rose dans la carrière de Félix Roussel. L'athlète de 21 ans aurait bien pu ne jamais rejoindre les rangs de l'équipe canadienne. Il y a un an, son destin a failli basculer lorsqu'il a subi une blessure à un moment crucial.
En mars 2022, j'ai été victime d'une commotion cérébrale à la dernière compétition de l'année, qui décidait tout pour la saison suivante. Je me retrouvais sans équipe, je n'étais classé nulle part.
« À ce moment, j'ai vraiment pensé à arrêter le patin. Je n'avais juste plus de groupe d'entraînement. »
C'est en étant invité comme partenaire d'entraînement de l'athlète sherbrookoise Kim Boutin et des autres patineuses de l'équipe nationale féminine que Félix a finalement pu montrer ce qu'il avait dans le ventre.
C'était vraiment une belle note de confiance des entraîneurs, parce que ça, c'était vraiment discrétionnaire. J'hésitais à arrêter, mais je savais que j'avais encore les jambes pour continuer. J'ai donc juste saisi la chance qu'on m'a offerte et je me suis entraîné fort avec les filles. Ça a fonctionné.
« Dans ce temps-là, c'était encore un rêve, mais je me suis dit : "Je vais me classer pour les coupes du monde". »
Quelques mois plus tard, Félix a réussi son pari, et a même réalisé l'impossible. De retour parmi l'élite, il a remporté sa première médaille en coupe du monde, se couvrant de bronze à l'étape de Dresde, en Allemagne.
Je ne pouvais même pas imaginer que j'allais gagner une médaille à ma première année. Je suis tellement parti de loin dans les premières coupes du monde. J'avais des performances individuelles assez moyennes, j'essayais juste de prendre de l'expérience. Plus les coupes du monde avançaient, plus je faisais des tops 10, des finales A. Chaque coupe du monde était de mieux en mieux
, se remémore-t-il.
« Après coup, c'était tellement de fierté de m'être rendu là. »
Solidarité sherbrookoise
Avec Kim Boutin et Jordan Pierre-Gilles, ce sont maintenant trois athlètes sherbrookois qui font partie de l'équipe nationale.
Jordan et Kim, qui sont plus expérimentés, ont accueilli Félix à bras ouverts au sein de leur équipe. L'accueil s'est fait vraiment naturellement, il est entré dans l'équipe super facilement. C'est un gars détendu, à l'écoute et mature
, constate Jordan Pierre-Gilles.
C'est impressionnant d'arriver à Montréal, puis d'être confronté à la vie d'adulte, mais dans notre sport amateur. C'est le fun qu'il y ait d'autres gens de notre région ici, qui partagent nos valeurs
, ajoute Kim Boutin.
Après avoir parcouru tant de chemin dans la dernière année, Félix ne peut s'empêcher d'être reconnaissant envers Kim et Jordan, qui lui ont non seulement ouvert la voie, mais qui l'ont aussi encouragé à persévérer.
Ce sont vraiment des mentors pour moi, toujours présents. Jordan, on compétitionne l'un contre l'autre, mais je n'ai jamais l'impression que l'on est en compétition directe. On s'entraide toujours. Si tu veux être bon en patinage de vitesse, ça prend de bons coéquipiers. Honnêtement, ce sont les deux personnes qui sont les plus heureuses quand je performe
, confie le patineur.
Avant l'arrivée de Félix, Jordan avait lui aussi bénéficié d'un chaleureux accueil de la part de Kim Boutin. Si les conseils de la championne ont été les bienvenus sur la glace, son aide à l'extérieur des murs de l'aréna a aussi été précieuse.
Elle m'avait logé quand je suis venu à Montréal. Des fois, c'était compliqué de louer un appartement en ne sachant pas si je voulais vraiment m'entraîner là-bas à temps plein
, témoigne Jordan aux côtés de Kim, qui éclate de rire en se remémorant cette époque de leur vie.
Ce rôle de mentore, Kim le joue aussi auprès d'Ann-Sophie Bachand, une Sherbrookoise de 18 ans qui patine actuellement dans l'équipe Next Gen. Cette dernière espère devenir la quatrième Sherbrookoise dans l'équipe nationale au cours des prochaines saisons.
C'est sûr qu'elle me montre le chemin, je dirais. Ce sont de beaux exemples pour moi. Kim a l'expérience que je n'ai pas, donc quand c'est elle qui me donne des conseils, je les prends au sérieux. Je l'écoute
, s'exclame la jeune patineuse à la carrière prometteuse.
Comme athlète, quand j'étais jeune, j'étais hyper stressée. Ça fait en sorte, on dirait, que j'ai cette conscience-là de penser qu'un petit message peut changer un état d'esprit ou simplement calmer une personne
, répond Kim.
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Félix Roussel est convaincu que le Club de patinage de vitesse de Sherbrooke a eu un grand rôle à jouer dans sa progression et celle de ses coéquipiers.
« La passion pour le patin est dans l'eau [à Sherbrooke]. Quand on arrive ici, on est ceux qui ont le plus de plaisir sur la glace, puis on vient tous se donner en souriant. Je pense que c'est vraiment ça qui fait la différence. »
Son rêve de participer un jour aux Jeux olympiques est maintenant plus accessible que jamais.
Ça reste encore un rêve, mais j'accepte que je puisse regarder dans cette direction-là. Je peux y croire, mais je me donne encore un peu de temps pour m'améliorer. En ce moment, j'ai tellement de choses que je veux travailler pour l'an prochain
, fait-il remarquer.
Ce week-end, Félix, Kim, Jordan et Ann-Sophie comptent continuer de faire rayonner Sherbrooke sur les scènes nationale et internationale. Pendant que les trois membres de l'équipe nationale tentent de ramener des médailles au bercail dans le cadre des Championnats du monde, à Séoul, Ann-Sophie prend part à la Coupe Canada finale. Elle espère gagner sa place dans l'équipe canadienne, et ainsi rejoindre ses acolytes.