Un cours de burlesque pour lutter contre les préjugés et la discrimination liés au poids
L’objectif est d’aider les danseuses à célébrer leur corps, à accroître la diversité corporelle et l’inclusion sur scène et à apprendre à gérer la stigmatisation et les stéréotypes.

Un cabaret de Calgary lutte contre les stéréotypes corporels dans le but d’attirer des danseuses plus diversifiées vers le burlesque.
Photo : Radio-Canada / James Young
Dans un studio du nord-est de Calgary, six femmes corpulentes sont assises en cercle sur des tapis de yoga, écoutant une artiste burlesque ayant 15 années d'expérience à son actif. Jeanine Petit, connue sous son nom de scène Manhattan Wilde, a été invitée par la maison de production Cabaret Calgary pour aider les danseuses corpulentes à accepter et célébrer leur corps.
Le cours s’intitule « Unapologetic: A Bigger Body’s Guide to Taking Up Space in Burlesque » (sans remords : un guide pour personnes corpulentes afin de prendre sa place dans le burlesque). Jeanine Petit mise sur une méthodologie participative et procède de manière interactive avec ses apprenantes.
Je ne me suis jamais détestée, je veux dire que je n’ai pas vu mes rondeurs comme un problème jusqu’à ce que j’atteigne un certain âge
, raconte-t-elle à ses étudiantes. Et puis il y a cette première fois où quelqu’un vous regarde et dit : "Tu es grosse". Vous souvenez-vous?
, poursuit-elle.
Les étudiantes acquiescent. Chacune à leur tour, elles parlent de leurs propres expériences, allant des stéréotypes à l’intimidation en passant par la discrimination en raison de leur corps.
« [Il y a] beaucoup de pouvoir dans ces mots : "tu es grosse". Je veux aider à enlever une partie de ce pouvoir. C’est juste une description. C’est tout ce que c’est. »
En classe, Jeanine Petit demande aux femmes de se tenir debout contre le mur du studio, face à un long panneau de miroirs. Elle leur demande d’aller de l’avant, de se regarder dans les yeux, d’exprimer leur colère, leur bonheur, puis leur amour. Prenez de la place
, leur crie-t-elle. Assumez-la!
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À chaque pas, Jeanine commente le changement de confiance qu’elle constate. Les femmes sourient, rient et s’encouragent. Emma Hricziscse, une participante, fait savoir que le burlesque est un exutoire qui permet aux gens de se sentir à l’aise et de s’exprimer.
« Je suis tellement passionnée par le partage de l’espace avec d’autres humains [et la] remise en question des idées que nous pensions appartenir à la scène. »
Promouvoir l’inclusion
C’est la première fois que Jeanine Petit dirige la classe de cette session d’hiver du Cabaret Calgary. L’objectif est d’aider les danseuses à célébrer leur corps, à accroître la diversité corporelle et l’inclusion sur scène et à apprendre à gérer la stigmatisation et les stéréotypes.
« Qu’il s’agisse des personnes corpulentes, avec un handicap, ou même de personnes de couleur, je veux que cette classe encourage les gens à se présenter comme ils sont, exactement comme ils sont, et à avoir confiance en cela. »
La fondatrice de Cabaret Calgary, Kayla Bigras, fait savoir que ce type de cours manque dans la communauté burlesque. Elle espère ainsi lutter contre les stéréotypes corporels dans le but d’attirer des danseuses plus diversifiées vers le burlesque.
Notre entreprise essaie de faire en sorte que tout le monde se sente la bienvenue. Donc, nous cherchons toujours qui n’est pas à la table et comment nous pouvons l’y amener
, souligne Kayla Bigras.
La création de ces espaces inclusifs est un pas en avant, déclare Shelly Russell-Mayhew, directrice du Body Image Research Lab de l’Université de Calgary. Elle souligne que les préjugés et la discrimination liés au poids sont encore courants.
Je pense qu’il y a peut-être plus de réceptivité à cette notion selon laquelle tout le monde mérite la santé et le bonheur dans tous les statuts de poids. En même temps, ce qui est également vrai, c’est que les expériences de stigmatisation du poids sont encore très répandues et intégrées dans le système
, précise-t-elle.
Il y a aussi un biais de poids intériorisé, dit Shelly Russell-Mayhew, qui se produit lorsque les personnes vivant dans des corps plus grands croient qu’elles méritent d’être stigmatisées ou se sentent inférieures. C’est dévastateur, dit-elle, de vivre dans un monde où votre corps est considéré comme inacceptable.
Avec les informations de James Young et Taylor Simmons