Fumier humain : la Commission des eaux usées de Moncton envisage des tests

Les boues d'épuration municipales proviennent du traitement des eaux usées.
Photo : Getty Images / Toa55
La Commission des eaux usées du Grand Moncton, TransAqua, envisage de mener des tests pour déterminer la concentration de contaminants éternels dans le compost qu'elle produit à partir d’excréments humains. L'annonce d'importations plus importantes de cette matière au Nouveau-Brunswick en provenance du Maine a poussé la commission à prendre cette décision.
Jusqu'à maintenant, on n'a pas eu à le faire. La réglementation n'exige pas ce genre de tests, mais depuis que l'enjeu a fait surface, on a entamé des démarches
, a expliqué vendredi le président de TransAqua, Michel Desjardins.
Il précise cependant que cet enjeu n’est pas sur le radar des instances gouvernementales, et qu’il n’y a pas en ce moment de lignes directrices
sur cette question spécifique.
Quel est le problème avec les boues d’épuration?
Lorsqu’on fait le traitement des eaux usées, ce qu’on appelle des boues d’épuration sont produites : ce sont des déchets solides, composés des matières fécales humaines qui se retrouvent dans les toilettes. Parfois désignées par le terme biosolides
, ces matières peuvent être enterrées, brûlées, ou encore épandues dans les champs, comme on le fait avec du fumier animal.
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Par mesure préventive, l'État du Maine aux États-Unis a récemment interdit l'épandage des boues d’épuration municipales sur ses terres agricoles, parce qu’elles contiennent des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (PFAS ou SPFA), aussi appelées contaminants éternels.
Une quantité de biosolides du Maine sont importés, avec l'accord du Nouveau-Brunswick, par l'entreprise néo-brunswickoise Envirem Organics. Elle utilise les biosolides américains pour produire du compost pour les pelouses et les jardins. Elle assure cependant qu’ils ne sont pas épandus dans des champs agricoles.
Des contaminants qui ne sont pas sur le radar
Au Nouveau-Brunswick, il n’est pas permis d’épandre des biosolides qui viennent des usines d’épuration des eaux, a affirmé le président de TransAqua, Michel Desjardins.

Michel Desjardins, président de TransAqua, la Commission des eaux usées du Grand Moncton, en entrevue vendredi.
Photo : Radio-Canada / Frédéric Cammarano
C'est pour ça que nous, depuis 2005 à TransAqua, on produit du compost à 100 % des biosolides issus de l'usine de traitement des eaux usées et convertis en compost, juste du Grand Moncton
, a-t-il indiqué vendredi matin à l’émission La matinale.
TransAqua a été constitué pour traiter les eaux usées des citoyens du Grand Moncton seulement. Nous, on n'importe pas de biosolides de nulle part
, précise-t-il. La commission n’a d’ailleurs pas de permis pour en importer.
Michel Desjardins estime qu’environ 18 000 tonnes de biosolides sont converties en compost annuellement, plus que jamais depuis la mise à niveau de l’usine d’épuration. Depuis deux ans, on traite les eaux usées avec des micro-organismes au lieu de produits chimiques, essentiellement. Ç'a augmenté la performance de l'usine. Il y a moins de déchets humains qui sont déversés dans la rivière.
Il y a une réglementation très rigoureuse en place qui nous force à tester le compost pour des pathogènes, des bactéries, toutes sortes de produits chimiques, et nous on se conforme parfaitement à tous ces règlements. C'est ce qui nous permet d'affirmer que notre compost est de première qualité
, dit-il.

Les installations de traitement des eaux usées de TransAqua, à Riverview, au Nouveau-Brunswick. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Shane Fowler
Par contre, les PFAS, que M. Desjardins qualifie de préoccupation émergente
, n’étaient pas sur le radar des instances gouvernementales. Les réglementations n’obligent pas la Commission des eaux usées à faire des tests pour les détecter.
Il convient qu’il y a là une absence de consignes claires.
Depuis que cette histoire a fait surface, c’est qu'on va être certainement proactifs
, a-t-il déclaré. Ceci dit, même si on testait [pour les PFAS], on ne pourrait pas savoir quels seraient les niveaux considérés comme acceptables.
S'il y en a, quelle serait la concentration et quels seraient les niveaux acceptables?
, demande-t-il. Les gouvernements et les autorités de réglementation ne nous ont pas donné de lignes directrices.
Avec les renseignements de Steve Legault et de Frédéric Cammarano